Ces constructeurs allemands qui misent sur la voiture hydrogène

Jean-Luc PONCIN
27.09.2021 à 14:39

Les constructeurs automobiles allemands misent massivement sur les voitures électriques à batteries rechargeables. Néanmoins, certains d’entre eux, notamment BMW et Audi, pensent que l’hydrogène reste une véritable alternative, compte-tenu du prochain abandon des carburants fossiles, et poursuivent le développement de prototypes équipés de pile à combustible.
 
LMC, cabinet de conseil dans le secteur automobile, estime, qu'en 2030, les modèles à pile à hydrogène ne représenteront que 0,1 % des ventes en Europe, et que celles-ci ne décolleront qu'après 2035. Pour autant, parmi les géants allemands de l’automobile certaines misent sur l’hydrogène, considérant que les orientations politiques, notamment au niveau de l’Union européenne, pourraient réorienter un secteur majoritairement engagé sur les pas de Tesla et ses voitures à batteries rechargeables.
 
Parmi eux, BMW est le plus grand partisan de l'hydrogène et prévoit de commercialiser un modèle grand public vers 2030. Le fabricant munichois de voitures a mis au point un prototype de voiture à hydrogène basé sur son SUV X5. Jürgen Guldner, vice-président de BMW, a déclaré à Reuters que le constructeur automobile construirait une flotte d'essai de près de 100 voitures en 2022.
 

La technologie hydrogène reste chère

Moins engagé que BMW, Audi, la marque haut de gamme du groupe Volkswagen, a, de son coté, réuni une équipe de plus de 100 mécaniciens et ingénieurs pour effectuer des recherches sur les piles à hydrogène et tester quelques prototypes. Bien que son PDG, Herbert Diess, se soit montré cinglant à l'égard des voitures à hydrogène en affirmant dans un tweet que « la voiture à hydrogène a prouvé qu'elle n'était pas la solution au changement climatique ». Chez Daimler, qui a annoncé la fin de la production du Mercedes-Benz GLC F-CELL, un SUV à pile à hydrogène, les choix sont encore plus clairs. Le groupe reste toutefois très impliqué dans le domaine du poids lourd où il s'est associé avec Volvo pour lancer une co-entreprise dédiée.
 
Alors que l’Allemagne mise déjà des milliards sur l'hydrogène dans des secteurs comme l'acier et les produits chimiques pour atteindre ses objectifs climatiques, on pourrait s’étonner finalement du manque d’ambition des constructeurs d’Outre-Rhin autour de l’hydrogène. Principal frein, le fait que la technologie des piles à combustible - où l'hydrogène passe à travers un catalyseur pour produire de l'électricité - est pour l'instant trop onéreuse pour les voitures grand public. Les piles sont complexes et contiennent des matériaux coûteux. Et bien que le ravitaillement soit plus rapide que la recharge des batteries, les infrastructures sont plus rares.
 

Les japonais et sud-coréens à fond sur l’hydrogène

Pourtant, depuis des années, les constructeurs automobiles japonais Toyota, Nissan  et Honda, ainsi que le sud-coréen Hyundai, développent et à commercialisent largement les voitures à pile à combustible. De plus, les plus grands constructeurs de camions du monde, tels que Daimler Truck, Volvo Trucks et Hyundai pensent que pour les poids-lourds l’hydrogène est la seule alternative, car les batteries rechargeables sont trop lourdes pour les véhicules commerciaux longue distance.
 
De son coté, Stéphane Herbst (manager général de Toyota Europe), membre de Hydrogen Council, estime que l'hydrogène alimentera plus de 400 millions de voitures d'ici 2050. Si l’on ajoute à cela la multiplication des initiatives dans le domaine de l’Union Européenne et de l’Allemagne ; on se demande quels signes supplémentaires attendent les majors de l’automobile allemande pour s’engager fermement sur le chemin de la voiture à pile à combustible.
 
Source : Reuters