Hydrogène vert : le Chili mise sur son potentiel naturel

Hydrogène vert : le Chili mise sur son potentiel naturel
Grâce à une production électrique largement excédentaire, le Chili veut devenir un leader de l'hydrogène vert
À l’occasion du salon Hyvolution, H2 Mobile a pu rencontrer Marcos Kulka, directeur général de H2 Chile, équivalent au Chili de France Hydrogène. Grâce à ses vastes ressources en énergies renouvelables, le pays sud-américain souhaite s’imposer comme un acteur majeur de la transition énergétique mondiale.
 
Plus qu’un simple événement national, Hyvolution est aussi l’occasion pour tous les pays de faire valoir leurs potentiels et leurs ambitions en matière d’hydrogène. Parmi les pays représentés figurait le Chili qui mise sur des conditions naturelles particulièrement favorables pour produire de l’ hydrogène vert à très grande échelle.
 

Une électricité renouvelable largement excédentaire

« Dans le nord, nous avons le désert d’Atacama, avec le plus fort rayonnement solaire du monde. Et dans le sud, en Patagonie, nous disposons de vents parmi les plus puissants », explique Marcos Kulka. Fort de ces atouts, le pays a déjà développé une industrie des énergies renouvelables et produit plus d’électricité qu’il ne peut en consommer. « Nous avons 70 fois plus de capacité que ce que nous utilisons aujourd’hui », souligne-t-il. D’où l’idée des autorités chiliennes de miser sur l’hydrogène et ses dérivés, notamment l’ammoniac, pour exploiter cette énergie excédentaire. « Nous pouvons l’utiliser dans les transports, l’exporter vers l’Europe et l’Asie, ou encore répondre aux besoins industriels locaux » résume le responsable de H2 Chile.

Présentée en novembre 2020, le Plan National d’Hydrogène du Chili vise une capacité d’électrolyse de 5 GW et une production de 200 kilotonnes d’hydrogène par an d'ici à fin 2025 et de faire du pays l'un des trois principaux exportateurs mondiaux d'hydrogène d'ici à 2040.

Marcos Kulka, directeur général de H2 Chile

Une stratégie axée sur la mobilité

Le secteur des transports figure parmi les priorités du Chili pour développer localement l’utilisation de l’hydrogène vert. « Sur les 75 projets annoncés, 14 sont en activité, et 70 % concernent la mobilité », chiffre Marcos Kulka. Plusieurs initiatives sont en cours, notamment la conversion de bus électriques en bus à hydrogène, l’exploitation de poids lourds, mais aussi le déploiement de trains fonctionnant à l’hydrogène pour l’industrie minière.
 
Le Chili explore également des alternatives pour le transport maritime et aérien. « Nous avons des partenariats avec des compagnies maritimes pour tester l’ammoniac et l’e-méthanol comme carburants », explique le représentant de H2 Chile, rappelant les objectifs ambitieux fixés pour l’aviation : « D'ici à 2050, 50 % du carburant utilisé devra provenir du kérosène synthétique. »


 

Des infrastructures encore limitées

Si le Chili mise sur l’hydrogène, le développement des infrastructures demeure un défi. « Nous avons quelques stations de ravitaillement, mais elles sont encore très limitées », reconnaît Marcos Kulka.
 
Toyota a déjà implanté une petite station, et d’autres projets sont en cours, notamment pour les poids lourds, en lien avec COPEC, une société pétrolière locale. Toutefois, l’hydrogène n’est pas encore envisagé pour les véhicules urbains : « Notre priorité est avant tout de répondre aux besoins de l’industrie et des transports lourds », précise notre interlocuteur.


 

Hyvolution Chili 2025 : un rendez-vous très attendu

L’année 2025 sera décisive pour le développement de l’hydrogène au Chili. Prévue du 2 au 4 septembre prochains à Santiago, Hyvolution Chili 2025 devrait être l’occasion de faire le bilan des avancées et d’annoncer de nouveaux investissements à l’échelle gouvernementale. « Lors de la dernière édition, le président du Chili et cinq ministres étaient présents pour affirmer leur soutien à l’industrie », souligne Marcos Kulka qui souhaite faire de l’événement un espace plus large pour l’ensemble des pays d’Amérique latine avec la participation attendue du Brésil, de la Colombie, du Pérou, de l’Uruguay et de l’Argentine.
 
Hyvolution Chili 2025 sera aussi l’occasion de revenir sur le contexte international. « Nous attendons des précisions sur les réglementations aux États-Unis et en Europe, notamment concernant la définition de l’hydrogène vert et de l’ammoniac vert », souligne-t-il.
 



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