Comment l'EcoGreen Gas fait avancer la mobilité hydrogène

Philippe SCHWOERER
24.05.2022 à 14:00

A la suite de la disparition du challenge Educ Eco, l’association La Jol’toujours a lancé la première édition de son EcoGreen Gas à 30 km au nord de Nantes (44). L’événement a permis ces 18 et 19 mai 2022 de battre des records de sobriété avec des engins légers alimentés au biométhane ou à l’hydrogène. La molécule H2 avait reçu la préférence de 4 des 12 équipages inscrits.
 
Ancien enseignant, aujourd’hui vice-président de La Jol’toujours et manager du challenge EcoGreen Gas, Philippe Maindru a accompagné ses élèves pendant plus de 30 ans au Shell Eco-Marathon. Lorsque cet événement a quitté la France pour l’Allemagne, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne, une association s’est créée pour prolonger sous le nom « Educ Eco » l’esprit de ce défi dans l’Hexagone. La Covid-19 a emporté cette initiative. Pas question de laisser perdre autant d’années d’acquis développés en particulier dans les établissements d’enseignements techniques des 4 coins de France et d’ailleurs. Autre acteur très motivé pour faire durer l’aventure : Patrice Merhand, président de La Jol’toujours. Les 2 dynamiques dirigeants ont tenu à ajouter au challenge un forum composé de tables rondes et ateliers. 
 

Le challenge connecté au forum

Seulement quelques kilomètres séparent le circuit automobile de Fay-de-Bretagne du domaine de Land Rohan situé à Vigneux-de-Bretagne. Ce dernier a reçu le matin des 18 et 19 mai les professionnels inscrits au forum. Après le déjeuner, les engins des catégories Prototype et Urban Concept ont goûté l’asphalte chaud. Le tout avec une connexion qui est devenue évidente.

A travers les records de sobriété, Patrice Merhand et Philippe Maindru font l’éloge de la légèreté de plus en plus mise à mal sur nos voitures de tous les jours avec la généralisation des SUV. Le matin même, Nicolas Meilhan, conseiller scientifique et spécialiste des questions de mobilité et de transition énergétique, en faisait de même en mettant face à face le PodRide et la Tesla Model S pesant respectivement 70 kg et plus de 2 tonnes. Les voitures engagées par 4 établissements d’enseignement fonctionnent avec de l’hydrogène vert en provenance de l’électrolyseur Lhyfe de Bouin ? La startup nantaise était représentée à une table ronde par son DG délégué Antoine Hamon et à l’atelier « Du puits à la roue pour l’hydrogène vert » par Maud Augeai.


 

Idra venu d’Italie (n° 1)

Parmi les 4 équipes inscrites au challenge EcoGreen Gas, 2 avaient franchi les frontières pour rejoindre le circuit de Fay-de-Bretagne. Portant le numéro 1, Idra, de la team italienne H2politO (vous voyez bien le H2O ?), représentait l’école polytechnique de Turin. A l’entrée de leur stand, les étudiants avaient clairement affiché les caractéristiques de leur engin.

Bénéficiant d’un Cx de 0,088, une coque en fibre de carbone de 3,341 x 0,807 m pour une hauteur de 0,561 m, abrite une pile à combustible PEM 0,7 kW. Elle reçoit l’hydrogène d’un réservoir de 0,4 l sous 200 bars, et transmet l’énergie à un moteur électrique d’une puissance de 0,2 kW. L’ensemble pèse 39 kg et peut atteindre les 30 km/h. L’école polytechnique de Turin travaille depuis 15 ans sur des prototypes H2. Doté d’une autonomie de 60 km, Idra avait déjà parcouru de l’ordre de 1 500 km en 2019 avec 1 kg d’hydrogène, soit, très précisément 3 445 km en transformant cette performance avec l’énergie contenue dans un litre de SP95. 


 

Hydro Motive 12 amené des Pays-Bas (n° 2)

Avec davantage de volume, 4 roues, des portes qui s’ouvrent, des phares, clignotants et un essuie-glace, les engins de la catégorie Urban Concept sont plus proches des voitures que l’on pourrait rencontrer dans les rues des villes. C’est le cas de l’Hydro Motive 12, numérotée 2, et pilotée par une jeune femme sur le circuit de Fay-de-Bretagne.

