Stratégie hydrogène française : La mobilité lourde privilégiée

Stratégie hydrogène française : La mobilité lourde privilégiée
Avec une enveloppe de 7 milliards d’euros à réunir et exploiter d’ici 2030, le gouvernement français compte soutenir le développement d’une filière compétitive de l’hydrogène vert. Et ce, en suivant 3 priorités, dont l’une concerne la mobilité lourde.
  
« Faire de la France de demain le champion de l’hydrogène décarboné » : Telle est l’ambition affichée par Bruno Le Maire, ce mardi 8 septembre, devant un parterre d’acteurs déjà engagés dans cette voie et réunis par l’Afhypac. Le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance s’est montré ouvert à l’avenir et aux technologies de rupture. Au sujet de la mobilité, par exemple, il a clairement appelé à ce qu’Airbus soit le premier avionneur à mettre au point et commercialiser un appareil fonctionnant à l’hydrogène. 



Dans l’assemblée, et parmi le public qui assistait en direct à l’événement via Internet (environ 500 personnes), la feuille de route qui accompagne la stratégie française a été abondamment commentée : des échéances trop rapprochées pour les uns en raison de l’ampleur des travaux à réaliser, des étapes trop lointaines pour les autres vue l’urgence environnementale et l’avance prise par différents pays comme le Japon, la Chine ou l’Allemagne.
 

Un objectif qui dépasse le cadre du plan de relance

Derrière ce programme pour l’hydrogène vert, 4 défis devront être relevés simultanément. Ce produit a tout d’abord un rôle majeur à jouer au niveau environnemental en offrant des solutions pour décarboner l’industrie et les transports. L’usage à grande échelle de l’hydrogène aidera à réduire la dépendance de la France aux pays producteurs de pétrole. Dans un contexte de redémarrage du pays après quelques mois de confinement, l’hydrogène est porteur d’opportunités pour développer un vaste écosystème créateur de nombreux emplois. Et ce, en fixant sur le territoire les compétences technologiques positivement impactés.

Afin de lancer la machine, 2 des 7 milliards budgétés vont servir les actions à court terme qui entrent dans le cadre du Plan de relance économique, sociale et écologique 2020-2022.
 

Mobilité lourde

Parmi les 3 priorités de la stratégie pour une filière forte de l’hydrogène décarboné en France, le développement de la mobilité lourde H2. « L’hydrogène répond aux besoins de fortes puissances motrices ou aux besoins de longue autonomie notamment pour les flottes captives parcourant de longues distances à flux tendus », justifie le gouvernement.

C’est pourquoi l'hydrogène est désormais perçu au sommet de l’Etat comme une source d’énergie incontournable pour alimenter les bennes à ordures ménagères, les poids lourds transportant du fret ou des personnes (autobus et autocars), les trains régionaux ou inter-régionaux qui circulent sur des lignes non électrifiées, les plus grands navires, et même les avions. Les utilitaires légers figurent également sur la liste des engins à convertir à l’hydrogène.
 

Les avantages à cibler les véhicules lourds

Au delà des enjeux environnementaux et de santé publique, le gouvernement perçoit 4 avantages à cibler les véhicules lourds pour l’utilisation de l’hydrogène décarboné. Tout d’abord, tous ces engins très divers nécessitent des équipements communs sur lesquels capitaliser les développements. Ainsi les piles à combustible, réservoirs, et l’électronique de puissance autour desquels de solides ou prometteuses entreprises françaises peuvent prendre part aux travaux de recherche, de développement et à la production.

Il s’agit ainsi de soutenir un secteur (constructeurs et équipementiers) qui pèse économiquement lourd. Le gouvernement évalue pour celui-ci un chiffre d’affaires annuel de plus de 100 milliards d’euros qui repose sur 225.000 emplois. Enfin, dernier avantage, derrière les véhicules lourds on trouve des marchés particulièrement dynamiques. Ils sont en demande de solutions technologiques pour un transport vertueux qui ne soit pas limité par l’autonomie et/ou le poids des batteries.
 

Des appels à projets pour booster les initiatives

Le gouvernement a prévu des actions de nature à supporter l’émergence de véhicules lourds à hydrogène. Il s’agit de « produire des véhicules fiables, répondant aux besoins des entreprises disposer d’équipements performants et évolutifs ;réunir les compétences pour produire et entretenir ». Doté d’une enveloppe de 350 millions d’euros à utiliser jusqu’en 2023, l’appel à projets « Briques technologiques et démonstrateurs » va dans ce sens en permettant de mettre au point et d’améliorer des composants nécessaires à la production d’hydrogène vert, tout en s’entourant d’applications pour la mobilité.

Avec un planning qui s’étend également jusqu’en 2023, l’AAP « Hub territoriaux d’hydrogène » porté par l’Ademe appelle au déploiement, par des structures associant collectivités et industriels fournisseurs de solutions, d’écosystèmes territoriaux de grande envergure regroupant les usages industriels et de mobilité. Cette action, créditée d’un budget de 275 millions d’euros, a pour objectif de « favoriser au maximum les économies d’échelle ».
 

Faire émerger une filière française de l’électrolyse

En parallèle à l’évolution des solutions de mobilité, il est nécessaire de développer les moyens de produire de l’hydrogène vert. Au grand dam d’un porteur inquiet de projet axé sur la biomasse, présent dans l’assistance, le gouvernement lance le mouvement afin de faire émerger une filière française de l’électrolyse.

« Parmi les différents procédés, la stratégie retient l’électrolyse qui apparaît comme le plus prometteur, sur lequel la France dispose déjà d’industriels à fort potentiel », plaide le gouvernement. Il s’agit de pousser les projets (Gigafoctory d’électrolyseurs) portant sur de grandes capacités de production, et de passer à l’échelle industrielle afin d’atteindre la nécessaire rentabilité qui permettra d’emporter l’adhésion des consommateurs professionnels.
 

6,5 GW d’électrolyseurs installés pour 2030

La France s’est fixé un objectif de 6,5 GW d’électrolyseurs installés en 2030. L’hydrogène décarboné servira aussi à désulfurer les carburants lors du raffinage du pétrole, à la production d’ammoniac et de méthanol pour le secteur de la chimie, ainsi qu’à des applications plus modestes dans l’électronique et l’agroalimentaire.

La production d’hydrogène sans CO2 devrait être soutenue par un dispositif de complément de rémunération mis en place le temps de parvenir à faire baisser le prix au niveau de celui de l’hydrogène obtenu du vaporeformage.
 

Soutenir la recherche et l’innovation

Troisième et dernière priorité de la stratégie pour une filière H2 décarbonée : « Soutenir la recherche, l’innovation et le développement de compétences afin de favoriser les usages de demain ».

Derrière ce programme se cachent 2 axes sur lesquels seront portés les efforts : identifier et servir de nouvelles exploitations d’hydrogène vert, et préparer la future génération des technologies impactées. Ce qui passe par la mise au point de piles à combustible plus performantes et produites à un meilleur coût, de nouveaux réservoirs, d’électrolyseurs plus puissants et efficients, etc.

L’Agence nationale de la recherche est missionnée pour suivre le programme prioritaire de recherche « Applications de l’hydrogène ». Doté d’un crédit de 65 millions d’euros, « il contribuera à l’excellence française dans la recherche sur l’hydrogène », assure le gouvernement.



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