Formation hydrogène : DEF'Hy détaille les besoins et enjeux de la filière

Formation hydrogène : DEF'Hy détaille les besoins et enjeux de la filière
L’industrialisation de la filière hydrogène accélère ses besoins en recrutements et en formations. Ses métiers, en concurrence avec d’autres secteurs, sont déjà en tension. Ces enjeux, dressés par le projet DEF’Hy, font peser un risque sur l’essor de l’industrie hydrogène… sauf à les anticiper.
 
De 3 500 à 5 800, les emplois directs de la filière hydrogène ont quasiment doublé en France, entre 2021 et 2022. Cette dynamique se confirme dans les offres d’emplois. Plus de 6 800 ont été recensées l’an passé, « en augmentation de 77 % par rapport à 2019. Plus de la moitié de ces offres ont été émises au sein des régions Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes », rapporte le projet DEF’Hy.
 
Ses conclusions ont été présentées le 14 septembre, à Paris. Chargé de dresser un diagnostic et d’analyser les compétences, métiers et formations du secteur, DEF’Hy a confirmé « les opportunités de conversion et de création d’emplois sur l’ensemble de sa chaîne de valeur ». Selon France Hydrogène, 100 000 emplois directs et indirects y seraient créés, autour d’environ 80 métiers, d’ici à 2030.
 
Une approche collaborative

Lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et Métiers d’Avenir », le projet DEH’Hy a été lancé en décembre 2022 et s’est déroulé sur 6 mois. Il a rassemblé six partenaires : France Hydrogène, l’AFPA, EIT Innoenergy, Pôle Emploi, RCO (Réseau des Carif-Oref) et Adecco Digital.  Soutenu par l’Etat et la Caisse des Dépôts, dans le cadre du plan France 2030, le projet DEF’Hy avait pour missions de dresser un diagnostic et d’analyser les compétences, métiers et formations de la filière hydrogène.
 

Constat d’urgence

Face à ces perspectives, l’enquête alerte sur « l’absence d’anticipation des entreprises sur leurs besoins de recrutement ». Pis, « 85 % des métiers de la filière présentent de fortes à de très fortes tensions ».
 
Les principales raisons évoquées pour expliquer cette situation sont « l’accélération des embauches, conjuguée à une pénurie de main d’œuvre (touchant toute l’industrie, ndlr) ». Les autres facteurs de tension cités sont, « la spécificité des formations et qualifications requises » et « les conditions de travail » qualifiées, parfois, de « contraignantes ».


 

Besoins évolutifs

L’enquête a identifié trois périodes durant lesquelles les besoins de recrutement (et les tensions associées) évolueront. Dans une première, appelée « Innovation et développement », entre 2023 et 2025, 80 % des besoins se concentreraient « sur des métiers liés à la conception, l’ingénierie, la R&D industrielle à des niveaux de qualifications élevés (bac + 5) ».
 
Jusqu’en 2028, la filière entrerait dans une phase « d’industrialisation », marquée par « une montée en puissance des techniciens ». Estimés à 40 % des besoins sur la période, les profils demandés concerneraient les techniciens d’installation, d’exploitation, d’essai, de laboratoire et de contrôle QSE.
 
Entre 2026 et 2028, les besoins en ingénieurs de conception domineraient encore, toutefois. Enfin, jusqu’en 2030, la période dite « d’exploitation », consacrerait les métiers de techniciens, consolidant 80 % des besoins de recrutement.
 

Passerelles et « Pass métiers » à prévoir

Sur l’ensemble des périodes, les deux métiers les plus convoités seraient les chefs de projet et les techniciens de maintenance et d’exploitation. Ce contexte nécessite « d’anticiper, de donner de la visibilité et d’innover pour recruter », selon le projet DEF’Hy. La formation et la conversion d’emplois sont les deux voies mises en lumière pour relever ces challenges.
 
S’agissant des (re)conversions, DEF’Hy a identifié des secteurs et métiers, partageant des compétences communes avec ceux recherchés par la filière hydrogène. Certains sont présentés comme pourvoyeurs nets, car confrontés à des mutations et/ou à des baisses d’activité. Parmi eux, le rapport cite, par exemple, les filières impactées par la transition énergétique, comme les transports, l’électricité, les énergies fossiles et la pétrochimie, ou encore, la sidérurgie.
 

Des formations peu lisibles

Achevé en juin, le recensement réalisé par DEF’Hy comptabilise 216 offres de formation avec des compétences relatives à la filière hydrogène. « 75 sont certifiantes (56 % à un niveau bac + 5). Un tiers a une durée inférieure à une semaine, un quart concerne des modules de sensibilisation et 44 % mènent, directement, vers un métier de la filière », précisent les conclusions.
 
Elles estiment cette offre de formation « peu visible » toutefois : « Le terme hydrogène est peu présent dans les intitulés ». Ce constat semble partagé par les entreprises du secteur ; 65 % d’entre-elles jugeant leur contenu « insuffisant ». Elles pointent « un manque de formateurs », en outre. Bien que l’ensemble des compétences soient couvertes, les formations seraient à renforcer dans « l’architecture conception, la maintenance des équipements, la sécurité, la gestion et la prévention des risques ». Ce contexte expliquerait la décision des industriels d’assurer eux-mêmes la montée en compétences de leurs collaborateurs. Corrélées aux offres d’emplois, près de 30 % des formations sont proposées en Auvergne-Rhône-Alpes, suivie par la région Grand-Est (10 %).  
 
Cinq leviers d’actions

Le projet DEF’Hy a identifié cinq leviers, pour accompagner les besoins de recrutement et de formation de la filière hydrogène, en tenant compte de la concurrence des autres secteurs industriels :
  • Anticiper les besoins de main d’œuvre, en capitalisant sur les travaux prospectifs et en éclairant les dynamiques d’emploi suivies, par exemple, par un « observatoire des métiers et compétences »
  • Développer l’attractivité de la filière auprès des différents publics, par des actions concertées auprès des prescripteurs, relayées par des acteurs institutionnels
  • Favoriser les dynamiques territoriales, pour développer des actions mutualisées de développement des compétences
  • Diversifier les modes de recrutement et individualiser les parcours, pour amener des publics différents vers la filière hydrogène
  • Donner de la lisibilité et de la cohérence à l’offre de formation et faciliter l’accès aux formations certifiantes et qualifiantes


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