En Vendée, l'hydrogène vert devient réalité

Mis à jour le 02.10.2021 à 09:35
En Vendée, l'hydrogène vert devient réalité
Syndicat vendéen de l’énergie, le SyDEV poursuit sa feuille de route pour la promotion des énergies renouvelables produites et distribuées sur le territoire. La station multi-énergies qui sera bientôt en service à La Roche-sur-Yon proposera du bioGNV, de l’électricité et de l’hydrogène verts.
 
Il y a encore peu, la tendance concernant les énergies alternatives pour la mobilité était de proposer des stations exclusivement dédiées à l’une ou l’autre. Ainsi des sites plus ou moins importants pour la recharge rapide des véhicules électriques, des établissements réservés à l’avitaillement en gaz naturel, et quelques points de distribution d’hydrogène.
 
Désormais, c’est le modèle des stations-service classiques qui est de plus en plus repris pour distribuer à la fois ces 3 carburants, parfois en combinaison avec l’essence, le gazole, le GPL et le Superéthanol E85.
 

Une première en France ?

L’établissement qui ouvrira prochainement ses portes à La Roche-sur-Yon est-il une première en France ? Non, pas vraiment. Il y a quelques mois, Karrgreen a ainsi inauguré à Ploërmel, dans le Morbihan, une station multi-énergies. Mais l’hydrogène n’y figure à ce jour que comme projet d’extension en fonction d’une éventuelle demande.
 
La nouvelle adresse vendéenne serait-elle alors la première à proposer les 3 carburants alternatifs ? Pas davantage, car le Quai des Energies, ouvert l’année dernière près de Lyon, le fait déjà. Le site prochainement inauguré présente toutefois des spécificités très intéressantes qui font la différence et permettent de le classer parmi les réalisations novatrices. De quoi permettre à Laurent Favreau d’assurer que le futur établissement constitue « une première française de ce type-là ». Le président du SyDEV a d’ailleurs précisé que « l’hydrogène est actuellement le cheval de bataille du territoire vendéen ». Si le syndicat départemental s’active sur cette énergie, c’est pour « que son développement soit plus rapide ».
 

Un programme porté par des établissements publics

Une des premières spécificités du site multi-énergies vertes de La Roche-sur-Yon est d’avoir été porté par des élus, un établissement public - le Sydev - et sa société d’économie mixte Vendée énergie. Ces acteurs ont démarché les collectivités et entreprises afin qu’elles s’équipent en véhicules fonctionnant à l’électricité,à l’hydrogène et au bioGNV.
 
La station est par ailleurs idéalement placée, car au bord de la voie rapide qui relie Nantes à La Rochelle, Angers et les Sables-d’Olonne. Elle sera donc parfaitement visible par les usagers de cet axe. L’établissement prochainement inauguré constitue le premier maillon de la reconversion d’un site industriel (usine Michelin) en pôle d’innovation pour les nouvelles technologies de l’énergie. Dès l’année prochaine devraient sortir des anciens bâtiments du manufacturier des véhicules fonctionnant avec un ou plusieurs de ces carburants. Enfin, l’électricité, le biogaz et l’hydrogène seront produits localement.


 

Un hydrogène vert produit localement

Tous les appareils de distribution sont déjà en place à la future station vendéenne. Les 2 bornes 150 kW pour recharger les véhicules électriques recevront à terme leur énergie de la centrale solaire qui sera construite sur l’ancien site d’enfouissement Sainte-Anne, à côté de l’usine Michelin. En attendant, c’est celle du Poiré-sur-Vie, à 6 kilomètres de là, qui est raccordée au site via le jeu des certificats d’origine. C’est également de cette commune, via le groupement Métha-Vie porté par 19 agriculteurs, que provient le bioGNC qui sera distribué dans le nouvel établissement.
 
Enfin, l’hydrogène vert arrivera conditionné à 350 bars dans des bouteilles réunis à l’abri de conteneurs 20 pieds. Le gaz sera au besoin porté sur place à une pression de 700 bars avant de remplir les réservoirs des véhicules H2. Le distributeur dédié présente d’ailleurs 3 pistolets : 700 bars, 350 bars petit débit, et 350 bars gros débit.


 
L’hydrogène qu’il délivrera sera produit par l’électrolyseur de Bouin, situé à 55 km de la station, au Port du Bec. Très symboliquement, cette première installation développée par la startup Lhyfe a vue sur l’entreprise Navalu. Elle a développé le Navibus, cette navette fluviale électrique à pile H2 qui a ouvert une voie de passage sur l’Erdre à Nantes.
 
De façon beaucoup plus pratique, l’électrolyseur 1 MW est situé à proximité des 3 éoliennes exploitées par Vendée énergie qui l’alimentent en électricité depuis le parc de Bouin. Il est aussi tout proche de la mer qui fournit son eau, désalinisée par osmose inverse. Il devrait en sortir 300 kg d’hydrogène par jour. Ce qui suffirait à fournir le carburant pour le service quotidien de 20 bus à hydrogène. La production de ce vecteur énergétique à Bouin s’inscrit dans le cadre du projet H2Ouest porté par le SyDEV, pour un déploiement à l’échelle de la région.


 

Une flotte en attente

La station multi-énergies vertes de La Roche-sur-Yon peut déjà compter sur plusieurs futurs utilisateurs du distributeur d’hydrogène.
 
L’agglomération a investi dans un premier bus électrique à pile à combustible qui sera exploité par la Compagnie des transports du Yonnais (CTY). Cette filiale de RATP Dev devrait recevoir dans les 2 ans un deuxième exemplaire d’autobus à hydrogène.
 
Comme dans d’autres régions, dont la Normandie, les pompiers du Sdis ont choisi un Renault Kangoo équipé d’une pile Symbio. La gendarmerie pourrait suivre. C’est en tout cas le souhait qu’a exprimé Alain Leboeuf, président du département, lors de l’inauguration du Vendée énergie Tour jeudi 16 septembre dernier. Toyota devrait également livrer des Mirai à quelques entrepreneurs du secteur.
 

Rétrofit hydrogène

Pour Laurent Favreau, solliciter les entreprises publiques et privées afin qu’elles s’équipent de véhicules hydrogène permettra « d’amortir les coûts de maintenance et de distribution de l’hydrogène ».
 
Les 3 camions diesel que la jeune entreprise vendéenne e-Néo est en train de convertir à l’hydrogène devraient également passer par la nouvelle station. L’un d’eux sera exploité par l’agglomération. Les 2 autres serviront à des transporteurs du territoire.
 
Le président du SyDEV a d’ailleurs rappelé le rôle insistant des élus locaux « pour que soit légalisé en France la conversion de véhicules thermiques en électriques » à batterie, et, surtout, à pile hydrogène. N’oublions pas Jérémy Cantin, le fondateur d’e-Néo, qui est toujours en relation avec le gouvernement pour faire évoluer davantage encore le sujet.
 

 
 
 
 
 
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