Comment les ports préparent la révolution hydrogène

Comment les ports préparent la révolution hydrogène
Programmée dans le cadre de Meet4Hydrogen, la conférence HyPorts jette l’éclairage sur les zones portuaires qui sont désormais perçues en points stratégiques pour le développement massif des usages de l’hydrogène. Jeudi 2 décembre dernier, un webinaire dévoilait en 2 heures les directions qui seront prises les 26 et 27 janvier 2022.
 
Derrière le programme HyPorts qui se déroulera au Palais des Congrès Neptune de Toulon se retrouvent la CCI du Var, France Hydrogène, le Cluster Maritime Français, Capenergies et le Pôle Mer Méditerranée. La conférence éponyme à suivre le mois prochain a pour objectif d’éclairer sur les enjeux maritimes, fluviaux et portuaires de l’Hydrogène. Et plus globalement d’indiquer en quoi ces zones constituent des boosters pour l’adoption à grande échelle de l’hydrogène dans les territoires. Le rôle du webinaire HyPorts organisé presque 2 mois avant Meet4Hydrogen était de présenter un aperçu de toutes les richesses de la conférence à venir afin de susciter de nouvelles inscriptions pour fin janvier.

HyHamburg

Localisé dans le nord de l’Allemagne, le programme HyHamburg cherche à établir sur un territoire qui compte 1,8 millions d’habitants, et même plus largement 5,3 millions d’âmes en raisonnant à l’échelle de la métropole, tout un écosystème de l’hydrogène pour un usage plus particulièrement industriel.
 
Le port de Hambourg est le troisième d’Europe en ce qui concerne le trafic de conteneurs. Il abrite toute une industrie maritime, des énergies renouvelables, de l’aviation, de la logistique, etc. Une configuration qui rend très intéressant le développement de l’usage de l’hydrogène sur place.
 
Le territoire bénéficie de la proximité avec 5 établissements universitaires majeurs. Par leurs recherches sur les énergies, ils contribuent à mettre en place des réseaux et des coopérations aussi bien à l’échelle régionale qu’internationale (Norvège, Islande, Pays-Bas, Ecosse, Japon, Arabie saoudite) au service du développement durable.
 
Hambourg figure parmi les membres de l’alliance européenne pour l’hydrogène propre. Le territoire était déjà engagé dans le développement de l’hydrogène avant que le pays ne lance sa stratégie nationale H2. Pourquoi ? Parce que les activités qu’il supporte obligeaient à importer des volumes toujours plus importants d’hydrogène pour répondre aux besoins industriels. Hambourg participe également au programme HY-5 avec 4 autres territoires (Basse-Saxe, Brême, Poméranie de l’Ouest, Schleswig-Holstein) afin de hisser le nord de l’ Allemagne en zone la plus dynamique pour la croissance de l’hydrogène vert. Hambourg compte en particulier s’appuyer sur les énergies renouvelables (éolien, solaire) terrestres (22 000 MWh) et offshores (7 500 MWh) pour obtenir massivement ce produit à travers ses 100 MW d’électrolyseurs.
 
La zone est maillée avec 60 kilomètres de pipelines dédiés, et 62 projets H2 IPCEI sont en cours de déroulement. Une enveloppe de 520 millions d’euros est mobilisée pour cela. Parmi les programmes en cours : Hydrogen Alliance Hamburg, Hamburg Green Hydrogen Hub, et HHLA H2Load. Ce dernier prévoit, entre autres, l’introduction d’une flotte de 100 véhicules industriels alimentés à l’hydrogène vert. Responsable d’affaires chez Hamburg Invest, c’est Nina Alswede qui a présenté tout cet écosystème. Son agence de développement économique pour la ville allemande s’offre en support aux porteurs de projets H2.
 

Les 7 bassins français de l’hydrogène

Chargé de mission chez France Hydrogène, Thomas Gauby a rappelé les grandes lignes de la trajectoire hydrogène pour 2030, avec une projection à 2040. A ces étapes, la demande pourrait être respectivement de 680 puis 2 590 kt par an selon le scénario le plus contenu, mais de 1 090 et 3 730 kt/an avec le plus ambitieux. La part dédiée à la décarbonation de la mobilité s’intensifiera-t-elle face à celle bénéficiant au secteur industriel. C’est possible.
 
