Bugs BuggHy : Un buggy hydrogène au rallye des Gazelles

Bugs BuggHy : Un buggy hydrogène au rallye des Gazelles
Bien connu dans le monde académique et celui de la mobilité propre, Eco Solar Breizh s’active à rendre les prochains rallyes Aïcha des Gazelles plus vertueux. Et ce, en exploitant l’hydrogène décarboné pour électrifier le bivouac, recharger les véhicules électriques à batterie et en introduisant un buggy à pile à combustible.
 
Eco Solar Breizh a présenté dernièrement au salon Ever de Monaco son Buggs BuggHy. Il s’agit d’un petit 4x4 qui s’appuie sur un châssis tubulaire de buggy thermique commercialisé par Adrenaline Buggy Sport installé près de Béziers, dans l’Hérault. Si le bloc essence a été remplacé par un moteur électrique brushless 30 kW (Poids = 11 kg), la boîte de vitesses reste dans la groupe motopropulseur.

« Nous la conservons d’une pour part garder la transmission en mode 4x4 et d’autre part cela nous permet, en fonction du terrain (dunes, sable, cailloux, bitume), de choisir le meilleur rapport de transmission et de facto le meilleur rendement du moteur », explique Jean-Luc Fleureau dans la newsletter de mai 2021 diffusée par l’association. Nous avons souhaité en savoir plus en contactant directement son président.
 

Né d’une association d’idées

« Un matin, en arrivant au bureau, j’ai trouvé un mél m’invitant à participer à la compétition Rive Maroc avec un véhicule électrique solaire. Depuis quelques temps, je pensais avec Eco Solar Breizh à introduire l’hydrogène dans des rallyes », lance Jean-Luc Fleureau. « Alors j’ai envoyé un message à l’organisation du rallye Aïcha des Gazelles. Au bout de 15 jours, Ludovic Taché, directeur sportif pour le raid, m’a répondu. Une réunion a été organisée en interne chez eux, avec Dominique Serra, la créatrice de l’événement », poursuit-il. « Banco, on y va ! La réponse encourageante n’a pas tardé à venir », se souvient notre interlocuteur.
 

Une journée pour imaginer le véhicule

« Tout est allé ensuite très vite pour imaginer le buggy hydrogène. A 8h30, mon collègue Jérémy Walger et moi sommes arrivés au bureau. A 12h00, nous avions le châssis, trouvé par l’intermédiaire du site Internet Le Bon Coin. A 14h00, nous avions une piste sérieuse pour le moteur. Le soir à 18h00, 80 % du buggy était déjà monté sur le papier », détaille Jean-Luc Fleureau.

« Il nous fallait un équipage. J’ai tout de suite pensé à ma femme Sophie. Comment la convaincre ? Ca n’a pas été difficile finalement. Avec une copine, elle avait déjà discuté d’une éventuelle participation ensemble au rallye Aïcha des Gazelles. Dans son idée, je pense que c’était en électrique à batterie. Un pur hasard, car nous n’avions jamais parlé de ça ensemble. Voilà comment l’équipage Gaz’Elles West du Buggs BuggHy a été constitué », se réjouit-il encore.


 

Embarquer H2X Ecosystems

« Il me restait une dernière personne à convaincre : mon ami Stéphane Paul, PDG de la société H2X Ecosystems. J’avais une vision plus globale. D’une part inscrire Eco Solar Breizh au rallye pour faire concourir le buggy H2. Et d’autre part recharger les batteries des autres buggys électriques via un générateur fonctionnant avec de l’hydrogène décarboné », révèle Jean-Luc Fleureau.

« Un partenariat a ainsi été signé entre les organisateurs du rallye et H2X Ecosystems. Avec toutefois une différence importante, puisque tout le bivouac, avec l’eau chaude sanitaire, sera aussi alimenté en énergie avec le générateur hydrogène Shyva. Il a fallu revoir notre copie et passer à 350 kVA, au lieu des 100 kVA que nous avions imaginés au départ », complète-t-il. « Si Dominique Serra a adhéré à une alimentation en hydrogène pour son rallye, c’est parce qu’elle sait que l’avenir du sport automobile passe par des compétitions propres », souligne-t-il.
 

200 kilomètres d’autonomie ?

