Hydrogène : des électrolyseurs chinois de plus en plus performants

Philippe SCHWOERER
28.02.2023 à 18:00

Avec une consommation qui peut descendre jusque 4,0 kWh/Nm3, le fabricant chinois d’électrolyseurs Longi vient d’améliorer les performances de son précédent modèle ALK Hi1. De quoi obtenir de l’hydrogène vert à moindre coût, mieux qu’en cédant à un tarif préférentiel sur un appareil moins efficient.
 
Dans son communiqué de presse présentant son nouveau modèle d’électrolyseur ALK Hi1 Plus, Longi souligne que la consommation moyenne en courant continu à l’échelle mondiale pour obtenir de l’hydrogène par électrolyse tourne autour des 4,5-4,6 kWh par normo mètre cube.
 
A pleine charge, son actuel ALK Hi1 peut déjà se montrer plus efficace en affichant au minimum une valeur de 4,3 kWh/Nm3. Le nouvel appareil ALK Hi1 Plus peut faire mieux encore : 4,0 kWh/Nm3. Si cette valeur apparaît particulièrement basse, ce n’est pas pour autant un nouveau record que l’entreprise annonce pour un modèle opérationnel. En septembre 2019, France Hydrogène, alors connu sous l’acronyme Afhypac, indiquait une « consommation électrique des électrolyseurs industriels (auxiliaires compris) généralement de 4 à 5 kWh/Nm3 » dans la fiche 3.2.1 de son Mémento de l’hydrogène consacrée à la production par électrolyse de l’eau.



 

L’offre chinoise devient concurrentielle

Si les chiffres communiqués par Longi pour son nouvel électrolyseur sont excellents sans être exceptionnels, ils indiquent toutefois que l’offre chinoise tient aujourd’hui la route. Pour rappel, nous avions relayé en avril 2022 dans un même article les positions de l’organisme américain BloombergNEF et de la China Hydrogen Energy & Fuel Cells Industry Innovation Strategic Alliance. Cette dernière dénonçait des électrolyseurs chinois pas vraiment au niveau de la concurrence européenne, car conçus et produits dans l’urgence pour faire face aux besoins galopants en hydrogène vert pour le vaste pays. Ce retard était causé par un rendement moins bon en recourant à des matériaux de moins bonne qualité, comme du nickel poreux qui ne soutient pas la comparaison face à des alliages à haute performance. Les technologies de récupération de la chaleur et de gestion des flux gazeux apparaissaient également en retrait. C’est cette moindre qualité que dénonçait alors à son tour l’agence américaine, indiquant qu’en dépit de tarifs parfois beaucoup moins élevés, le meilleur rendement du matériel occidental ferait positivement la différence sur la durée.
 
Concrètement, si les performances annoncées par Longi se vérifient en exploitation, l’alliance chinoise et BloombergNEF devront prendre en compte les progrès réalisés en Chine en finalement assez peu de temps.



Mieux qu’un électrolyseur à bas coût

Pour rappel, 2 paramètres peuvent influer de façon bénéfique sur le prix de l’hydrogène vert : la baisse du prix du kilowattheure de l’énergie d’origine renouvelable en entrée de l’électrolyseur, et une plus grande efficacité des appareils. Avec les tensions que nous connaissons encore sur les tarifs des énergies, l’efficience apparaît donc comme une valeur sûre et durable pour maîtriser les coûts de production.

En descendant de 0,1 kWh/Nm3, la baisse de consommation d’électricité dans un électrolyseur permet d’espérer un gain de l’ordre de 2 % sur le coût complet de production de l’hydrogène (LCOH). Ce qui, selon Longi, sur la durée de vie de l’appareil, équivaut à une réduction de l’ordre de 10 à 25 % de l’investissement initial concernant l’équipement. Ce qui confirme que l’efficience est bien plus importante qu’un tarif moins élevé sur les électrolyseurs. D’autant plus qu’un modèle bas de gamme durera moins longtemps et imposera de le renouveler plus tôt ou d’effectuer des travaux importants.
 
En s’appuyant sur des projets en cours, le fabricant chinois annonce une baisse du LCOH de 2,7 % en utilisant son modèle actuel