« Je ne vois pas l'intérêt ! » : l'avis tranché de Jean-Marc Jancovici sur la mobilité hydrogène

Mis à jour le 03.06.2024 à 22:11
« Je ne vois pas l'intérêt ! » : l'avis tranché de Jean-Marc Jancovici sur la mobilité hydrogène
Figure de la transition énergétique aux positions parfois controversées, Jean-Marc Jancovici a émis un avis assez tranché quant à l’utilisation de l’hydrogène dans le monde des transports.
 
« L'hydrogène dans les transports, je ne vois pas l'intérêt ! ». Auditionné le 27 mai dernier au Sénat dans le cadre d’une Commission sur la production, la consommation et le prix de l'électricité aux horizons 2035-2050, Jean-Marc Jancovici a tenu des propos assez cash sur l’hydrogène, et notamment son utilité dans le domaine des transports.
 
« L'hydrogène est une énergie finale. En tant que telle, elle ne résout donc pas les problèmes d'énergie primaire, c'est un vecteur énergétique qui est concurrent du vecteur électrique » a-t-il introduit, interrogé par les sénateurs sur le sujet.

Un rendement pointé du doigt

« C'est un vecteur énergétique qui a un moins bon rendement que l'électricité » a argumenté le scientifique. « Dans les transports, son rendement est quatre fois plus faible. Si vous faites de l'hydrogène avec de l'électricité, vous perdez 30 à 40 % au moment de l'électrolyse puis 20 % au moment de la logistique (…). Vous reperdez la moitié dans la pile à combustible du véhicule pour refaire de l'électricité qui va aux roues. En gros, vous avez perdu les trois quarts de l'énergie en chemin par rapport à un système où vous utilisez directement l'électricité (électrique à batteries ndlr) pour la mettre dans les roues » justifie-t-il.

Si le raisonnement du scientifique se tient, n’oublions pas que l’efficience des électrolyseurs et des piles doit encore progresser. A cela viennent s’ajouter les limites de la solution électrique à batteries qui rendent l’hydrogène plus pertinent pour certains usages.



« L’avion à hydrogène, je n’y crois pas »

Militant pour réduire drastiquement les vols en avion, Jean-Marc Jancovici a également émis de sérieux doutes quant aux projets d’avion à hydrogène. « L’avion à hydrogène, ça existe déjà, ça s'appelle la fusée Ariane. C’est pas le même prix et ce n'est pas le même coût (…). Je ne suis ni pro, ni antihydrogène… je vous dis que je n’y crois pas. Je veux bien parier toutes mes économies que je mourrai sans avoir vu d'aviation commerciale à hydrogène » a-t-il déclaré.

Le scientifique pointe notamment les problématiques d’ordre énergétique. « L'hydrogène a une très forte densité par unité de poids. C’est pour cela qu'on l'utilise dans le spatial où le but du jeu d'un lanceur est de s'arracher à la gravitation terrestre. Par contre, il a une très mauvaise densité énergétique par unité de volume ce qui veut dire que vous aurez vraiment un énorme réservoir volant avec accessoirement trois passagers » a t-il détaillé, jugeant le coût de la solution "prohibitif". « Il y a en plus la manutention de l' hydrogène liquide qui est à une température extrêmement basse. Ce sont des problèmes très complexes » a-t-il ajouté.
 
Un point de vue que ne partage pas Airbus, récemment retenu par l’Europe dans le cadre de l’IPCEI Hy2Move pour accélérer ses recherches sur le sujet.
 
L'industrie pour "seul" intérêt
S'il écarte définitivement l'utilisation de l'hydrogène dans le domaine du transport, l'expert estime que son "seul intérêt" réside dans son utilisation comme molécule chimique dans certains processus industriels, comme la réduction du minerai de fer ou la fabrication d'engrais. 
 
 

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