Sept bassins géographiques principaux concentreraient 85 % de la consommation. Ils sont localisés dans le Sud-Ouest, le Grand Ouest, la Vallée de la Seine, le Nord, Moselle-Rhin ainsi que dans les secteurs méditerranéen et rhônalpin. Ils bénéficieraient, entre autres, de 6,5 à 10 GW d’unités de production d’hydrogène vert, de près de 685 km de canalisation pour son transport, de 15 à 20 kt de capacité de stockage souterrain, de 800 à 1 000 unités de stockage mobile, et de 1 000 à 1 700 stations H2.
 
Ces régions mises au jour dans l’étude de France Hydrogène ont été identifiées grâce au nombre et à la taille des projets qu’elles portent dans ce domaine. Elles sont pour la plupart desservies par des ports maritimes et/ou fluviaux. Cette concentration se traduit par une proximité des programmes qui laissent espérer des mutualisations possibles afin de réduire les coûts. Le parti pris français est de privilégier le développement de l’hydrogène sur des écosystèmes territoriaux qui regroupent localement la production, la distribution et la consommation. Les zones portuaires s’y prêtent tout particulièrement. Les rédacteurs de l’étude se sont intéressés à la situation de 7 ports très impliqués et ont calculé leur part dans les 2 scénarios.
 
Concernant la consommation, les 7 bassins représenteraient 35 % des objectifs 2030 pour le plus contenu. Avec : 155 000 tonnes d’hydrogène pour l’industrie + 45 000 t pour les mobilités + 20 000 t pour les réseaux et systèmes énergétiques. Avec le plus ambitieux, les chiffres grimpent à 55 % (395 000 + 100 000 + 120 000 tonnes). Même les écosystèmes portuaires les plus modestes afficheraient une consommation de 1 000 tonnes d’hydrogène par an, soit les besoins pour 150 bus. Selon leurs 3 typologies principales, les ports joueront des rôles différents dans le développement de l’hydrogène, avec des volumes plus ou moins importants en jeux, nécessitant des investissements en rapport de la part des différents acteurs de la filière.


 

Bassin hydrogène Marseille-Fos

La conférence HyPorts offrira son cadre à la présentation du bassin hydrogène de Marseille-Fos, l’un des 7 identifiés par l’étude de France hydrogène. Directrice générale de Capernergies, Anne-Marie Perez a donné les grandes lignes de ce sujet qui sera aussi développé les 26 et 27 janvier prochains. Elle a d’abord insisté sur le positionnement géographique singulier et stratégique du territoire, comme porte d’accès de 2 corridors pour poids lourds (méditerranéen et Mer du Nord - Méditerranée) du réseau TEN-T.
 
« C’est une zone qui va se convertir dans un hub très important de production et d’utilisation d’hydrogène décarboné », a-t-elle assuré. Véritable nœud logistique, Marseille-Fos est le premier port français et le 3e pour les hydrocarbures au niveau mondial. Son périmètre accueille 2 raffineries et la bioraffinerie de TotalEnergies, sans compter les 2 sites qu’il alimente par pipeline ailleurs en France et en Suisse. On y trouve aussi 2 terminaux méthaniers.
 
Le port de Marseille-Fos supporte des activités industrielles très diverses. Il constitue aussi un carrefour des mobilités terrestres, aériennes, fluviales et maritimes. Cette configuration explique pourquoi ce bassin s’active à développer l’hydrogène qui permettra de décarboner le tout. Sur le territoire sont déjà produites 16 000 tonnes/an d’H2 par électrolyse de saumure. Le port dispose de champs photovoltaïques (+ 6,4 GW en 2030 avec le programme S3REnR) et de parcs éoliens terrestres qui vont être complétés par de nouveaux sites, dont des sites offshores (projet EOSF/H2 - O’Pharm). En outre, Manosque pourrait apporter ses cavités salines pour stocker de l’hydrogène de façon importante. Cette configuration est un gage pour la sécurité de l’approvisionnement en hydrogène vert. Grâce à des organismes comme Capernergies et l’association Piicto, les industriels installés dans l’espace de Marseille-Fos vont bénéficier d’une certaine mutualisation des équipements qui se traduira par une baisse des coûts du kilo de gaz H2.
 

