La demande en hydrogène explose, mais de gros obstacles entravent sa croissance

La demande en hydrogène explose, mais de gros obstacles entravent sa croissance
Les dernières prévisions quant à l’évolution de la demande en hydrogène soulignent sa croissance forte pour les deux décennies à venir. Pourtant, il y a un vrai risque à ce qu’elle ne puisse être satisfaite, compte tenu de la lenteur de délivrance des permis de construire et du manque de financement des opérations. C’est ce qui ressort du dernier rapport du cabinet de conseil McKinsey.
 
« Le gros problème aujourd'hui, c'est que beaucoup d'annonces sont faites, mais seulement 6 à 10 % parviennent à être financées ». Dans un article publié dans le Washington Post, Pierre-Etienne Franc, PDG de Hy24 (un fonds d'investissement axé sur l'hydrogène), résume parfaitement le hiatus auquel se heurte le secteur de l’hydrogène. Un marché énorme qui risque de ne pas éclore faute de soutien tant sur le plan économique que législatif.
 
Pourtant, le doute n’est pas permis. L’hydrogène fait partie des solutions incontournables pour décarboner nos activités. Le dernier rapport de McKinsey (lien en fin d'article) prévoit une multiplication par cinq de la demande en hydrogène, pour atteindre 600 millions de tonnes par an d'ici 2050. Mais en l’état, compte tenu des obstacles au développement du secteur, celui-ci ne serait en mesure de fournir qu’entre 175 et 291 millions de tonnes par an.
 

Des dispositifs de financement à faible taux d’intérêt doivent être créés

McKinsey a identifié trois principaux goulots d'étranglement : des coûts élevés, un manque d'accès au capital et des délais dans l'obtention des autorisations. 
 
Comme le souligne Pierre-Etienne Franc, « l'inflation, les matières premières, le coût de l'énergie ont tous un impact sur les investissements et sur l'approvisionnement en équipements. De plus, la hausse des taux d'intérêt a rendu plus coûteux le financement des grands projets d'infrastructure, et moins de personnes sont disposées à fournir de l'argent ». Pour lui, des dispositifs de financement à faible taux d’intérêt doivent être créés, faute de quoi les investissements ne se feront pas.
 

« Les régulateurs n'ont pas créé des règles du jeu équitables pour l'hydrogène »

Point de vue que partage Jason Cheng, PDG de la société de capital-investissement  Kerogen, qui précise que, compte tenu du contexte, « les investisseurs recherchent désormais des opportunités de rendement plus élevé du côté de l'éolien terrestre ou du solaire ».
 
Ces analyses peuvent paraître paradoxales alors que les incitations gouvernementales en faveur de l’hydrogène n’ont jamais été aussi importantes. Le World Platinum Investment Council estime que jusqu’à 300 milliards de dollars de subventions ont été mobilisés pour des projets liés à l’hydrogène, contre 50 milliards de dollars il y a deux ans. La semaine dernière, 7 milliards de dollars de subventions dédiées aux projets hydrogène aux États-Unis ont été annoncés par le ministère de l'Énergie. Mais cela ne suffit pas ! Comme le clame Margery Ryan (Johnson Matthey), « les régulateurs n'ont pas créé des règles du jeu équitables pour l'hydrogène ».
 
En cause, l’absence de mesures véritablement contraignantes pour forcer l’industrie à passer à l’acier vert, à l’ammoniac vert ou aux camions à hydrogène ; mais aussi le manque de soutien au développement des infrastructures de ravitaillement.
 

Les gouvernements doivent faciliter l’obtention de permis de construire

Un soutien réglementaire accru aiderait à construire ou à moderniser le réseau de pipelines pour transporter l'hydrogène. A ce sujet, un récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie indique que les délais de réalisation des projets actuels sont trop longs et peuvent constituer un obstacle à l’utilisation d’hydrogène propre. L’agence a exhorté les gouvernements à « s'efforcer de rendre les processus d’octroi de licences et de permis aussi efficaces que possible ».
 
La question des infrastructures est d’autant plus cruciale que, comme le souligne Bram Smeets de McKinsey, « les conditions idéales pour la production d'hydrogène propre ne sont pas nécessairement localisées en proximité des grands centres de demande ». Par exemple, le couloir éolien du Midwest américain, allant des Dakotas au Texas, est une région idéale pour produire de l’hydrogène. Mais les usines chimiques, acheteurs idéaux d’hydrogène, sont dispersées au loin, le long des côtes est, ouest et du Golfe. Pour répondre à la demande, il faut donc pouvoir construire des réseaux d’acheminement de l’hydrogène, et vite.
 
Comme le rappelle Margery Ryan, « le potentiel est absolument là, mais il s'agit de surmonter ces obstacles ». Les choix faits par les gouvernements dans les années qui viennent seront cruciaux pour l’avenir du secteur.
 
 
 
 

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