Opérationnel depuis 2014, le véhicule dispose d’une autonomie d’une quarantaine de kilomètres. Il a été conçu par les étudiants de l’université néerlandaise des sciences appliquées HAN de Arnhem (Gueldre). Un nouveau châssis en aluminium, pesant 16 kg, a été greffé sur l’architecture originale. Il reçoit un moteur développant une puissance de l’ordre du kilowatt et un réservoir qui conserve, lui aussi, l’hydrogène à une pression de 200 bars. Avant de s’engager sur le circuit de Fay-de-Bretagne, sa meilleure performance, également décrochée en 2019, était de 692 km pour 1 litre d’équivalent SP95.

 

Cityjoule 2 (n° 9)

Classée elle aussi en Urban Concept où elle détient de record du monde avec 1 450 km pour 1 litre d’équivalent SP95, la Cityjoule 2 était présentée par l’association Polyjoule du Polytech Nantes. Cette structure rassemble des étudiants provenant de 2 filières complémentaires qui se mobilisent autour d’un même projet : l’école d’ingénieurs Polytech Nantes, et une section BTS Moteur à combustion interne du lycée La Joliverie (Saint-Sébastien-sur-Loire).

Construit en 2013, l’engin de 80 kg a remporté 3 Shell Eco-Marathon sur 6 participations. Avec une empreinte au sol de 3,2 x 1,21 m, pour une hauteur de 1,01 m et un Cx de 0,11, Cityjoule a reçu à sa création 2 moteurs de 0,2 kW alimentés par autant de pile hydrogène 0,6 kW. Cinq ans plus tard, elle est devenue Cityjoule 2 en recevant une nouvelle dotation en châssis renforcé, suspension optimisée, freins, électronique de puissance, et PAC H2. La jeune équipe présente au stand n’avait jamais connu la piste. Elle était confrontée ces 18-19 mai 2022 à un problème électronique qui n’a pas permis d’ajouter une nouvelle performance au palmarès de la Cityjoule 2.


 

Polyjoule 2 (n° 12)

Comme son nom l’indique, l’association Polyjoule est également derrière le véhicule éponyme construit en 2010. Fonctionnant lui aussi avec une pile à combustible, il détient depuis 2014 le record de sobriété pour un engin de la catégorie Prototype alimenté à l’hydrogène : 6 329 km pour l’équivalent d’un litre de SP95. Dans sa configuration d’origine, cette voiture de 43 kg embarquait un moteur 0,3 kW en liaison avec une PAC 0,5 kW. 


 

Records battus

Les conditions météorologiques étaient idéales pour battre des records ces 18 et 19 mai 2022. Il revenait aussi aux pilotes et aux chefs d’équipe avec lesquels ils dialoguaient parfois de trouver les bons scénarios afin de consommer le moins d’hydrogène possible, tout en répondant aux exigences du règlement. En effectuant 9 tours du circuit de Fay-de-Bretagne, il fallait parcourir 17,478 km en moins de 42 minutes, afin de respecter une vitesse moyenne minimale de 25 km/h.

La pesée des réservoirs avant le départ et après l’arrivée a permis de déduire l’autonomie exprimée en kilométrage réalisable avec l’équivalent de l’énergie contenue dans un litre de SP95. Nouveau record pour Polyjoule 2 avec 7 209 km, soit 880 km de mieux, pour une progression de près de 14 %. L’équipe néerlandaise était également satisfaite d’avoir amélioré les chiffres de son Hydro Motive 12, en passant de 692 à 830 km. Ce n’est cependant pas suffisant pour ravir le titre d’engin le plus sobre dans la catégorie Urban Concept. Il reste entre les mains de la team Cityjoule 2, toujours loin devant avec ses 1 450 km. Rendez-vous l’année prochaine, les 24 et 25 mai 2023, pour la deuxième édition de l’EcoGreen Gas.