Iveco et Nikola détaillent leurs plans pour développer le camion à hydrogène

Iveco et Nikola détaillent leurs plans pour développer le camion à hydrogène
Réunis ce mardi 3 décembre à Turin, FTP Industrial, Iveco et la startup américaine Nikola Motors ont officiellement lancé leur projet de joint-venture et précisé leurs ambitions communes dans le domaine du camion électrique et hydrogène. Basé sur le nouvel Iveco S-Way, le Nikola Tre sera commercialisé en Europe en 2023 dans sa version hydrogène.

Iveco et Nikola Motors, c’est un peu le mariage entre David et Goliath. A la recherche d’un partenaire industriel pour accélérer et concrétiser ses projets, Nikola Motors a trouvé en Iveco un partenaire idéal pour initier sa conquête de l’Europe.

Sur la base du nouvel Iveco S-Way

Pour Iveco et Nikola, le partenariat s’avère gagnant-gagnant. Alors que le premier pour facilement accéder aux technologies développées par la startup, basée à Phoenix (Arizona), le second pourra bénéficier d’une plateforme mise à disposition par le groupe italien. Sans avoir à développer son propre châssis et tous les éléments mécaniques du camion, Nikola reprendra la base du nouvel Iveco S-Way pour y adapter sa propre technologie.

Présenté en juillet dernier lors d’un événement gigantesque organisé à Madrid, le S-Way n’est autre que le remplaçant du Stralis. Considéré comme le nouveau porte-étendard du groupe italien, il sera proposé dans ses versions électrique et hydrogène sous la marque Nikola et prendra le nom de Nikola Tre.


Jusqu'à 800 km d'autonomie

Tout électrique, la première reposera sur un « classique » système à batteries qui pourra être modulé en fonction des besoins des clients. Dans sa meilleure configuration, il sera capable d’embarquer jusqu’à 720 kWh. Une capacité répartie dans 9 packs batteries de 800 volts. Animé par un moteur électrique de 480 kW et 1800 Nm placé sur l’essieu arrière, le camion électrique de Nikola pourra autoriser jusqu’à 400 kilomètres d’autonomie avec un plein et une puissance de charge allant jusqu’à 350 kW via le standard rapide Combo CCS.

La seconde version – celle qui nous intéresse – reprendra la même configuration que la première en y ajoutant une pile à combustible et des réservoirs stockant l’hydrogène à 700 bars.  Une fois encore, la conception sera modulaire. Le système pourra ainsi embarquer entre 40 et 80 kilos d’hydrogène pour une autonomie doublée par à la version électrique, soit 800 kilomètres. Dans tous les cas, la vitesse maximale est la même : 121 km/h.



Outre les éléments liés à la motorisation, les équipes de la startup ont apporté des modifications esthétiques en intégrant des finitions spécifiques et notamment une calandre lumineuse sur laquelle trône le logo Nikola. Non présent sur le S-Way, un système de rétro-caméras a également été ajouté. Il complète un système numérique entièrement fourni par Nikola qui permet de suivre le niveau de charge de la batterie ou le fonctionnement de la pile à combustible.

Connecté, le Nikola Tre pourra à la fois accéder au « cloud » Iveco pour les opérations de maintenance préventives et curatives. Il pourra également être associé à une application mobile et à un tableau de bord qui permettra au transporteur de suivre à distance l’intégralité de son parc ainsi que les statistiques de chaque camion.
 

70 stations à hydrogène en Europe d’ici 2030

Difficile d’évoquer la question du camion à hydrogène sans parler de celle des infrastructures. Pour un poids-lourds, pas question d’aller s’avitailler sur les stations publiques aujourd’hui réservées aux petits véhicules. Il faut des infrastructures spécifiques, y associer des investissements colossaux et ne pas oublier la question de la normalisation. Sur ce point, les réponses des deux partenaires sont plus claires. Sur l’aspect normatif, Nikola s’est déjà associé avec différents partenaires, dont Nel, Shell et Air Liquide, pour avancer sur la question.

Quant au sujet du déploiement des stations, il y a aussi des projets en cours. Aux Etats-Unis, où Nikola ambitionne le déploiement d’un réseau de 700 stations d’ici à 2028, la mise en place d’une première station pilote est déjà en cours. Déployée en partenariat avec Anheuser-Busch, celle-ci sera lancée à Phoenix en 2020. Faisant office de démonstrateur, elle pourra produire son électrolyse sur place avec une capacité de production annoncée à 8 tonnes par jour, soit de quoi alimenter 160 poids-lourds. Accessible au public, les stations pourront également accueillir les véhicules légers et disposeront d’infrastructures de recharge.

En Europe, les plans des deux partenaires sont moins ambitieux avec un objectif fixé à 70 stations d’ici à 2030. Porté par Iveco, qui aura aussi pour tâche de trouver des financements, le déploiement sera organisé en plusieurs phases. En 2021, il commencera par cibler les marchés où le transport routier est le plus dynamique (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Belgique) avant de s’étendre progressivement au reste de l’Europe.


Commercialisation en 2023

Le chemin vers la concrétisation du Nikola Tre est encore long. Dans leur communiqué commun, les deux partenaires précisent vouloir débuter leurs tests à compter de mi-2020 avant une première présentation du modèle définitif en septembre prochain au salon du véhicule utilitaire de Francfort.

En termes de commercialisation, l’objectif est de lancer la version à batteries en 2021. Pour la déclinaison hydrogène, il faudra patienter jusqu’en 2023. Le temps que l’indispensable infrastructure se mette en place et que la question des coûts soit résolue.

Un plan à préciser

S’il indique une volonté claire des deux partenaires de s’engager sur la voie du camion « zéro émission », le plan comprend encore de nombreuses zones d’ombre que les partenaires devront s’atteler à éclaircir. Il y a d’abord la question de la fabrication des camions. L’équipement sera-t-il réalisé sur le même site d’assemblage que celui du S-Way, à Madrid, où le groupe fera-t-il appel à un autre site industriel ? « C’est quelque chose que nous sommes en train de définir » nous répond t-on en interne.

Vient également la question commerciale. Si Iveco nous a confirmé que Nikola pourra s’appuyer sur son réseau pour organiser la vente et la maintenance des véhicules, comment cela va-t-il s’organiser ? Il y aura-t-il des corners dédiés à Nikola au sein des concessions d’Iveco ? Des commerciaux spécifiques à la marque ? Là encore, les réflexions sont en cours et les contours du partenariat annoncés ce mardi 3 décembre devront être rapidement précisés.

Dernier point : celui du coût du modèle et de l'approche TCO face à une énergie hydrogène qui reste encore chère à produire. Pour l’heure, le jeu de l’anguille prévaut et les deux partenaires ne s’aventurent ni à annoncer un tarif ni à chiffrer le nombre de camions qu’ils comptent écouler sur le vieux continent.

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