Hydrogène : les électrolyseurs chinois moins performants que les modèles européens ?

Hydrogène : les électrolyseurs chinois moins performants que les modèles européens ?
En matière d’énergie, la Chine nourrit des ambitions très élevées. C’est aussi le cas pour l’hydrogène. Mais à ce jour, les électrolyseurs européens restent bien plus durables et moins coûteux à l’usage que ceux produits dans le vaste pays.
 
La Chine compte parmi les pays qui cherchent à développer la production d’hydrogène décarboné pour le stockage de l’électricité et divers besoins industriels dont ceux de la sidérurgie et du transport. Concernant ce dernier, il était déjà question en 2020 d’ouvrir dans les 10 ans un réseau d’un millier de sites capables d’avitailler un million de véhicules électriques à pile à combustible. Depuis, le pays se mobilise. Ainsi à Pékin où des bus, camions et engins de logistique fonctionnant avec cette molécule devraient être mis massivement en circulation à échéance 2025.
 
Dans la banlieue, à Daxing, la plus importante station hydrogène au monde a été ouverte à l’été 2021. Avec une capacité qui frise les 5 tonnes, elle a été conçue pour servir jusqu'à 600 véhicules par jour. Pour rester dans les installations « king size » boostées par les Jeux olympiques d’hiver de février 2022, cet électrolyseur mis en place par Shell, lui aussi dimensionné pour l’avitaillement quotidien d’une flotte de 600 engins H2. Sa capacité initiale de 20 MW devrait être triplée relativement rapidement.


 

Des ambitions qui se précisent

Comme un peu partout dans le monde, la Chine obtient aujourd’hui son hydrogène de sources fossiles d’énergie. Ainsi avec du gaz naturel et du charbon pour 80 % des 33 millions de tonnes produits à l’année. Avec l’ambition de faire rouler 50 000 véhicules hydrogène en 2025, le gouvernement a récemment annoncé viser pour la même échéance un volume annuel d’ hydrogène vert compris entre 100 000 et 200 000 tonnes.

Les besoins continueront leur progression ensuite. Pour les accompagner, l’industrie nationale n’a pas beaucoup d’autres choix que de développer en parallèle le potentiel de fabrication et d’installation d’électrolyseurs. Devant l’urgence, l’appareil chinois n’est pas encore à niveau. D’où un manque de technicité et l’emploi de matériaux en retrait qui ne l’empêchent cependant pas d’exporter déjà en Europe et aux Etats-Unis son matériel. C’est cette situation que dénonce un rapport publié par la China Hydrogen Energy & Fuel Cells Industry Innovation Strategic Alliance (CHEFCIISA).
 

Des électrolyseurs moins chers…

Recharge avait déjà relayé en février dernier des informations importantes en rapport avec le sujet et issues d’un document de BloombergNEF intitulé « 1H 2022 Hydrogen Market Outlook ». En particulier un prix divisé par 4 pour les électrolyseurs chinois face aux productions occidentales : 300, contre 1 200 à 1 400 dollars du kilowatt en 2021. De quoi rappeler l’épisode des années 2010 sur l’effondrement de l’industrie européenne des panneaux photovoltaïques.
Doit-on s’attendre à une invasion des électrolyseurs chinois ? Pas forcément. BNEF avançait déjà quelques arguments pour ne pas céder à l’affolement. Tout d’abord une baisse des coûts de production supérieure en Occident du fait d’économies d’échelle et du passage à l’automatisation des process. Par ailleurs, les industriels chinois sont tentés de vendre en Europe et aux Etats-Unis dans l’espoir de profiter de meilleurs tarifs. D’où une tendance à relever les prix aux catalogues. L’organisme américain s’est appuyé sur du matériel fabriqué dans le vaste pays mais vendu à l’export par l’intermédiaire de la société suédoise Longi.
 

…mais moins performants ?

BloombergNEF évoquait déjà dans son enquête une production chinoise en retrait par rapport aux électrolyseurs fabriqués en Occident. Ses économistes prenaient pour témoins des entreprises locales qui avaient pu comparer leur matériel avec celui des entreprises Siemens Energy et McPhy. L’allemande et la française avaient précédemment vendu des électrolyseurs en Chine.
 
Dans le vaste pays, les professionnels s’opposent sur la qualité des productions nationales. Ceux qui travaillent sous couvert de joint-ventures crées avec des sociétés occidentales défendent leurs modèles. Ainsi Jingli qui fonctionne avec le groupe belge John Cockerill et estime : « Nos prix se différencient considérablement de nos concurrents étrangers, tandis que nos produits ne présentent pas de faiblesses importantes en termes de qualité et de fonctionnalités ». CHEFCIISA vient pourtant de donner un coup de pied à la fourmilière pour que l’industrie chinoise se mette à niveau.
 

Les remarques de l’alliance CHEFCIISA

L’alliance commerciale chinoise a mis au jour 3 points qui expliqueraient les moins bonnes performances des électrolyseurs nationaux :
 
Les modèles européens seraient plus avancés concernant les technologies de récupération de chaleur et gèreraient mieux le flux gazeux. D’où une meilleure efficacité des systèmes. Le rendement est également amélioré grâce au recours à des séparateurs moitié moins épais, de l’ordre de 0,5 contre 1 mm.
 
Le choix des matériaux est aussi mis en cause. Les industriels chinois peuvent se contenter par exemple de nickel poreux pour les électrodes, quand en Europe est utilisé un alliage haute performance qui se dégradera plus lentement. Ce qui ajoute au rendement en retrait, une durabilité diminuée.
 
Sur le cycle de vie qui comprend le fonctionnement des systèmes, les électrolyseurs chinois perdent leur avantage économique. « La Chine a encore un long chemin à parcourir en termes d’efficacité de la production d’hydrogène », a souligné l’alliance CHEFCIISA. Cette conclusion rassurante ne doit pas pour autant minimiser un danger qui reste bien réel sur le long terme.



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