France : 1 000 stations et 350 000 véhicules hydrogène en 2030

France : 1 000 stations et 350 000 véhicules hydrogène en 2030
Afin de bien accompagner le développement des véhicules légers et lourds fonctionnant à l’hydrogène, il est nécessaire d’ouvrir aux bons endroits un nombre suffisant de stations d’avitaillement. C’est en ce sens que France Hydrogène et la Plateforme automobile (PFA) ont diffusé une modélisation réalisée avec le concours de l’institut de recherche technologique SystemX.
 
Qu’il s’agisse du biogaz, de l’électrique à batterie, de l’hydrogène gazeux, liquide ou cryogénique, le développement des solutions pour se passer de l’essence et du gazole est toujours confronté à la mise en place des infrastructures de ravitaillement en énergie. Et chaque fois avec en filigrane le fameux paradoxe de la poule et de l’œuf. En clair, faut-il d’abord que les véhicules compatibles soient disponibles sur le marché avant de lancer les réseaux, ou le contraire. Sachant que dans les 2 cas de gros investissements seront nécessaires, que des entreprises privées ne pourront pas supporter sans retours suffisants et relativement rapides.
 
Dans le cas de l’hydrogène, le démarrage, certes lent, a commencé il y a déjà quelques années par des nœuds d’usage ici et là. Ainsi en région parisienne avec les taxis Hype qui ont constitué une aubaine pour Toyota et Hyundai par exemple. Là, il fallait déjà les véhicules, la première station pouvant être créée avec un dimensionnement correspondant aux besoins privés. Lorsqu’une entreprise comme Air Liquide ou un territoire tel que la Vendée mettent en service des distributeurs d’hydrogène, c’est pour faire venir les véhicules.
 

Un scénario d’accompagnement

Avec des nœuds d’usage qui se multiplient en France, un soutien clair du gouvernement, des structures publiques qui s’approprient les objectifs, et des entreprises qui multiplient les offres autour de la mobilité hydrogène, nous sommes aujourd’hui à un stade où un réseau national d’avitaillement doit se constituer afin de répondre au développement du parc roulant. Pour l’électrique à batterie, la faible autonomie relative des véhicules complexifiait la situation. Avec l’hydrogène, plusieurs centaines de kilomètres de rayon d’action permettent d’avancer un peu plus sereinement.
 
S’il s’agit de toucher de plus en plus de professionnels qui vont se déplacer dans des zones à faibles émissions, le maillage va devoir être un peu plus dense autour d’elles. C’est avec le souci précis d’identifier les lieux d’implantation que France Hydrogène et la PFA ont réalisé leur « Modélisation des besoins en infrastructures de recharge hydrogène pour la mobilité terrestre en France ». Nous sommes aujourd’hui parvenus à un besoin plus net et précis d’accompagnement de l’arrivée des véhicules H2 par l’ouverture de stations. D’où cette démarche des 2 partenaires qui a commencé par une identification des zones d’implantation sur la base des besoins. Ils viennent de débuter la confrontation de leurs résultats avec la cartographie des projets déjà programmés, notamment pour le traçage de corridors dédiés.
 

Etape 2026

Dans leur modélisation, France Hydrogène et la Plateforme automobile ont fixé une étape à 2026. C’est proche, dans seulement 3 ans. Comme ils l’indiquent, à cette échéance, les véhicules hydrogène en circulation sur les routes de France seront principalement des modèles légers. Un parc de 50 000 engins est envisagé, dont 80 % d’utilitaires. Ils seront principalement en circulation dans les 43 zones à faibles émissions alors activées pour une mobilité plus vertueuse, en association avec les EPCI (Etablissements publics de coopération intercommunale) correspondants.
 
En hypothèse, 80 % de tous ces véhicules seraient en exploitation sur ces territoires. Pour l’avitaillement des 50 000 véhicules, 212 stations seraient en service, capables de répondre ensemble à une demande hebdomadaire de 408 tonnes d’hydrogène. Au minimum, chaque EPCI et assimilés accueillerait 2 sites, avec un taux d’usage d’au moins 50 %. La consommation des utilitaires s’étalerait sur 5 jours, contre 7 pour les voitures particulières.


 

Servir la demande

Au total, 731 communes ont été identifiées dans lesquelles une demande hebdomadaire plus ou moins importante en hydrogène pour la mobilité serait formulée. Dans 5 d’entre elles, le niveau dépasserait les 4,8 tonnes à la semaine.
 
Dans la majorité des communes (582), la demande serait cependant bien plus modeste, comprise entre 100 et 500 kg. Entre ces 2 extrêmes, 2 tranches intermédiaires : un besoin de 500 à 1 600 kg d’hydrogène par semaine dans 106 communes, et de 1 600 à 4 800 kg dans 38 autres.
 
