Hydrogène : l'américain Plug veut accélérer en Europe

Michaël TORREGROSSA
04.11.2022 à 13:00

Associé à Renault dans le cadre de la joint-venture Hyvia, Plug poursuit sa montée en puissance. A Rochester, l’industriel américain a installé sa propre gigafactory dédiée à la production de piles à combustible. Un site pilote qui pourrait bientôt avoir son équivalent en Europe.
 
Plug ou Plug Power. Si la première dénomination est censée avoir remplacée la seconde, les deux continuent de cohabiter aux Etats-Unis où l’entreprise est considérée comme un pionnier de la pile à combustible (en quelque sorte l’équivalent de notre Symbio en France).
 
Née en 1997 dans le Comté d’Albany, aux Etats-Unis, Plug a commencé par produire des piles à combustible pour les chariots élévateurs avant de sa lancer la production d’hydrogène vert pour occuper l’ensemble de la chaîne de valeur. Organisant sa montée en puissance industrielle, l’entreprise organisait mi-octobre son symposium annuel à Rochester. L’occasion de présenter sa première Gigafactory dédiée à la production de « stacks » pour la mobilité et l’électrolyse.


 

Jusqu’à 60 000 stacks par an

« Rochester est notre usine flagship » résume Benjamin Haycraft, Vice-Président Exécutif de la région EMEA.
 
Installée sur deux niveaux, le site accueille des bureaux et une vaste zone de production dans laquelle le processus a été divisé en plusieurs postes avec une montée en puissance progressive. Inauguré en novembre 2021, la Gigafactory de Rochester mobilise aujourd’hui 275 personnes. D’ici à fin 2023, elle atteindra sa pleine capacité avec un volume de production annuel de 3 millions de membranes (MEA),  60 000 piles à combustible et 500 MW d’électrolyseurs.



Une usine qui permet à Plug de répondre à la demande croissante du marché mais aussi de baisser ses coûts. « Nous avons beaucoup de travaux en cours, notamment pour réduire le recours aux matériaux précieux » nous précise Andy Marsh, CEO de Plug.
 
A préciser que le site de Rochester dispose de son propre électrolyseur. L’hydrogène vert qui y est produit sert à la fois au test des piles à combustibles et à fournir les industriels du territoire.
 

 

De grosses ambitions industrielles pour l’Europe

Au-delà de son propre marché, Plug accélère également en Europe. « En mars 2021, Plug comptait moins de 25 salariés en Europe. Aujourd’hui, nous sommes quasiment à 250 avec les recrutements actés et grimperont à plus de 300 d’ici début 2023 » chiffre Benjamin Haycraft.
 
Pour étendre sa présence sur le Vieux Continent, Plug mise sur des alliances. On notera ainsi sa participation à SeaLhyfe pour l’hydrogène offshore ou encore son accord avec le port de Bruges pour l’implantation d’une usine de production d’hydrogène vert de 100 MW.

Sur le volet mobilité, Plug est parvenu à séduire les équipes de Renault. Ensemble, les deux entreprises ont créé en 2021 Hyvia, une joint-venture dédiée à la commercialisation d’une gamme d’utilitaires à hydrogène basée sur le Master qui a mis en place en début d’année une première ligne de production de piles à combustible au sein de l’usine de Flins, dans le département des Yvelines. Aujourd’hui limitée à des piles de 30 kW, celle-ci pourrait bientôt monter en puissance grâce aux financements obtenus dans le cadre du dispositif IPCEI.





 
Du côté des électrolyseurs, Plug confirme également son ambition d’industrialiser en Europe. Après avoir racheté fin 2021 le néerlandais Frames pour l’assemblage de ses électrolyseurs, le groupe américain compte passer à la vitesse supérieure en rapatriant en Europe la production des stacks, aujourd’hui issus de l’usine de Rochester.
 
« Si vous voulez être perçu comme un acteur local, il faut avoir un tissu industriel sur place » justifie Benjamin Haycraft qui cite également un « enjeu de compétitivité » pour le groupe. Selon Andy Marsh, cette gigafactory européenne pourrait être lancée d’ici à 2025.
 
Andy Marsh, CEO de Plug depuis 2008, lors du Symposium du groupe, organisé le 18 octobre dernier à Rochester.
 

Un objectif de CA de 20 milliards en 2030

Sur le plan financier, Plug a profité de son symposium pour dévoiler ses objectifs à court, moyen et long terme. Alors qu’il vise 1,4 milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2023, le groupe souhaite atteindre les 5 milliards en 2026 et les 20 milliards en 2030.
 
Pour appuyer sa croissance, le groupe compte étendre ses revenus à l’international qui devraient représenter 35 % du CA en 2026 et jusqu’à 50 % en 2030.