Traverser l'Alaska en quad à moteur hydrogène : le pari fou de cet aventurier

Traverser l'Alaska en quad à moteur hydrogène : le pari fou de cet aventurier
Source : FreePik
Plein de bonne volonté et avec la foi de l’aventurier, Jason Heap souhaite démontrer la viabilité de l’hydrogène pour la mobilité durable. Mais pas dans une architecture à moteur électrique. Plutôt avec un bloc essence adapté, associé au stockage solide de la molécule H2, à éprouver en Alaska, par des températures polaires.
 
Autant vous le dire tout de suite : Jason Heap est un personnage atypique que le parcours de vie rend crédible, même dans ses projets les plus incroyables. Il est donc de ceux qui doivent se battre pour être compris dans ses convictions et ses challenges. Un peu comme le fameux motard néo-zélandais Burt Munro qui a tout fait pour goûter du sel de Bonneville afin d’établir des records de vitesse dans les fifties et sixties avec une vieille moto Indian Scout préparée par ses soins.
 
Jason Heap, 45 ans, se classe lui-même « dans les pilotes un peu fous ». A 45 ans, il est actuellement skiman à la station de Gréolières-les-Neiges, dans les Alpes-Maritimes. S’il est né en Angleterre, c’est en France, sur la Côte d’Azur, qu’il s’est épanoui, dès ses 2 ou 3 ans. Il vous accueille donc en sa boutique avec l’accent du sud : « Je suis parfaitement bilingue, ce qui est idéal pour mon métier actuel ». En dehors des heures d’ouverture du magasin, il n’hésite pas à se donner bénévolement pour entretenir le décor de sa commune.
 

Prêt pour le froid…

Le métier de skiman est une étape dans la vie professionnelle de Jason Heap. Il sera peut-être VTC demain, du fait du dérèglement climatique qui prive de plus en plus de neige la station de Gréolières.
 
« J’ai envie d’aider les gens à conduire dans des conditions hasardeuses », lâche-t-il. Il y a quelques années, on le trouvait au volant de dépanneuses : « J’aimais bien ce boulot ». Mais il faut remonter plus loin dans le passé pour comprendre le degré de préparation de notre interlocuteur : « J’ai fait un parcours dans la sécurité internationale. J’y ai appris à affronter les tempêtes, mais aussi les températures extrêmes, aussi bien le grand froid que les grosses chaleurs ».
 
Jason Heap est-il un aventurier ? « J’aime repousser mes limites. Je suis un chasseur d’horizon : j’ai toujours envie de voir ce qu’il y a au-delà. Je pratique le quad depuis une vingtaine d’année. Seule la mer m’arrête. J’ai effectué avec cet engin des raids privés, mes Transalpages sur 7-8 jours, à cheval sur l’Italie, la France et la Suisse », nous répond-il. Avaler les kilomètres ne lui fait donc pas peur.


 

Bloc thermique hydrogène

Employer un quad à moteur thermique fonctionnant à l’hydrogène, c’est d’abord une idée de Jason Heap : « J’ai envie que soit créée une autre solution que l’électrique à batterie que je trouve polluant et destructeur de paysage pour extraire le lithium et les autres matières qui entrent dans la composition des cellules. Alors qu’il suffit de fabriquer et d’installer des électrolyseurs pour alimenter des moteurs thermiques adaptés ».
 
La vision d’un tel quad à moteur à combustion H2 rejoint celle de Christopher Sevilla. Ingénieur, il est cofondateur de la société bordelaise Flecs Hynnovation. Cette dernière soutient le développement de la mobilité à hydrogène vert en proposant diverses solutions, dont un stockage sous forme solide de la molécule H2.
 
« Ma rencontre avec Christopher est un pur hasard : j’aidais sa maman pour de petits travaux ou dans certaines corvées, comme celle de rentrer le bois de chauffage », commente-t-il. Des discussions entre les 2 hommes va se dessiner l’image d’un quad proto H2 capable de surmonter les grands froids polaires.
 

Trans-Alaska

« J’appelle Trans-Alaska l’autoroute construite dans les années 1970 par des compagnies pétrolières le long d’un pipeline. Mon raid suivrait cette voie, en partant d’Anchorage au sud de l’Alaska, pour rejoindre au nord Prudhoe Bay et Deadhorse au-dessus du cercle polaire. J’ai choisi de partir en hiver, au mois de février, quand les températures sont couramment de -15° C, et peuvent descendre autour des -50° C », explique Jason Heap.
 
Comment peut-on tenir par de telles températures ? « J’aurai besoin d’équipements spéciaux, dont des doudounes conçues spécialement pour affronter le froid polaire. Le quad tracterait une capsule de survie dans laquelle je pourrais me protéger. Sa surface permettra de placer les stickers des sponsors », réplique-t-il.
 
« Il est possible que cette remorque abrite aussi les réserves d’hydrogène en suffisance pour parcourir en 4-5 jours les 2 000 kilomètres aller et retour du voyage. Ce n’est pas encore défini. Il est possible aussi qu’un véhicule d’assistance m’apporte l’hydrogène. C’est avant tout le comportement du quad qu’il s’agit d’éprouver par le raid », précise-t-il.
 

Le Dakar ensuite ?

« Après la Trans-Alaska, je voudrais engager le même quad hydrogène au Dakar. Pas avec l’objectif d’être forcément dans les tout premiers, mais déjà d’arriver au bout de l’épreuve. L’idée est de lancer ce type d’engin avec une telle motorisation dans des rallyes bien connus », révèle Jason Heap.
 
Sur son site Internet, Flecs Hynnovation évoque d’ailleurs cet événement mythique, en imaginant pour cela dès 2024 un autre type de participation. Il s’agirait de : « porter l’hydrogène au plus haut en compétition sur le Dakar Future, avec une équipe experte très motivée, pilotée par des grands noms déjà couronnés de la discipline et soutenue par le Sport Marketing ».
 
L’entreprise bordelaise compte également apporter son savoir-faire pour des drones cargos, des avions légers, et des engins militaires. L’aventure ne s’arrêterait pas là pour Jason Heap : « D’autres projets sont dans les cartons après le Dakar, aussi fous, mais avec d’autres moyens de locomotion. Il est trop tôt pour en dire davantage. Ce sera peut-être aux Etats-Unis, en Europe, ou en Australie ».
 

En recherche de sponsors

En espérant pouvoir réaliser en 2024 ou 2025 sa Trans-Alaska, Jason Heap en est aujourd’hui à l’étape de la recherche des sponsors. « C’est nécessaire pour démarrer le projet. Rien que pour concevoir le moteur, j’ai besoin de réunir entre 200 000 et 250 000 euros. Il faudra ensuite construire le quad de A à Z. Ce qui nécessitera de trouver 150 000 à 200 000 euros supplémentaires. L’engin sera unique. Ce sera sans doute le quad le plus cher du monde », imagine son futur pilote.
 
La liste des dépenses se poursuit avec les équipements adéquats contre le froid polaire, l’assistance qui sera chargée d’effectuer aussi des relevés, l’envoi du quad aux Etats-Unis puis son rapatriement après l’aventure. L’enveloppe totale à constituer friserait ainsi le million d’euros. Nous lui transmettrons toute proposition en ce sens.
 
H2 Mobile et moi-même remercions beaucoup pour sa réactivité et sa disponibilité.
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