Hydrogène : une feuille de route pour des standards européens

Mis à jour le 11.03.2023 à 08:14
Hydrogène : une feuille de route pour des standards européens
Dans un document de 121 pages, l’Alliance européenne pour l’hydrogène propre a dressé la liste les besoins en normalisation, depuis la production jusqu’à l’utilisation finale, pour développer l’hydrogène décarboné (vert, bleu, jaune) sur le territoire. Avec l’idée d’accompagner l’ambition de l’UE pour une économie à l’impact neutre en CO2, ce travail met en avant les priorités à traiter au cours de la présente année 2023.
 
Rassemblant depuis juillet 2020 divers acteurs européens publics et privés pour une filière de l’hydrogène propre, l’alliance a effectué un important travail de fourmis avant d’aboutir à une feuille de route pour une normalisation couvrant toute la chaîne de valeur du produit, depuis la production jusqu’aux applications, en passant par le transport et le stockage.
 
L’équipe dédiée a d’abord recherché et analysé les activités de normalisation déjà en cours, avant d’en déduire les lacunes, priorités et besoins. A partir de là, il restait encore à rationaliser les points mis en évidence à travers les différentes initiatives.
 
Par exemple en fusionnant certains d’entre eux et en ordonnant le tout. Il était dès lors possible de les planifier dans une chronologie rationnelle. Cette démarche était devenue incontournable afin d’édicter des normes européennes et internationales communes sans lesquelles le déploiement des technologies et des applications de l’hydrogène aurait été plus lent et complexe, avec sans doute quelques barrières pour le portage ailleurs des avancées obtenues à l’échelle des pays.

 

400 points identifiés

« Il est essentiel que les normes soient élaborées en temps opportun pour assurer l’alignement avec le cadre juridique et réglementaire et le développement des technologies », souligne les rédacteurs de la feuille de route. Au total, les 400 points retenus ont été alignés dans une feuille de route avec un commentaire pour chacun sur l’état d’avancement des activités de normalisation les concernant.
 
Ceux en rapport direct avec la mobilité concernent les secteurs de l’aviation, du maritime, du rail, des véhicules légers et des poids lourds. D’autres s’intéressent à l’industrie et au résidentiel. Dans sa recherche de priorisation, l’alliance a été confrontée à des urgences. Ainsi au sujet de la sécurité, qui aurait dû être traitée comme un préalable dès le départ. On y trouve de légitimes préoccupations concernant la compatibilité des matériaux et les risques de fuites. Tout aussi important à placer en priorité, les points qui touchent aux problèmes spécifiques aux différents vecteurs énergétiques porteurs de la molécule hydrogène que sont l’ammoniac, le méthanol, les liquides organiques (LOHC) ou non (LIHC), et l’oxyhydrogène (HHO).


 

Besoins complémentaires

Au cours de leurs travaux, les chercheurs de l’alliance ont identifié des besoins complémentaires indispensables pour que la feuille de route soit pleinement exploitée par les différents acteurs concernés et que ces derniers se l’approprient. Ce qui passe déjà par un cadre réglementaire clair permettant d’orienter les travaux détaillés de normalisation. A identifier comme « des mandats de la Commission européenne pour préparer des normes spécifiques », les demandes de normalisation devraient faire l’objet de publications légales sous le contrôle du CEN et du Cenelec. L’industrie est appelée à participer à la réalisation des points identifiés, en particulier lorsqu’il n’existe pas de comité de normalisation actif les concernant.
 
Un besoin de communication a également été mis au jour pour l’échange d’informations, par exemple avec des structures comme le Conseil de l’hydrogène, l’IPHE, l’IRENA et Hydrogen Europe.
 
L’organisme espère aussi une coordination globale des activités de normalisation de l’hydrogène axée sur les besoins techniques de l’industrie, ainsi qu’un alignement sur les politiques et la législation de la Commission européenne. Ce qui va de pair avec une véritable coopération accrue entre les organismes de normalisation européens et internationaux. A partir de ces besoins complémentaires, le groupe de travail a formulé 6 actions clés.
 

