Iveco : « Sur l'hydrogène, cela ne sert à rien de trop anticiper »

Iveco : « Sur l'hydrogène, cela ne sert à rien de trop anticiper »
Président d’Iveco France, Stéphane Espinasse revient sur la stratégie hydrogène du constructeur italien, entre engagement technologique et contraintes de marché.
 
Alors que la filière hydrogène accuse un net ralentissement en Europe, Iveco confirme sa volonté de rester un acteur clé sur le sujet, tout en adoptant une posture résolument pragmatique. « Sur l’hydrogène, cela ne sert à rien de trop anticiper. Si on développe trop tôt, qu’on met sur le marché et que ce n’est pas vendu, on aura investi pour rien » nous a expliqué Stéphane Espinasse, Président d’Iveco France, lors d’un événement organisé à l'usine Iveco de Madrid.
 

Pile à combustible et moteur hydrogène : deux approches distinctes

Côté pile à combustible, Iveco capitalise sur plusieurs projets concrets. A ce stade, les volumes restent encore modestes. « Nous avons une vingtaine de camions à pile à combustible déjà en circulation » chiffre le dirigeant d’Iveco France qui souligne également quelques victoires sur le segment des bus à hydrogène, notamment grâce au référencement de l’offre du constructeur au sein du catalogue UGAP.
 
Parallèlement à la pile à combustible, Iveco poursuit le développement de moteurs à combustion interne fonctionnant à l’hydrogène. Une approche alternative, qui séduit de plus en plus d’industriels en raison de sa robustesse technologique et de sa proximité avec les chaînes de production existantes.
 
« Nous travaillons actuellement sur des motorisations hydrogène de 9 et 13 litres. Les premiers essais se font sur banc et en prototypes » nous explique Stéphane Espinasse. Si cette technologie reste encore freinée par l’absence de cadre réglementaire clair, elle pourrait offrir une voie de décarbonation complémentaire pour des usages lourds ou intensifs. A ce stade et contrairement à son concurrent MAN, qui prévoit une pré-série d'une centaine de camions à moteur H2, le constructeur ne prévoit pas de démonstrateur sur cette technologie.

Stéphane Espinasse, Président d'Iveco France
 
« Des véhicules fonctionnant à l’hydrogène gris, cela ne sert à rien ! »
A quand un véritable décollage de la filière ? « On pourrait l’estimer d’ici 4 ou 5 ans » nous répond le dirigeant d’Iveco France. Encore faut-il que les conditions soient réunies. « L'horizon ne dépend pas vraiment de nous, mais plutôt des infrastructures et de la disponibilité de l'hydrogène vert » nuance-t-il.
 
« Mettre sur le marché des véhicules à pile à combustible ou à moteur à combustion fonctionnant à l'hydrogène gris, cela ne sert à rien. On est là pour parler de décarbonation, pas pour se faire plaisir sur une technologie. Il faut que des filières d’infrastructures pour la production de l’hydrogène vert émergent, et que les coûts deviennent raisonnables » plaide-t-il.
 

Un mix énergétique pragmatique

Pour Iveco, il y a une « question de pragmatisme ». L’hydrogène ne s’oppose pas aux autres technologies de décarbonation, mais vient les compléter. « La fin des moteurs thermiques n’est pas actée dans le transport industriel », rappelle Stéphane Espinasse. Le constructeur joue ainsi sur plusieurs tableaux, accélérant son offensive sur l’électrique avec le nouveau porteur Iveco S-eWay tout en continuant à développer ses gammes alternatives avec le HVO, le B100 et le bioGNV.


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