« Le groupe motopropulseur embarque une batterie lithium-ion d’une capacité énergétique de 25 kWh. Batmane, la pile à combustible 5 kW, est alimentée par 2 bouteille Amphyra. Pesant chacune 20 kg, elle peuvent contenir 700 grammes d’hydrogène, soit 1,4 kg en tout. Ce qui nous donne 52 kWh théorique. On récupère en fait 23-24 kWh utiles. Le rendement est de 65% en régime nominal », chiffre Jean-Luc Fleureau.

A quelle autonomie peut-on s’attendre ? « C’est un peu tôt pour le dire. La consommation devrait tourner autour des 200-250 Wh par km. Ce qui devrait donner une autonomie approximative de 200 km. Pour comparaison, une épreuve du rallye Aïcha des Gazelles se déroule sur 70 km. Si on recharge les batteries, le soir, on ne devrait pas trop tirer sur l’hydrogène », estime-t-il.


 

La bonne architecture à trouver

« En 2023, comme nous pourrons nous appuyer sur de vraies mesures obtenues à l’édition 2022 du rallye, nous parviendrons à diminuer la batterie. Ce qui nous ferait gagner sur la balance dans les 70 kg », anticipe le président d’Eco Solar Breizh. « Il nous faut trouver le bon dimensionnement entre la batterie et la partie hydrogène. De telle sorte à ne pas avoir à recharger le pack après les épreuves », réfléchit-il.

« Globalement, en compétition, on voit bien que le tout batterie, ce n’est pas simple. Avec le lithium-ion, c’est 200 Wh par kilo. On compte le double avec une PAC. C’est-à-dire que pour le même poids, on va 2 fois plus loin à l’hydrogène », calcule-t-il. « Tout cela reste jouable dans le cadre d’un rallye comme celui des Gazelles. Pour un Dakar où les pilotes foncent à 150 km/h, ce serait compliqué. Il faudrait effectuer des pleins en hydrogène quasiment tous les 100 kilomètres », évalue-t-il.
 

Hydrogène décarboné

« Pour le générateur Shyva, c’est l’organisation du rallye qui gère l’approvisionnement en hydrogène. Il sera réalisé grâce à un camion d’un fabricant allemand. La citerne abrite de gros tubes à l’intérieur pour contenir le gaz », expose Jean-Luc Fleureau. « Concernant Buggs BuggHy, c’est nous qui nous en chargeons. Nous emmènerons 20 bouteilles qui contiendront au total 14 kg d’hydrogène. Le tout pèsera 400 kilos et tiendra sur la plateforme d’un pickup », assure-t-il. « Les bouteilles seront remplies en Bretagne avec de l’hydrogène décarboné, vert ou bleu. Nous allons peut-être produire nous-mêmes le gaz au Faou, sur le site finistérien de H2X Ecosystems, via un électrolyseur », annonce-t-il.
 

Premiers essais en août

« Les premiers essais de Solutions-VE devraient être réalisés en août, près de Quimper. Il faudra que notre véhicule soit prêt pour mars 2022. Nous subissons un retard pour la pile à combustible. Elle devait nous être livrée pour la deuxième quinzaine de ce mois de mai. La livraison est reporté à mi-juillet », déplore le président d’Eco Solar Breizh.

« Concernant la batterie, nous travaillons avec Tyva Energie depuis 1 an et demi. Il y a tout un travail en commun pour optimiser le refroidissement sans ventilateurs », indique-t-il.« Le châssis, même si nous l’avons trouvé via un site Web de ventes en ligne, nous avons eu affaire avec un professionnel, un véritable concepteur dans le domaine. C’est intéressant d’être un contact avec lui, pour ensuite, par exemple, démarrer une filière », confie-t-il. « Il n’est pas impossible que notre système hydrogène soit testé après 2022 sur les plus gros buggys électriques et 4 places fournis à des Gazelles par Fabien Lagier, de Solutions-VE. Nous ne serons jamais des fabricants de voitures. Mais nous pourrons peut-être trouver ainsi un débouché pour nos solutions », conclut notre interlocuteur.


 
H2 Mobile et moi-même remercions vivement pour sa disponibilité et son enthousiasme à développer l’usage de l’hydrogène décarboné en France. Dans un prochain article, nous allons donner la parole à l’équipage Gaz’Elles West.

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