Hydrogène à partir des déchets : L'Europe soutient le projet Furec

Hydrogène à partir des déchets : L'Europe soutient le projet Furec
Porté par l’énergéticien allemand RWE, le programme Furec vise à produire de l’hydrogène décarboné à partir des ordures ménagères jusque-là incinérées. Le gaz ainsi obtenu devrait principalement être orienté vers l’industrie chimique locale. L’Union européenne a décidé de soutenir ce projet qui servirait de démonstrateur pour d’autres territoires et potentiellement des usages différents, dont la mobilité.

La région historique du Limbourg colore une partie de 3 pays : La Belgique dans les environs de Liège, l’ Allemagne dans le secteur d’Aix-la-Chapelle, et les Pays-Bas avec Maastricht. Intéressons-nous plus particulièrement à la localisation néerlandaise. Situé au sud-est du pays, le Limbourg est l’une de ses 12 provinces. Elle compte à la louche 1,1 million d’habitants, dont certains vivent à une cinquantaine de kilomètres de Maastricht, dans la ville de Zevenellen. Entre les 2, le parc industriel de Chemelot qui s’étend sur 800 hectares et accueille de nombreuses entreprises du secteur de la chimie. Ces 2 sites sont directement concernés par le programme Furec (Fuse Reuse Recycle = Fusionner, réutiliser, recycler), chacun devant accueillir une des 2 usines nécessaires pour obtenir au final de l’hydrogène plus vertueux et décarboné.  

2 usines

A Zevenellen, sera installée une unité de prétraitement dans laquelle les déchets publics solides non recyclables seront convertis en granulés. Elle sera capable de traiter à l’année 700 000 tonnes de matières considérées jusque-là comme indésirables et incinérées. Ce qui correspond à la quantité d’ordures ménagères produites à l’année par environ 2 millions de personnes, c’est-à-dire par le double du nombre d’habitants du Limbourg néerlandais. Ce volume devrait être constitué pour moitié de déchets d’origine biogénique, notamment du papier ou du textile. L’hydrogène qui sera issu de cette part sera considéré comme vert. Le reste est vu comme un produit décarboné issu de l’économie circulaire.
 
Direction le parc industriel de Chemelot ensuite pour tous les pellets qui subiront une opération de gazéification à l’issue de laquelle sera synthétisé de l’hydrogène à hauteur de 54 000 tonnes par an. Ce qui correspond, selon RWE, à une production par électrolyse en exploitant l’énergie d’un parc éolien offshore d’une puissance de 700 mégawatts. Le CO2 coproduit lors de la gazéification sera capté, puis stocké ou utilisé dans des processus industriels.


 

Réduire la quantité de gaz naturel

Grâce à l’architecture mise en place dans le cadre du programme Furec, les besoins annuels de gaz naturel du parc de Chemelot seraient réduits de plus de 280 millions de mètres cubes. L’énergéticien explique que ces chiffres représentent la moitié de la consommation domestique de gaz dans la province du Limbourg néerlandais et sur la même période. Ainsi seraient également supprimées 400 000 tonnes de CO2 par an.
 
Si l’hydrogène ainsi produit dépassait la demande du parc industriel, le reliquat serait commercialisé auprès des entreprises industrielles de Rotterdam à environ 200 kilomètres de là, ou dans la région allemande plus proche (140 km) de la Ruhr. Les porteurs du projet Furec se préparent actuellement aux connexions réseau qui seront nécessaires pour l’hydrogène et le CO2.


 

Avec l’aide de l’Union européenne

RWE a estimé qu’une enveloppe de 600 millions d’euros est nécessaire pour mener jusqu’à son terme le programme Furec. A travers le fonds pour l’innovation financé intégralement par le système d’échanges des quotas d’émission, l’Europe vient d’attribuer à l’énergéticien 108 millions d’euros pour développer le projet.
 
Non seulement cette manne constitue un excellent soutien financier, mais il est de nature à ouvrir de nouvelles portes et à faire accélérer le mouvement. Notamment pour obtenir les approbations et les permis nécessaires.
 
RWE commence son travail de prospection pour identifier les différents acteurs en charge de la réalisation des usines, de la fourniture des déchets solides non recyclables et de qualité appropriée, ainsi que les clients qui achèteront l’hydrogène obtenu par la gazéification imaginée par l’opérateur. Ce dernier bénéficie d’un délai jusque dans le courant de l’année 2024 pour prendre sa décision définitive d’investissement. A la tête de RWE Generation SE, Roger Miesen envisage la chaîne développée pour le programme Furec comme un démonstrateur servant de modèles pour d’autres territoires aux Pays-Bas et ailleurs en Europe.





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