La France publie sa stratégie hydrogène révisée

Mis à jour le 18.04.2025 à 12:38
La France publie sa stratégie hydrogène révisée
À l’occasion du Comité interministériel de l’innovation, le gouvernement a dévoilé une version révisée de la Stratégie nationale hydrogène. Objectifs actualisés, priorités industrielles, nouveaux soutiens : l’exécutif détaille son nouveau plan pour développer la filière.

Au terme d’une longue attente et de nombreux reports, la France a publié ce mercredi 16 avril au matin sa stratégie national hydrogène révisée (SNH-II). Succédant à la première édition, officialisée en 2020, tire le bilan des cinq années écoulées et adapte ses objectifs aux nouvelles réalités du marché.

Si le document stratégique actualisé rappelle l’ambition française de produire son hydrogène sur le territoire, les objectifs sont décalés. Alors que la première stratégie nationale hydrogène fixait un objectif de 6,5 GW d’électrolyse d'ici à 2030, sa version révisée réduit l’objectif à 4,5 GW au même horizon. Une façon d’une vitesse de démarrage moins rapide que prévu. En 2035, l’objectif est fixé à 8,5 GW contre 10 GW pour la précédente stratégie.
 
    Stratégie hydrogène 2020   Stratégie hydrogène 2025 Ecart
Objectif 2030 6.5 GW 4.5 GW - 30 %
Objectif 2035 10 GW 8 GW - 20 % 
 
L'importation dans un second temps
« À ces horizons temporels, l’intérêt économique pour la France des infrastructures d’import n’étant pas démontré et les risques de non-utilisation associés étant importants, les soutiens financiers et garanties publiques resteront centrés sur le développement de capacités sur le territoire national » précise la nouvelle stratégie du gouvernement qui identifie un potentiel au-delà de 2035, sous réserve que l’hydrogène et ses produits dérivés soient compétitifs.
   

Des usages prioritaires ciblés

Sans surprise, l’industrie reste le principal débouché de l’hydrogène bas-carbone. Le raffinage, la chimie, les engrais et la sidérurgie pourront progressivement substituer l’hydrogène gris par une version décarbonée. Le recours au captage et stockage du carbone (CCS) sera aussi encouragé pour les sites existants. Aujourd’hui, environ 400 000 tonnes d’hydrogène gris sont consommées chaque année en France. « Le secteur industriel reste, du point de vue du ratio de coût sur émissions de CO2 évitées, le secteur le plus pertinent pour les usages de l’hydrogène décarboné » souligne le document du gouvernement.

Côté mobilité, l’hydrogène est identifié comme complémentaire à l’électrification, notamment pour les usages lourds et intensifs. Sur la mobilité routière, le gouvernement estime que le véhicule électrique à batteries reste « la solution décarbonée la plus efficace énergétiquement et la plus économique ». L’hydrogène serait donc réservé à certains usages spécifiques nécessitant une longue autonomie sur la journée, une forte disponibilité, un temps de recharge rapide, un maintien de la charge utile, ou encore des besoins énergétiques plus importants.

Dans l’aérien et le maritime, les carburants de synthèse représentent un levier central. La France soutiendra leur production nationale pour répondre aux mandats européens à horizon 2030-2035.
 
Un appel à projets pour les utilitaires
Le gouvernement devrait lancer courant 2025 un nouvel appel à projets pour le déploiement de véhicules utilitaires légers à hydrogène. "A travers un soutien à l’achat de véhicules utilitaires légers en 2025, il s’agit de favoriser le développement technologique de piles à combustible et des réservoirs" fait savoir le communiqué du ministère.



Un maillage territorial autour des hubs industriels

Déjà impulsée par la précédente stratégie, la logique de hubs industriels structurants est confirmée. Des pôles comme Fos-sur-Mer, Le Havre, Dunkerque ou la Vallée de la Chimie accueilleront les premières unités de production et de distribution.

Le développement de réseaux locaux « intra-hubs » (environ 500 km de canalisations à terme) est prioritaire. Ils permettront d’interconnecter les producteurs, les consommateurs et les stockages. Le stockage en cavités salines est identifié comme une clé de voûte du système, apportant la flexibilité nécessaire aux électrolyseurs.


Un effort massif sur la formation

La SNH II accorde une attention particulière aux compétences. Le programme Compétences et Métiers d’Avenir mobilise 41,5 millions d’euros pour la formation de 50 000 personnes. En Bourgogne-Franche-Comté, le projet « École H2 » vise à structurer 90 cursus existants et à former la future main-d’œuvre de la filière.

L’objectif est de disposer, à horizon 2030, de personnels qualifiés sur l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’ingénierie à l’exploitation.

Un volet export renforcé

La stratégie française se dote aussi d’un bras international. Une enveloppe de 100 millions d’euros est mobilisée pour soutenir l’export d’équipements. Des conseillers hydrogène seront déployés dans certaines ambassades pour promouvoir les technologies françaises et accompagner les partenariats avec des marchés tiers.

"Après une période d’incertitude conjuguée à un contexte économique difficile qui a fragilisé l’écosystème et freiné les investissements, la stratégie révisée constitue bien plus qu’un signal positif. Elle apporte un cadre structurant et rassurant pour les acteurs de la filière comme pour les investisseurs" a réagi dans un communiqué Philippe Boucly, Président de l'association France Hydrogène.
 


Annonces