Cluster maritime français

Le développement de la navigation maritime à hydrogène repose sur 3 piliers, qu’a présentés Emmanuel-Marie Peton, responsable innovation et transformation pour le Cluster maritime français. Le premier concerne toute la recherche académique, les travaux de R&D, et les études en amont. Il s’agit là de répondre à ces questions : « Qu’est-ce qui nous manque ? Qu’est-ce qui justifie l’utilisation de telle ou telle énergie ? Qu’est-ce qui va nous permettre d’étayer les choix technologiques ? Qu’est-ce qui va permettre à des financeurs de comprendre les critères d’analyse de telle technologie dans laquelle investir ? ».
 
Le second pilier correspond à toute l’intégration des innovations. Concernant par exemple les réservoirs à hydrogène, l’hybridation avec des piles à combustible, les moteurs thermiques H2. L’idée est d’aboutir à des démonstrateurs témoignant de ce qu’il est possible d’intégrer comme technologies dans les navires. Vient ensuite la question du déploiement qui constitue le dernier pilier et qui concerne aussi les lieux où s’opérera cette transition. Ainsi les ports, en particulier.
 

Une feuille de route ambitieuse et partagée ?

L’intervention du cluster maritime à la conférence HyPorts consistera en particulier à indiquer où en sont les utilisateurs. Par exemple les armateurs qui s’intéressent déjà aux navires H2 et qui ont pu accéder à des démonstrateurs. Ils sont déjà plusieurs à avoir lancé leurs propres études sur l’avenir de l’hydrogène et des autres énergies dans le transport maritime.

Que sont-ils prêts à mettre en œuvre aujourd’hui ? Le point de vue des équipementiers sera également révélé. Notamment en travaillant déjà sur l’optimisation globale des bateaux qui va permettre, par exemple, de résoudre le problème du stockage de l’hydrogène à bord. Avec une efficience renforcée grâce à un nouveau design, les besoins de stockage seront moins importants. Enfin, concernant la transition du transport maritime, vaut-il mieux des démonstrateurs et des développements dans tous les coins, ou une feuille de route ambitieuse et partagée ?
 

Programme HyPorts

Toutes ces interventions, aussi riches soient-elles déjà, ne constituent qu’une partie bien intéressante d’un ensemble qui sera détaillé et étoffé de façon plus dense et plus complète. La conférence HyPorts est le fruit d’une réflexion de plusieurs mois avec de nombreux acteurs concernés par le développement de l’hydrogène pour des applications maritimes, fluviales et portuaires. L’événement souhaite mettre en avant les partenariats entre territoires industriels, laboratoires, institutions et financeurs. Des acteurs comptent se rendre disponibles avec les nouveaux porteurs de projets français et leurs homologues à l’international. Pour les encourager, HyPorts veut jeter l’éclairage sur les programmes déjà aboutis, mais aussi les bassins qui s’activent à développer la production d’hydrogène décarboné à grande échelle.
 

Sessions verticales et keynotes

Sept sessions verticales sont programmées : Financement, Industries, Production/Import, Stockage/Distribution/Avitaillement, Manutention et mobilités intensives (exemple : les corridors pour les camions), Vision des armateurs sur les navires H2, et Les réponses de technologues et industriels. Deux keynotes complèteront le programme des 26 et 27 janvier. La première sera animée par Victorien Erussard, à l’origine de l’environnement concret et exploitable qui découle d’Energy Observer. Philippe Muguerra dirigera la seconde, où il sera question des sources d’énergie et de leurs infrastructures pour une production verte de l’hydrogène. A noter que des rendez-vous d’affaires seront également accessibles avec HyPorts.
 
Inscription sur le site https://meet4hydrogen.com/.
 
 
 
 
 
 
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