Etude : Du Golfe à l'Europe, un gigantesque pipeline pour l'hydrogène

Etude : Du Golfe à l'Europe, un gigantesque pipeline pour l'hydrogène
Une étude réalisée par les groupes Rina et Afry montre que le transport d’hydrogène peu carboné via gazoduc entre les pays du Golfe et l’Europe serait réalisable.
 
Si Rina propose ses services dans les secteurs de l’énergie, des transports, des infrastructures et de l’industrie, la société Afry, elle, s’occupe de l’ingénierie, de la conception et de donner de précieux conseils sur des technologies d’avenir. Ensemble, les deux structures se sont posé la question d’un possible développement d’un réseau transportant de l’hydrogène entre les pays du Golfe et l’Europe.
 

Pourquoi cette idée ?

Cette étude n’a pas été réalisée dans le vent. Elle tient son origine de plusieurs problématiques. D’une part, la transition énergétique oblige les États producteurs d’énergies fossiles à diversifier leurs sources de revenus. Ces combustibles sont sujets à une demande décroissante qui deviendra trop faible d'ici à 2035 pour que tous les pays en tirent encore profit.
 
D’autre part, la guerre entre l’Ukraine et la Russie crée une faille considérable dans l’approvisionnement en énergie de l’Europe, qui comptait notamment sur le gaz naturel russe. Le continent va devoir combler ce manque autrement.
 
Une troisième raison est l’objectif européen d’atteindre une neutralité carbone d’ici 2050. Pour cela, l’Union devra réduire ses importations de pétrole et de gaz naturel.
 

Des solutions, il y en a déjà

Les discussions autour du transport d’hydrogène en Europe ne sont pas une nouveauté, elles sont même au cœur de l’actualité. On y retrouve des projets comme les hydrogéniers, des navires capables d'acheminer l' hydrogène liquide sur de longues distances ; une « dorsale hydrogène » au sein du vieux continent regroupant différents projets de pipelines comme H2Med, qui prévoit de relier la France et l’Espagne ; mais aussi le gazoduc entre l’Europe et l’Afrique du Nord imaginé par les sociétés Eni et Sonatrach.


 

Un complément

S’il existe déjà des réseaux d’approvisionnement et de nombreux projets, ils demeurent pour le moment insuffisants pour atteindre les objectifs de neutralité climatique européenne. L’étude réalisée par Rina et Afry montre qu’il faudrait une croissance de distribution de l’ hydrogène vert ou bleu deux fois plus rapide que celle du gaz naturel sur ces 5 dernières décennies. Et l’Europe aurait du mal à y parvenir seule. Ainsi le projet du pipeline golfo-européenne ferait office de complément aux solutions déjà existantes.
 

Jusqu’à 2.5 millions de tonnes d’hydrogène par an

Le gazoduc relierait le Qatar à l’Europe. Il passerait par des points clés comme Riyadh et Yanbu en Arabie Saoudide, puis longerait la mer Rouge jusqu’à atteindre la ville de Port-Saïd en Égypte et rejoindrait la Grèce.
 
Une fois arrivé en Europe, plusieurs routes d’environ 2 500 km se dessinent afin de parvenir aux lieux stratégiques de réception de l’hydrogène. Le gazoduc permettrait de véhiculer 100 TWh, soit 2,5 millions de tonnes d’hydrogène par an. Le transport couterait 1,2 €/kg d’H2, les pays du Golfe l’acheminerait pour 2,7 €/kg dans les 10 prochaines années, puis le prix pourrait potentiellement baisser jusqu’à 2,3 €/kg sur le long terme.
 
En développant un tel accord entre l’Europe et les Pays du Golfe, ces derniers deviendraient des acteurs majeurs dans le secteur de l’hydrogène. Un rôle non négligeable dans la transition énergétique pour rester compétitif économiquement. 




 

Les difficultés

Un tel projet n’est pas sans difficulté. Outre l’aspect financier, c’est le côté politique qu’il va falloir prendre en compte. En effet, le gazoduc passerait par de nombreux pays, chacun espérant en tirer un avantage économique. Il faudra donc de bonnes négociations et des accords intéressants pour toutes les parties. Certains États présentent des insécurités politiques. On y craint le renversement du gouvernement, la présence du terrorisme ou encore des risques d’attaques opportunistes. Les pays frontaliers en conflit sont aussi une source de problème quant au succès et à la sûreté de l’installation.
 
Au-delà même de l’économie et de la politique, il faudra aussi prendre en compte les évènements naturels tel que les séismes, la situation tectonique des territoires relais, et la sécheresse. En effet, l’hydrogène vert se fait par électrolyse, et le réchauffement climatique qui raréfie l’eau menace les pays producteurs concernés par le projet. Ce qui pourrait compromettre la rentabilité à long terme de ce dernier.
 
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