Mobilité
Hydrogène : la Cour des comptes critique le soutien excessif à la mobilité
Mis à jour le 10.06.2025 à 12:52

Dans un rapport publié ce mercredi 4 juin, la Cour des comptes alerte sur les dérives du soutien public au secteur de l’hydrogène. Jugeant les objectifs de production « irréalistes », elle pointe une aide excessive au secteur de la mobilité au détriment de l'industrie et des infrastructures. De son côté, France Hydrogène conteste une lecture partielle du dossier et appelle à mieux considérer les retombées économiques, sociales et industrielles de la filière.
Dans un rapport publié début juin, la Cour des comptes remet en cause les ambitions françaises en matière d’hydrogène décarboné. Les magistrats estiment que les objectifs fixés par l'État – 4,5 GW en 2030 et 8 GW en 2035 – sont inatteignables. Selon eux, seuls 0,5 GW sont aujourd’hui véritablement sécurisés. Même dans le meilleur des cas, les capacités atteindraient à peine 3,1 GW en 2030. Un constat également partagé par la Cour des comptes européenne dans un rapport publié en 2024.
Sont notamment visés les appels à projets de type "écosystèmes territoriaux", où la mobilité accapare près de 90 % des financements, mais aussi certaines usines de fabrication de piles à combustible comme la gigafactory de Symbio, largement soutenue par les deniers publics.
La Cour des comptes appelle à également à exclure de tout mécanisme la production d’hydrogène à destination du raffinage. « Le secteur pourrait aujourd'hui bénéficier d'aides à l'investissement » cite le rapport.
Ou encore d'exclure la production d'hydrogène à destination du raffinage de tout mécanisme budgétaire de soutien à la production - le secteur pourrait aujourd'hui bénéficier d'aides à l'investissement.
Pour réduire le coût de la filière sur les finances publiques, la Cour des comptes appelle également à mieux exploiter les leviers extra-budgétaires. En cours de consultation, la nouvelle Tiruert (rebaptisée IRICC) permettrait de mobiliser des fonds privés pour soutenir le développement de la filière.
Les magistrats recommandent enfin de concentrer les aides sur les segments à fort potentiel industriel et de redimensionner les ambitions. Selon la Cour des comptes, une meilleure priorisation des investissements apparaît nécessaire pour éviter que la filière ne reste dépendante des subventions publiques sans perspective d’autonomie économique.
L’association pointe d’abord le manque de prise en compte de la Stratégie nationale hydrogène révisée, publiée mi-avril, qui actualise les objectifs à 4,5 GW d’ici 2030 et 8 GW en 2035, tout en recentrant les soutiens sur les usages les plus pertinents. Elle regrette également l’absence d’analyse de l’impact socio-économique de la filière, qui pourrait générer jusqu’à 66 000 emplois dans les dix années à venir et contribuer à réduire la facture énergétique extérieure de 6 milliards d’euros par an.
Sur la mobilité, France Hydrogène rappelle que les segments visés – poids lourds, maritime, aérien – ne peuvent être électrifiés par batterie et nécessitent des carburants bas-carbone. Elle insiste aussi sur le fait que la filière industrielle de la mobilité représente déjà 50 % des emplois du secteur. L’association souligne enfin la nécessité d’installer rapidement des outils de régulation économique, comme le mécanisme extra-budgétaire IRICC, et partage avec la Cour l’appel à renforcer les infrastructures de transport et de stockage d’hydrogène.
Dans un rapport publié début juin, la Cour des comptes remet en cause les ambitions françaises en matière d’hydrogène décarboné. Les magistrats estiment que les objectifs fixés par l'État – 4,5 GW en 2030 et 8 GW en 2035 – sont inatteignables. Selon eux, seuls 0,5 GW sont aujourd’hui véritablement sécurisés. Même dans le meilleur des cas, les capacités atteindraient à peine 3,1 GW en 2030. Un constat également partagé par la Cour des comptes européenne dans un rapport publié en 2024.
Des aides à réequilibrer
Au-delà des objectifs, la Cour s’inquiète d’un déséquilibre dans l’attribution des aides publiques. Près de 46 % des 900 millions d’euros engagés pour la filière hydrogène l’ont été en faveur du secteur de la mobilité chiffre le rapport. Une orientation jugée "disproportionnée" dans un contexte où la mobilité hydrogène reste minoritaire face à la montée en puissance des véhicules électriques à batteries.Sont notamment visés les appels à projets de type "écosystèmes territoriaux", où la mobilité accapare près de 90 % des financements, mais aussi certaines usines de fabrication de piles à combustible comme la gigafactory de Symbio, largement soutenue par les deniers publics.