Présentation de la feuille de route

Etalée sur 55 pages, la feuille de route élaborée par l’Alliance européenne pour l’hydrogène propre s’étend jusqu’en 2030 où un ensemble de normes devrait être en vigueur pour une bonne économie de l’hydrogène décarboné. L’organise prévient qu’il faut entre 2 et 3 ans pour que chacune d’elle soit effective. D’où l’importance de respecter le calendrier, un décalage pouvant entraîner celui d’autres normes.
 
Les 400 points recensés, nommés « sujets », sont répartis dans 7 groupes appelés « clusters » : Production d’hydrogène ; Infrastructures (transport, stockage, livraison) - Transmission et Distribution ; Applications industrielles ; Mobilité ; Intégration du secteur de l’énergie ; Bâtiment - Applications résidentielles ; Transversal.
 
L’état individuel d’avancement des sujets reçoit l’une des 4 valeurs suivantes. Il est « En préparation » quand il a été identifié et fait l’objet d’un projet de norme. Si ce n’est pas le cas, il est « À identifier ». La mention « En cours de révision » indique que le point fait déjà l’objet d’une norme qui doit être revue. L’objectif est que les 400 sujets parviennent à l’état « En place ». Dans ce cas, les normes pour le point concerné sont déjà publiées. L’alliance souligne : « Des jalons clairs doivent être définis par le CEN, le Cenelec, l’ISO ou la CEI conformément à la hiérarchisation ».


 

Cluster Mobilité : des règles déjà à respecter

Concernant la mobilité, l’alliance a distingué 5 familles :
  • Véhicules routiers légers ;
  • Véhicules lourds routiers et non routiers ;
  • Rail ;
  • Maritime ;
  • Aviation.
Pour ce dernier cluster, le groupe de travail a tenu compte d’un grand nombre de textes actuellement en vigueur et qui ont rendu complexe sa démarche. Parmi eux, il y a déjà la directive européenne pour le déploiement des infrastructures de ravitaillement spécifiques aux carburants dits « alternatifs », ainsi que la stratégie pour une mobilité durable et intelligente.
Les véhicules routiers, lourds comme légers, sont soumis à des contraintes à respecter en matière d’émissions de CO2. Cette catégorie fait aussi l’objet de règles concernant les achats publics de modèles propres.
 
A travers ces différents textes et ceux que nous n’avons pas mentionnés, des demandes générales de normalisation ont déjà été formulées. Ainsi concernant l’approvisionnement en hydrogène pour le transport terrestre, maritime et la navigation intérieure. Le CEN a déjà développé 3 normes pour les véhicules routiers : EN 17127:2020 (Points extérieurs de ravitaillement en hydrogène gazeux), EN ISO 17268:2020 (Dispositifs de raccordement pour l’avitaillement), EN 17124:2022 (Applications des PAC à membrane PEM).
 

Navigation, rail et aviation

Le secteur maritime est également déjà visé par des textes européens pour la décarbonation de ses carburants. S’y ajoutent les impératifs techniques qui bloquent aujourd’hui l’emploi de nouvelles énergies.
 
L’alliance a bien retenu qu’en matière de navigation, il existe 2 organismes de normalisation bien distincts : l’Organisation maritime internationale (OMI), et, pour le fluvial, le Comité européen pour l’élaboration de normes dans le domaine de la navigation intérieure (Cesni). Ce secteur fait déjà l’objet de travaux encore à réaliser concernant les spécifications techniques de solutions unifiées pour les points d’avitaillement en hydrogène comprimé et liquéfiés.
 
Pour le rail, les textes européens existants formulent des obligations en matière de sécurité et d’interopérabilité du matériel. Afin d’intégrer la molécule H2 dans ce secteur, des démarches ISO et CEI sont en cours au sujet des piles à combustible et des stockages d’hydrogène comprimé.
 
Concernant l’aviation, le transport aérien durable fait l’objet d’une proposition de règlement pour garantir des conditions de concurrence équitables. Ici, le travail de normalisation autour de l’hydrogène pour la décarbonation ne fait que commencer. La sécurité est au cœur notamment en matière de fuites, lutte contre les incendies, manipulation sûre lorsque le produit est sous forme cryogénique, etc.

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