H2Ships : Bientôt des péniches à hydrogène sur la Seine ?

H2Ships : Bientôt des péniches à hydrogène sur la Seine ?
D’abord en vue de former une boucle vertueuse semi-locale puis interrégionale pour l’environnement, ce sont des péniches assurant actuellement le transport de déchets pour le Syctom d’Ile-de-France qui s’apprêtent à être remplacées par des modèles alimentés en hydrogène par l’incinérateur Isséane implanté sur le territoire d’Issy-les-Moulineaux (92). Un scénario qui entre dans le cadre du programme H2Ships.
 

Réduire les émissions liées au transport des déchets

Selon les chiffres du ministère de la Transition écologique et solidaire, et repris par le Syctom Paris, un convoi fluvial qui transporte 5.000 tonnes de déchets supprime 250 camions des routes du territoire. Et ce, en émettant en moyenne 3 à 4 fois moins de CO2. Puisqu’il s’agit de traiter les rebus et ordures de façon de moins en moins nocives pour l’environnement et la santé publique, autant en profiter pour réduire encore les rejets carbonés et de polluants dans l’atmosphère. C’est en tout cas l’avis de ce syndicat mixte spécialisé dans le traitement et la valorisation des déchets ménagers et assimilés, à la tête d’une flotte d’une soixantaine de péniches.
 

H2Ships

Avec l’objectif d’expérimenter l’hydrogène comme carburant alternatif dans le transport fluvial pour réduire les émissions de CO2 et de particules fines, H2Ships est doté d’une enveloppe de 12 millions d’euros, dont 7 millions sont réunis dans le cadre du programme Interreg.

Ce dernier vise à promouvoir la coopération entre les régions européennes en matière de recherche de solutions pour le transport urbain, rural et côtier sur fond de développement économique et durable. Trois opérations-pilotes sont suivies par le programme H2Ships, dont celle portée par le Syctom Paris et les partenaires français EDF, Haropa-Ports de Paris, la ville d’Issy-les-Moulineaux, les Bateaux parisiens, Cemex granulats, et la Caisse des dépôts et consignations d’Ile-de-France.
 

Opérationnel en 2022 ?

Si le Syctom Paris a programmé la mise à l’eau de ses premières péniches à hydrogène en 2021, le fonctionnement du démonstrateur comprenant la production d’hydrogène devrait être opérationnel en 2022. Le gaz serait obtenu par électrolyse à partir de l’électricité verte produite par l’incinérateur Isséane. L’avitaillement des péniches en gaz s’effectuerait ainsi sur les berges de la Seine, à hauteur d’Issy-les-Moulineaux.

La boucle vertueuse de la mobilité fluviale hydrogène passe par cette étape où les péniches acheminent des déchets, ainsi qu’à 2 autres incinérateurs en Ile-de-France (Saint-Ouen et Ivry/Paris XIII), mais récupèrent aussi le mâchefer issu de la combustion pour les acheminer jusqu’au Havre (76) ou vers la Marne. Ce sont environ 275.000 tonnes de ce résidu qui ont été ainsi pris en charge par la flotte fluviale de l’Agence métropolitaine des déchets ménagers.
 

Astrid

Le Syctom est également engagé dans le programme Astrid (Axe Seine transferts régionaux innovants des déchets) dans une approche en réseau pour optimiser le transport de ses charges. On y retrouve en particulier, parmi les corridors maritimes concernés, celui qui mène de la région parisienne aux grands ports de Seine-Maritime de Rouen et du Havre. Le développement de ce projet fait suite à un appel à manifestation d’intérêt sur la période 2015-2020 et intitulé « Transition écologique et valorisation économique ».

Avec l’Ademe et les 2 régions concernées, il s’agit de bâtir un schéma de transport fluvial plus rationnel entre les centres de tri ou de traitement franciliens et les sites de valorisation en Normandie. La navigation hydrogène n’est pas consignée dans le cahier des charges d’Astrid, mais les résultats obtenus par le Syctom Paris pourraient bien faire se rejoindre à l’horizon les 2 programmes.
 

Tourisme fluvial

Si le Sytcom est un acteur clé du bon déroulement de la partie française du programme H2Ships, le tourisme fluvial à Paris est au cœur de l’opération, en complément des 2 autres volets européens. L’équipe néerlandaise se concentre sur la réalisation d’une motorisation hydrogène pour bateaux de fret. En Belgique, il s’agit de mettre en place un système d’avitaillement en gaz H2 offshore pour le transport maritime.

Les résultats de cet ensemble tripartite seront mis en perspective au bout de 3 ans de développement. C’est le même point de distribution d’hydrogène situé au niveau de l’incinérateur Isséane, flanqué d’une unité de stockage, qui servira à l’approvisionnement en gaz des péniches et autres vedettes parisiennes de tourisme dont la motorisation aura été adaptée.
 

Proche de la maturité industrielle

Sur le site de Haropa-Ports de Paris, son responsable des affaires européennes et internationales, Cédric Virciglio, indique au sujet de la navigation hydrogène : « La propulsion hydrogène est proche de la maturité industrielle et fait partie des solutions prometteuses pour décarboner sensiblement le transport par voie d’eau. Son adoption nécessite une infrastructure spécifique, proche des utilisateurs finaux. Des trajets prévisibles et la proximité avec d’autres industries rendent le transport maritime et fluvial particulièrement adapté à l’hydrogène. Le coût de la propulsion par hydrogène est aujourd’hui plus élevé que celui du fuel, mais à terme, cette énergie pourrait s’avérer compétitive et vertueuse. En plus d’être silencieuse, son utilisation permet d’améliorer de façon significative la qualité de l’air et de l’eau ».
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