Total soutien engagé | Dont mobilité | Part mobilité | |
---|---|---|---|
PIIEC | 2 251 M€ | 1 316 M€ | 58 % |
LDAEE | 850 M€ | 0 M€ | 0 % |
AAP « Briques technologiques » | 76 M€ | 29 M€ | 38 % |
AAP « écosystèmes de mobilité/territoriaux » | 315 M€ | 279 M€ | 89 % |
PEPR | 79 M€ | 19 M€ | 24 % |
Soutien MESR | 43 M€ | 6 M€ | 14 % |
TOTAL | 3 614 M€ | 1 649 M€ | 46 % |
La Cour des comptes appelle à également à exclure de tout mécanisme la production d’hydrogène à destination du raffinage. « Le secteur pourrait aujourd'hui bénéficier d'aides à l'investissement » cite le rapport.
Ou encore d'exclure la production d'hydrogène à destination du raffinage de tout mécanisme budgétaire de soutien à la production - le secteur pourrait aujourd'hui bénéficier d'aides à l'investissement.
Pour réduire le coût de la filière sur les finances publiques, la Cour des comptes appelle également à mieux exploiter les leviers extra-budgétaires. En cours de consultation, la nouvelle Tiruert (rebaptisée IRICC) permettrait de mobiliser des fonds privés pour soutenir le développement de la filière.
Un appel à renforcer les infrastructures
Pour sortir de l’impasse, la Cour préconise de réorienter les investissements vers les infrastructures de transport et de stockage. Celles-ci permettraient un fonctionnement plus souple des électrolyseurs et contribueraient à l’équilibrage du réseau électrique. Selon le rapport, cette flexibilité pourrait également renforcer la compétitivité du secteur en réduisant les coûts de production de 20 à 30 %.Les magistrats recommandent enfin de concentrer les aides sur les segments à fort potentiel industriel et de redimensionner les ambitions. Selon la Cour des comptes, une meilleure priorisation des investissements apparaît nécessaire pour éviter que la filière ne reste dépendante des subventions publiques sans perspective d’autonomie économique.
France Hydrogène déplore une vision partielle de la Cour des comptes
Dans un communiqué publié le 6 juin, l’association France Hydrogène réagit aux conclusions de la Cour des comptes. Si elle reconnaît la nécessité d’ajuster certaines priorités, elle déplore une lecture partielle et biaisée du développement de la filière.L’association pointe d’abord le manque de prise en compte de la Stratégie nationale hydrogène révisée, publiée mi-avril, qui actualise les objectifs à 4,5 GW d’ici 2030 et 8 GW en 2035, tout en recentrant les soutiens sur les usages les plus pertinents. Elle regrette également l’absence d’analyse de l’impact socio-économique de la filière, qui pourrait générer jusqu’à 66 000 emplois dans les dix années à venir et contribuer à réduire la facture énergétique extérieure de 6 milliards d’euros par an.
Sur la mobilité, France Hydrogène rappelle que les segments visés – poids lourds, maritime, aérien – ne peuvent être électrifiés par batterie et nécessitent des carburants bas-carbone. Elle insiste aussi sur le fait que la filière industrielle de la mobilité représente déjà 50 % des emplois du secteur. L’association souligne enfin la nécessité d’installer rapidement des outils de régulation économique, comme le mécanisme extra-budgétaire IRICC, et partage avec la Cour l’appel à renforcer les infrastructures de transport et de stockage d’hydrogène.
« Le temps n'est plus aux hésitations »"Le rapport de la Cour des Comptes pointe avec certains biais le coût du déploiement de la filière hydrogène, mais omet surtout de prendre en considération les bénéfices à court et long terme, qui incluent la réduction de la dépendance énergétique, la création d’emplois durables et les gains environnementaux" a souligné Philippe Boucly, Président de France Hydrogène. "Le déploiement d’une filière est un investissement certes, mais le temps n'est plus aux hésitations : la décarbonation de notre économie est un impératif ; l'ignorer nous exposera à des coûts bien plus élevés que celui des investissements nécessaires" avertit-il.