A noter que le rayonnement retenu par les rédacteurs de la modélisation est de 20 kilomètres autour des stations. A partir de l’évaluation des demandes, France Hydrogène et la PFA ont classé les 212 stations en 5 niveaux d’offre : 98 sites capables de distribuer individuellement 200 kg d’hydrogène par jour, 66 pour 400 kg, 33 pour 800 kg, 2 pour 1 000 kg et 12 pour 2 000 kg.
 

L’exemple de la métropole de Lyon

Dans leur document de 20 pages, les partenaires ont cité en exemple le cas de la métropole de Lyon. Avec 777 000 véhicules légers en circulations sur le territoire en 2021, ils retiennent 2 445 unités fonctionnant à l’hydrogène, dont 1 998 utilitaires et 453 voitures particulières. Ce qui se traduirait par une demande hebdomadaire de 20 164 kg d’hydrogène ou journalière de 3 945 kg.Dans certaines zones chargées, les besoins sont circonscrits entre 500 et 1 600 kg de gaz par semaine. Dans d’autres, elles sont cantonnées à la tranche 100-500 kg.

Pour répondre à ces projections, 7 stations : 2 dimensionnées pour distribuer individuellement 200 kg d’hydrogène par jour, 3 pour 400 kg, 1 pour 800 kg, et 1 dernière pour 2 000 kg. A noter que les chiffres pour les besoins ont été calculés en tenant compte des kilométrages annuels des véhicules et des consommations fournis par la Plateforme automobile.

 

Objectif 2030

En 2030, la modélisation présente une mobilité hydrogène bien différente. Pour les véhicules légers, on passerait à 341 000 unités, avec une part plus importante encore d’utilitaires (86 contre 80 % en 2026). Ce qui ferait tomber les voitures particulières à 14 %. La répartition tend à s’homogénéiser avec plus que 60 % d’engins dans les zones associées aux EPCI, contre 80 % en 2026. Le reste - 40 % - se répandrait à nouveau dans le reste de la France.
 
Avec respectivement une part de 16 et 14 %, 2 régions présenteraient des besoins supérieurs. Sans surprise, il s’agit de l’Île-de-France avec une demande hebdomadaire d’hydrogène pour la mobilité de 485 tonnes, et de l’Auvergne-Rhône-Alpes (410 t). En lanternes rouges : Bourgogne-Franche-Comté (3 %, 99 tonnes) et Centre-Val-de-Loire (4 %, 121 t).


 
Pour les 13 régions confondues, c’est-à-dire la France entière, les besoins s’élèveraient à environ 3 000 tonnes d’hydrogène par semaine fléchées véhicules H2 légers. Pour y répondre, 747 stations, avec une part beaucoup plus importante pour celles permettant de délivrer 2 000 kg de gaz par jour. Elles seraient alors au nombre de 151.
 
On trouverait encore pas mal de sites bien plus modestes : 290 établissements à 200 kg par jour et 181 à 400 kg. Ces stations se répartiraient alors dans 3 748 communes. Aux extrêmes, 68 d’entres elles demanderaient individuellement plus de 4 800 kg d’hydrogène par semaine, quand le plus grand nombre (2 938) resterait avec un besoin compris entre 100 et 500 kg.


 

Les poids lourds

Concernant les poids lourds, le nombre de stations prévues par la modélisation, et respectant les obligations du règlement européen Afir, passerait de 36 en 2026 à 168 à l’échéance 2030, capables de sortir alors 1 700 tonnes d’hydrogène par semaine.
 
Jetées en dehors du cœur des agglomérations, elles satisferaient 59 % de besoins locaux, et 41 % en transit. Pour ces établissements, un dimensionnement à 3 niveaux : 1 200 kg de gaz H2 par jour (61 sites, contre 28 en 2026), 2 000 kg/jour (38 vs 7), et 4 000 kg/jour (69 vs 1).
 
Le nombre de communes concernées s’élèverait à 165, dont 7 avec des demandes élevées comprises entre 13 800 et 38 000 kg par semaine. La majorité des communes afficheraient des besoins circonscrits dans une tranche 3 200-7 500 kg/semaine. Entre les 2 : 23 établissements.
 
Le tout servirait un parc de 11 700 poids lourds de plus de 16 tonnes, dont 2 900 camions porteurs (2 100 immatriculés en France + 800 venant du reste de l’Europe) et 8 800 tracteurs routiers (6 400 français + 2 400 Europe). Pour comparaison et explicitation, dans un corridor comme le TEN-T, il circule sur la portion française 38 % de véhicules venant d’Europe hors France.

 
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