H2Gremm : De l'autoconsommation à la petite mobilité hydrogène

H2Gremm : De l'autoconsommation à la petite mobilité hydrogène
A la réunion du Cluster hydrogène de l’Ouest, programmée mardi 4 avril 2023 au GNFA de Ploufragan, près de Saint-Brieuc, Alain Rocheux, cofondateur de H2Gremm, était dans l’assistance. L’occasion pour nous de lui donner la parole sur l’activité de son entreprise, en particulier concernant le volet mobilité.
 
L’objectif principal de la société H2Gremm officiellement fondée en juillet 2019, et installée dans le Finistère à Edern, est de développer une solution d’autoconsommation énergétique et éco-responsable des bâtiments. Elle s’appuie d’abord sur l’énergie solaire, comme le confirme une vidéo d’environ 2 minutes publiée sur Youtube.
 
Au cœur du système, l’hybridation du stockage. « Une batterie répond à l’intermittence quotidienne de la production solaire, et l’hydrogène à l’intermittence saisonnière », nous explique Alain Rocheux. « Les batteries offrent un bon rendement, mais pas une très bonne capacité de recharge dans la durée. Avec l’hydrogène, le mode de production électrique est moins efficace, mais l’énergie peut être conservée sur une longue durée. Les 2 sont complémentaires », développe-t-il.

A l’échelle de l’habitat, la solution mise eu point par H2Gremm apporte l’énergie nécessaire pour l’alimentation électrique et la production de chaleur, 24 heures sur 24 et 365 jours par an. Ce principe d’hybridation solaire/hydrogène se cache d’ailleurs dans le nom même de l’entreprise. A partir du vocabulaire breton, « Heol » (le soleil) et « Hidrogen » (pas la peine de traduire) ont donné « H2 ». Et « Gremm » signifie « Energie ».


Le principe

Si H2Gremm s’est intéressé au solaire comme source verte, c’est parce que cette énergie, « bien qu’intermittente, est la plus facile à capturer ». Dans sa démarche éco-responsable, l’entreprise a choisi d’appuyer son système sur des batteries sans lithium. L’exposition solaire est moindre en hiver par rapport à l’été. C’est donc lorsque l’ensoleillement est maximal que le dispositif hydrogène se régénère, afin d’apporter le complément de la production solaire lorsque les journées sont les plus courtes, en fonction de la demande électrique et thermique.
 
Que se passe-t-il concrètement en phase de production solaire excédentaire ? Un premier circuit aboutit à un onduleur pour alimenter la maison en électricité et à une pompe à chaleur. Reliée à un ballon d’eau chaude, cette dernière amène le confort thermique (eau chaude sanitaire et chauffage par circulation dans des radiateurs). Le surplus régénère la batterie et un électrolyseur qui permet de stocker de l’hydrogène. Pour les jours d’hiver en particulier, le dispositif H2 compte une pile à combustible également reliée à la pompe à chaleur et à l’onduleur. « De juillet à septembre prochains, plusieurs démonstrateurs seront mis en service avec notre concept de base pour l’habitat », a souligné le cofondateur de H2Gremm.


 

Transfert à la mobilité

« Notre dispositif d’autoconsommation pour l’habitat peut également permettre d’alimenter la mobilité électrique à batterie et à pile hydrogène pour un appoint quotidien », souligne pour nos lecteurs Alain Rocheux.
 
Ce n’est pas tout : « Il manque actuellement des solutions pour alimenter la petite mobilité hydrogène. Ainsi pour des flottes de vélos, des scooters et des chariots élévateurs. Notre solution domestique est transférable à la mobilité ». C’est d’ailleurs ce que l’entreprise a réussi à démontrer en fin d’année dernière sur l’île d’Ouessant. En décembre 2022, 5 vélos à assistance électrique alimentés par une pile à combustible, les fameux modèles Alpha de Pragma Industries, ont été mis à la disposition des habitants, et notamment du maire Denis Palluel.
 
