Nikola en faillite : le pionnier des camions à hydrogène jette l'éponge

Nikola en faillite : le pionnier des camions à hydrogène jette l'éponge
L'américain Nikola Motor a déposé son bilan sous le régime du Chapter 11 aux Etats-Unis. Faute de liquidités, l’entreprise espère trouver un repreneur via un processus de vente encadré par la justice. De façon transitoire, l'activité sera maintenue jusqu'à fin mars.

Le dépôt de bilan de Nikola, officialisé le 19 février auprès du tribunal des faillites du Delaware, n’est pas une surprise. Fin 2024, le constructeur avait déjà tiré la sonnette d’alarme, annonçant qu’il manquait de fonds pour poursuivre ses activités au-delà du premier trimestre 2025. Pour réduire ses coûts, l’entreprise avait procédé à de nombreuses suppressions de postes et exploré diverses options, dont la vente de certaines divisions.  

Malgré ces tentatives, la situation financière de l’entreprise est restée critique. Elle ne dispose plus que de 47 millions de dollars en trésorerie pour assurer une transition vers un éventuel rachat. Selon le PDG Steve Girsky, Nikola a été confronté à des « facteurs macroéconomiques » qui ont entravé son développement, malgré des efforts pour lever des fonds et réduire son endettement.


Une vente des actifs en préparation

Nikola ne prévoit pas de restructuration interne et cherche désormais à céder tout ou partie de ses actifs. L’entreprise a demandé à la justice d’autoriser un processus de vente par enchères, dans le cadre du « Chapter 363 » du droit des faillites américain. Si cette requête est acceptée, des acheteurs pourront soumettre des offres pour acquérir certaines activités de Nikola. En février, Mullen Automotive avait déjà annoncé son intention de racheter la branche batteries de Nikola.

En attendant, l’entreprise maintiendra un fonctionnement minimal jusqu'à fin mars. Elle assurera notamment certains services après-vente pour ses camions en circulation, ainsi que l’exploitation limitée de son réseau de stations hydrogène HYLA. Passé ce délai, Nikola dépendra de partenaires extérieurs pour poursuivre ces activités.


Une véritable descente aux enfers

Lancé en grande pompe en 2014, Nikola Motor était perçu comme un pionnier des camions électriques et à hydrogène, allant même jusqu’à lancer une joint-venture avec Iveco en 2019. Mais l’entreprise a accumulé les difficultés financières et judiciaires. Son fondateur, Trevor Milton, a été condamné pour fraude après avoir trompé les investisseurs sur les capacités technologiques de ses véhicules. Une affaire qui a largement contribué à ternir l’image de la marque et a précipité la chute de l’action en Bourse.

Nikola a également fait face à des revers industriels. En 2023, elle a vendu ses parts dans sa coentreprise européenne avec Iveco, se retirant ainsi du marché européen. La même année, elle a rappelé l’ensemble des 209 camions électriques qu’elle avait livrés en raison de risques d’incendie liés aux batteries. L’entreprise s’était alors recentrée sur les camions à hydrogène, sans jamais réussir à passer à l’échelle compte tenu des coûts importants de la technologie.

Alors qu'elle atteignait près de 2000 dollars en 2020, l'action en bourse de Nikola Motor s'est écroulée suite aux nombreuses difficultés économiques et judiciaires du constructeur. Elle vaut aujourd'hui moins de 1 dollar. 

Une hécatombe pour la mobilité hydrogène

La chute de Nikola Motor illustre les difficultés rencontrées par les acteurs de la mobilité hydrogène à l’heure où le marché subit un net ralentissement. Au cours des derniers mois, des acteurs tels que HVS et Quantron ont mis la clé sous la porte tandis que le français Safra a annoncé son placement en redressement judiciaire.

Plus récemment, c'est HYVIA, la joint-venture de Renault et Plug Power, qui a officialisé sa liquidation judiciaire.


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