Hydrogène vert : cet arrêté jette un gros pavé dans la mare

Michaël TORREGROSSA
08.05.2024 à 09:07

En cours de préparation par le gouvernement, un nouvel arrêté assimilerait l’hydrogène bleu à de l’hydrogène bas-carbone. Redouté par certains acteurs, le texte reviendrait à "labelliser" cet hydrogène produit à partir d'énergie fossile. Surtout, il pourrait mettre un sérieux coup de freins aux projets d’hydrogène vert dans l’Hexagone.

Avis de tempête dans le secteur de l’hydrogène. Déjà largement débattues à l’échelle européenne, les différentes couleurs de l’hydrogène font également polémique dans l’Hexagone. Selon un article publié par Les Echos, le gouvernement a présenté ce mardi 7 mai au Conseil supérieur de l'énergie un nouvel arrêté proposant de distinguer hydrogène « renouvelable » et « bas-carbone » en fonction de différents seuils d’émissions.

Sans surprise, le texte du gouvernement reprend la définition adoptée par le Parlement européen en 2023, dans laquelle l’intégration de l’hydrogène nucléaire avait fait débats. Il va toutefois plus loin en proposant d’assimiler en « bas-carbone » l’hydrogène bleu, produit à partir de gaz avec captage du CO2. Une classification qui ouvrirait droit aux subventions gouvernementales.

Si le texte n’est pas encore adopté, il est particulièrement redouté par les producteurs d’hydrogène vert qui craignent un « détournement » des subventions par certains poids lourds de l’industrie comme Air Liquide et TotalEnergies. Surtout, l’hydrogène bleu reste beaucoup moins cher à produire que le vert.

"Il faut éviter de créer des débouchés pour les industries qui utilisent des énergies fossiles. On ne peut pas mettre sur un pied d'égalité l'hydrogène fait par électrolyse (avec celui produit à l'aide d'énegies fossiles ndlr) alors que l'enjeu est de se débarrasser des énergies fossiles" a averti Jules Nyssen, Président du Syndicat des énergies renouvelables, interrogé sur BFM TV.