« Pour effectuer le plein, nous avions amené sur place une petite unité de production, compression et distribution d’hydrogène. Le tout tenait dans un bloc de 80 x 80 cm chargé sur une remorque ». Et pour l’alimentation de l’électrolyseur ? « Nous étions branchés en direct avec l’hydrolienne Sabella » immergée dans le passage de Fromveur. Là où les courants peuvent se montrer parfois très violents.
 
Concernant cette expérimentation, Alain Rocheux souhaite être très clair sur les motivations de son entreprise : « Nous n’étions pas du tout là dans une démarche commerciale, mais dans un esprit de découverte. Nous avions commencé par donner une conférence de presse, à la suite de laquelle les habitants sont venus voir notre station. Nous avons observé des réactions diverses, plutôt ouvertes et positives. Ce que les îliens ont en particulier apprécié, c’est de voir comment il est possible de produire de l’électricité avec de l’hydrogène ».
 
Quelques craintes ont parfois été exprimées : « Quelqu’un a lâché : ‘Ce vélo, c’est de la bombe !’. On a tous plus ou moins peur de l’inconnu. Il faut en parler, pour passer du stade ‘inconnu’ de celui de ‘connu’. Les craintes s’effacent ensuite ».
 
Cette attitude évolutive, le cofondateur de H2Gremm la connaît bien : « Les craintes concernant l’hydrogène étaient assez palpables quand nous avons créé notre entreprise il y a 3 ans et demi environ. Concernant les risques, la mentalité des gens a évolué depuis. Ils sont plus nombreux désormais à savoir qu’ils sont limités ». Comme avec les voitures fonctionnant à l’essence, finalement.
 

Partenariat avec Pragma Industries

Sans doute nos lecteurs se souviennent-ils de l’interview que nous avions réalisée en ce même mois de décembre 2022 de Pierre Forté, dirigeant fondateur de Pragma Industries. Il avait alors annoncé une solution de recharge en hydrogène pour ses deux-roues électriques à pile H2, et notamment les futurs scooters, qui a été révélée en février lors du salon HyVolution.
 
Elle devait pouvoir être implantée dans l’espace public, et notamment à Paris, évitant ainsi de multiplier les bornes de recharge pour les modèles à batterie. Atawey s’étant affranchi du créneau de la petite mobilité, il fallait bien trouver de nouvelles entreprises capables de proposer des stations pour produire et/ou distribuer de l’hydrogène. « C’est partiellement pour les besoins de Pragma Industries que nous avons développé cette solution de production d’hydrogène destinée à la petite mobilité. A notre initiative, l’expérimentation à l’île d’Ouessant a aussi été un moyen de donner davantage de visibilité à leurs vélos, mais également de permettre à Sabella de montrer qu’il est possible de produire de l’hydrogène avec leurs hydroliennes », commente Alain Rocheux.
 

 

Des projets dans les cartons

H2Gremm est une entreprise qui se veut dynamique. Pour preuve également sa présence dans le Cluster hydrogène de l’Ouest. L’entreprise finistérienne travaille actuellement sur un projet plus important dont elle communiquera quelques informations à l’heure venue.
 
Pour le 22 septembre 2023, le groupe piloté par la chambre de commerce et d’industrie des Côtes-d’Armor, et animé par Francis Gasnier que nous avons également précédemment interviewé, a programmé un événement majeur. Baptisé « The BrittanHY Day », il se déroulera au parc des expositions de Saint-Brieuc. Entre les projets hydrogène du territoire et ceux mensés à l’échelle nationale, la mobilité tiendra une place importante, depuis vélos jusqu’aux poids lourds, en passant par les engins de logistique et de chantiers, ainsi que les bateaux.
 
H2-Mobile et moi-même remercions Alain Rocheux pour sa disponibilité, et Francis Gasnier pour nous avoir permis d’assister à la réunion du 4 avril dernier.
 
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