Métropole de Dijon : Un modèle de développement pour la mobilité hydrogène

Métropole de Dijon : Un modèle de développement pour la mobilité hydrogène
Alimenter des poids lourds et véhicules légers à l’hydrogène est surtout intéressant lorsque le gaz est produit avec des sources renouvelables locales. C’est précisément le scénario choisi par la métropole de Dijon qui compte ouvrir sur son territoire 2 stations pour une capacité totale encore jamais vue en France.
 

Un projet ambitieux

Responsable du Pôle ingénierie de la société dijonnaise Justy, Amaury Vaussanvin est à la manœuvre comme chef du programme pour le compte de la société de projet publique/privée DMSE (Dijon Métropole Smart Energhy).

« Il s’agit là d’une structure innovante et sans égal en France », lance notre interlocuteur. « Le projet de la collectivité est le plus ambitieux à date concernant la production et la distribution d’hydrogène en France pour la mobilité. Capable de délivrer jusque 1.200 kg d’hydrogène quotidiennement à elles 2, les stations de Dijon Nord et Dijon Sud totaliseront la plus forte capacité de l’Hexagone », se réjouit-il. « L’objectif est de convertir entre 2020 et 2030 la totalité des flottes de collecte des déchets et du transport urbain des personnes, soit 45 bennes à ordures ménagères et 175 bus », chiffre-t-il.
 

La première des 3 tranches

«  Labellisé par le pôle Véhicule du futur, le projet est doté pour la première de ses 3 tranches d’une enveloppe de 43 millions d’euros soutenue à hauteur de 13,3 millions par l’Ademe et la région Bourgogne-Franche-Comté », annonce Amaury Vaussanvin. « Se déroulant jusqu’en 2023, cette première partie comprend la construction des 2 stations évolutives et l’acquisition de 8 bennes à ordures et 27 bus. Des marchés vont être lancés avant la fin de l’année pour ces véhicules qui arriveront au fil de l’eau entre fin 2021 et 2023 », détaille-t-il.

«  ​Installée à Meursault, à une cinquantaine de kilomètres de Dijon, Rougeot Energie fournira les 2 stations clé en main. L’entreprise agira comme contractant EPC chargé de l’ingénierie, de l’achat des équipements en particulier auprès de McPhy, et de la construction des sites », poursuit-il.


 

Cercle vertueux et local

« Le projet hydrogène de la métropole de Dijon a été pensé pour initier un cercle vertueux et local. C’est un vrai choix politique de François Rebsamen, président de la collectivité », met en avant le chef de projet.

« Il s’agissait de disposer d’une flotte de bus totalement dépolluée et décarbonée. Le bioGNV a été écarté car ne supprimant pas toutes les émissions. Les longues lignes à desservir ne permettaient pas d’envisager des modèles électriques », explique-t-il. « L’hydrogène qui sera distribué dans les 2 stations sera produit sur place, via électrolyseurs, avec des sources renouvelables. D’abord avec l’incinérateur à déchets qui, aujourd’hui, alimente une turbine générant de l’électricité injectée dans le réseau national. Comme la capacité ne sera pas suffisante, le complément sera obtenu grâce à 2 parcs solaires implantés sur la métropole », résume-t-il.


 

Des stations aux usages différents

« La station de Dijon Nord, qui devrait être inaugurée en décembre 2021, sera accolée à cet incinérateur. Ouverte au public, elle permettra l’avitaillement des bennes à ordures, mais aussi des flottes privées de camions et utilitaires à venir, ainsi que des voitures de quelques automobilistes qui auront aussi fait le choix de l’hydrogène », révèle Amaury Vaussanvin. « Réservée à l’avitaillement des bus de la métropole, la seconde station sera ouverte à proximité de leur dépôt, dans le courant du dernier trimestre de 2022 », complète-t-il.

« La taille des stations sera augmentée progressivement au cours des 3 phases afin de coller aux besoins », souligne-t-il. « Pour l’instant, seules les délégataires de Dijon Métropole ont été sollicités pour la conversion à l’hydrogène de leurs véhicules. Pour les privés, ce sera dans un deuxième temps, certainement fin 2021. Il y a de gros transporteurs sur le territoire. Nous pourrons alors leur montrer que la mobilité hydrogène fonctionne bien », projette-t-il.


 

Et le ferroviaire ?

Avec des projets d’envergure aussi bien réfléchis pour la mobilité hydrogène que celui de la métropole de Dijon, il est souvent envisagé à plus ou moins longue échéance, des exploitations complémentaires. Quand ce n’est pas le cas, la situation des infrastructures pourrait quand même permettre de les adapter à d’autres usages. Qu’en est-il pour celui de Dijon Métropole ?

« Le centre technique ferroviaire de Bourgogne-Franche-Comté est installé à proximité de notre future station Dijon Sud. Il serait par exemple possible d’avitailler les trains régionaux Auxerre-Saint-Gervais/Laroche-Migennes s’ils passaient à l’hydrogène », nous répond Amaury Vaussanvin. « Sur le territoire, Perrigny-lès-Dijon accueille la 2e plus grande gare de triage de France. Plusieurs lignes de fret passent par ce point. Le ferroviaire est un vrai secteur à décarboner », estime-t-il.
 

Rôle de Justy

En première ligne sur le projet de Dijon Métropole pour une mobilité H2, Justy a joué des rôles multiples. Parmi eux, ceux de développeur et d’assistant à la maîtrise d’ouvrage.

« La DMSE et la collectivité ont décidé de s’en remettre à la sous-traitance. Nous sommes présents depuis la phase d’avant-projet en 2018. Nous nous sommes occupés des opérations de diagnostics, d’études de marché, de dimensionnement des installations, de recherche du foncier et des obligations réglementaires », liste Amaury Vaussanvin.

« Une fois l’écosystème défini, nous avons pu constituer le dossier à déposer à l’Ademe. La réponse favorable de l’agence, avec la réception des premières subventions, a permis de passer à une nouvelle étape, avec un dimensionnement révisé et fixé, et la consultation des fournisseurs de stations et de véhicules hydrogène. Pour les bus, le choix ne manque pas, avec Safra en France, Solaris, Van Hool et Gaetano. C’est plus compliqué pour les bennes à ordures », témoigne-t-il.
 

Go final de la métropole

« Avec le ‘Go final’ de la métropole, Justy est passé à un autre niveau d’assistance. Notamment en montant les dossiers administratifs pour obtenir les permis de construire, et passer l’étape des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) auprès de le Dreal », rapporte son responsable du Pôle ingénierie.

« Il y a un grand nombre d’études à réaliser. Ainsi pour le raccordement électrique à soumettre à Enedis, pour la sauvegarde des paysages et de la biodiversité, etc. Pour certains, nous avons travaillé avec des organismes qui disposent des compétences nécessaires », raconte-t-il. « Nous nous sommes aussi occupés des contrats avec Rougeot Energie, et ceux pour la fourniture d’électricité et la maintenance des installations hydrogène », conclut notre interlocuteur.
 
 
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