On a testé les premiers camions hydrogène Hyliko

Michaël TORREGROSSA
19.04.2024 à 11:00

H2 Mobile a pu se rendre dans les environs de Lyon pour embarquer à bord des camions à hydrogène d’Hyliko. Les premiers exemplaires devraient être livrés cet été à l’occasion des JO de Paris.
 
Dernière ligne droite pour Hyliko ! Engagée depuis 2021 dans une activité de rétrofit hydrogène sur le segment du poids lourd, la startup française peaufine les derniers réglages de ses premiers camions à pile à combustible sur le site de Transpolis, en périphérie de Lyon. L’occasion de convier la presse pour un premier galop d’essai…
 

Une mécanique identique

Hyliko propose aujourd’hui deux modèles conçus sur base Renault Trucks, un tracteur et un porteur respectivement nommés Hy T44 et Hy R26. Un choix qui n’est pas anodin puisque le modèle du constructeur au losange est l’un des plus diffusés en France. Pour une société spécialisée dans le rétrofit, le volume reste essentiel !
 
Pour simplifier l’ingénierie, mais aussi les phases d’homologation et de mise sur le marché, Hyliko a choisi de baser ses véhicules sur une seule et même architecture. La base diesel a ainsi été remplacée par un nouveau groupe motopropulseur électro-hydrogène animé par un moteur électrique développant 365 kW de puissance nominale et jusqu’à 490 kW en crête, soit près de 700 chevaux. L’alimentation du moteur est assurée par deux piles à combustible. Issues de la Toyota Mirai, celles-ci développent 80 kW chacune, soit 160 kW au total. Industrialisées sur une petite ligne de production à Zaventem, en Belgique, elles sont complétées par deux packs batteries. Cumulant 60 kWh de capacité, ces derniers assurent le surplus de puissance nécessaire à l’alimentation du moteur. L’ensemble est piloté par une boîte de vitesses automatique Alisson à 6 rapports.
 
Compte tenu des problèmes d’encombrement, l’intégration des réservoirs se passe derrière la cabine. Fournis par Plastic Omnium, désormais OPmobility, ces derniers sont au nombre de 7 et embarquent jusqu’à 40.8 kg d’hydrogène à 350 bars. Avec un plein, l’autonomie est donnée pour 450 km.
 
Des évolutions déjà programmées
 
Présentés comme des « V1 », les deux camions Hyliko sont d’ores et déjà appelés à évoluer. En premier au niveau des réservoirs où le fabricant prévoit de passer sur un système 700 bars pour porter l’autonomie à 900 km avec un plein.
 
La puissance de la pile à hydrogène pourrait également être revue à la hausse. Sur ce point, nous avons interrogé les équipes d’Hyliko sur l’éventualité de l’arrivée chez Toyota d’une pile plus puissante et plus adaptée au monde du véhicule lourd. Si nous n’avons pas obtenu de réponse claire, on lit entre les lignes que des discussions sont en cours.
 

Premiers tours de piste

Comme les véhicules sont toujours en phase de développement, c’est depuis le siège passager que nous avons pu découvrir les sensations à bord des camions à hydrogène Hyliko. La conduite est silencieuse, mais aussi plus nerveuse compte tenu du couple immédiat développé par le moteur électrique.
 
En matière de fonctionnement, pile à combustible et batteries alimentent le moteur de concert. Afin de garantir des performances optimales, les batteries ont un seuil de recharge (SOH) bien défini sur la partie logicielle. Dès lors qu’il est atteint, la pile hydrogène s’anime pour recharger la batterie. Une façon de ne pas brider drastiquement les performances si les batteries sont vides.



En dehors des sensations de conduite, ces quelques tours de piste sont également l’occasion de découvrir les aménagements apportés au niveau de la cabine. Et force est de constater qu’ils sont minimes ! Le plus visible est l’écran central ajouté pour suivre les performances du système hydrogène. On retrouve ainsi un compteur de puissance, mais aussi le niveau de charge des réservoirs hydrogène. S’y ajoute l’intégration d’un pad pour le pilotage de la transmission automatique Allison.
 
Un suivi en temps réel
 
Au même titre que les utilitaires à hydrogène Renault Hyvia, les camions d’Hyliko disposent d’un monitoring permettant de suivre, en temps réel, le fonctionnement du système hydrogène. Une façon pour les équipes Hyliko de mieux suivre les premiers exemplaires mis à la route et faire les ajustements nécessaires.
 



Premières livraisons à l’été

Entamée en novembre auprès de l’UTAC, l’homologation est annoncée comme « imminente ». « Les essais d’homologation ont été validés. Nous sommes maintenant dans le délai du dossier administratif. Le CNRV a un délai pour pouvoir l'étudier et ensuite prononcer son agrément. Une fois qu'on a l'agrément, on peut passer en immatriculation » nous explique Ovarith Troeung, Directeur Général d'Hyliko.
 
Si le calendrier se déroule comme prévu, Hyliko prévoit de livrer ses premiers camions à l’été 2024 à ses premiers clients, dont les spécialistes de la construction Saint-Gobain et Point P ainsi que le transporteur Bert&You. D’ici à la fin de l’année 2024, une dizaine de véhicules devraient être livrés.
 
Dans une phase préindustrielle, les premiers exemplaires sont assemblés chez BullTech System, société drômoise qui met à la disposition d’Hyliko ses équipements et son savoir-faire. Dans une seconde phase, c’est Safra qui assurera l’industrialisation sur son site d’Albi avec une capacité de l’ordre d’une centaine d’exemplaires par an.
 
Une solution pay-per-use

Afin de gommer des coûts d’acquisition encore très élevés, Hyliko a opté pour un système « pay-per-use » avec des contrats facturés au kilomètre parcouru. Si un transporteur souhaite convertir son poids lourd, Hyliko va lui racheter le véhicule, le transformer et lui reproposer sous forme locative. Et si le client ne dispose pas de camions Renault Trucks au sein de sa flotte, Hyliko pourra chercher sur le marché de l’occasion pour trouver un véhicule correspondant aux besoins.
 
« Nous sommes sur des contrats qui peuvent aller jusqu'à quasiment huit ans aujourd'hui sur des kilométrages qui sont assez conséquents. Sur ce kilométrage, il y a une base fixe qui est calculée annuellement puis une part variable qui s’applique en cas de dépassement du seuil ».
 
Pour rappel, seuls les véhicules de plus de 5 ans peuvent être convertis. Une obligation imposée par l’arrêté rétrofit.


 

4 stations d’ici à fin 2026

A l’image de Hype, HysetCo ou Nikola avec sa filiale Hyla, Hyliko accompagne la commercialisation de ses véhicules par le déploiement d’un réseau de stations hydrogène ouvert à tous.
 
La première devrait voir le jour dans quelques semaines à Villabé, au Sud de Paris. Dotée d’une piste de distribution et d’une capacité de distribution de 800 kg jour, celle-ci a été développée en collaboration avec Mesure Process, filiale du groupe MPH Energie, avec du matériel du Norvégien Nel. Vert, l’hydrogène qui y sera distribué sera fourni par Lhyfe. A noter que le foncier de cette première station accueillera également le tout premier centre de maintenance de la marque.
 
D’ici à fin 2026, Hyliko prévoit de lancer trois autres stations. Une au nord de Paris, sur le territoire de la commune de Tremblay, et deux en région Auvergne Rhône-Alpes, territoire où les aides à l’achat sont particulièrement généreuses.

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