Interview
Filiale d'EDF, Hynamics avance ses pions dans l'hydrogène
Bus, camions, trains, bateaux… bras armé d’EDF dans le domaine de l’hydrogène, Hynamics multiplie les projets. Entretien avec Pierre de Raphélis-Soissan, directeur Business Development de la jeune entité.
Fondée en 2019, l’entreprise Hynamics est issue d’un projet intrapreneurial. A son berceau, une dizaine de salariés d’EDF qui ont également exploité les possibilités offertes par Pulse Croissance, la pépinière de startups du groupe.
« L’activité de Hynamics ne cesse de croître aujourd’hui, comme en témoignent ses effectifs d’une cinquantaine de personnes à ce jour. La branche allemande est orientée Industrie. En revanche, l’équipe que nous montons au Royaume-Uni est mixte, comme en France, s’intéressant aussi à la décarbonation de la mobilité lourde », commente Pierre de Raphélis-Soissan. Le directeur Business Development connaît bien la filière hydrogène. Avant de rejoindre l’aventure Hynamics, il a fait ses armes chez Air Liquide, où il a géré des projets de mobilité hydrogène à l’échelle européenne.
« Nous concevons nos stations de telle sorte à les faire évoluer par phase, en ajoutant des stacks de production d’hydrogène vert. Dans un premier temps, la capacité de l’électrolyseur est comprise entre 1 et 3 MW. Dans une seconde phase, elle pourra être portée jusqu’à 5 MW », détaille-t-il. « Au fur et à mesure du développement des besoins pour de nouveaux projets, les électrolyseurs monteront en capacité : 30-50 MW, puis plusieurs centaines de mégawatts, avant de franchir le seuil du gigawatt », complète-t-il.
« Pour nous, Auxerre est un projet vraiment important. La station a été stratégiquement placée de telle sorte à pouvoir alimenter dans le futur les trains d’ Alstom qui vont parcourir la ligne non électrifiée entre Auxerre et Laroche-Migennes. Les rames ont été commandées en mars dernier », souligne Pierre de Raphélis-Soissan.
« Les simulations vont être effectuées dans notre centre de R&D des Renardières, au sud de l’Ile-de-France. Nous disposons de tous les équipements nécessaires sur ce site, notamment en matière d’électrolyseur et de compression de l’hydrogène », explique-t-il. « Nous devons déterminer la vitesse optimale de remplissage des réservoirs. Ce qui permettra de valider le scénario et les équipements », précise-t-il. « Hynamics bénéficie également d’un partenariat avec McPhy. L’entreprise dans laquelle EDF a pris une participation de 14 % en juin 2018 nous fournit des électrolyseurs. Nous nous sommes aussi rapprochés de Genvia dont l’activité se concentre sur les électrolyseurs à haute température », ajoute-t-il.
« Le site a été choisi pour sa proximité avec de nombreuses entreprises industrielles dont certaines ont besoin d’hydrogène. Actuellement, elles utilisent un produit d’origine fossile acheminé par camion sur plusieurs centaines de kilomètres. Avec notre site, elles bénéficieront d’hydrogène vert distribué en circuit court », illustre-t-il.
« Le rythme des concrétisations s’accélèrent : 1 signature en 2021, mais 4 pour 2022 », se réjouit-il. « Si les projets sur lesquels nous travaillons concernent l’avitaillement de flottes de bus, nous sommes également prêts pour les camions. C’est la même interface. Les véhicules ne sont simplement pas disponibles à un tarif satisfaisant. Mais nous nous y préparons. Ce n’est pas pour rien, par exemple, que la station de Belfort est localisée aussi bien à proximité du dépôt de bus que de l’autoroute », justifie-t-il.
« Concernant l’Ammoniac, Hynamics a signé un protocole d’accord avec Borealis, dont un site de production d’engrais est localisé en Alsace à Ottmarsheim. Nous allons installer une station d’électrolyse de 30 MW », rapporte-t-il. Cette infrastructure a été dimensionnée pour obtenir annuellement 4 300 tonnes d’hydrogène bas carbone par an en exploitant le mix électrique français. Ce scénario permettra de produire 24 000 tonnes d’ammoniac bas carbone par an à horizon 2025-2026. D’abord pour l’élaboration des engrais, puis, en partie, pour la navigation.
« La station d’électrolyse 30 MW de Borealis est symbolique. Elle fait le lien entre nos sites de quelques mégawatts d’aujourd’hui pour l’avitaillement des bus, et ceux de demain, comme celui de plus de 300 MW que nous allons mettre en place à Montalieu avec le cimentier Vicat, en 2025 », met en perspective Pierre de Raphélis-Soissan. « Environ le tiers des émissions de CO2 de la cimenterie va être capté pour former du méthanol décarboné avec l’hydrogène. C’est ce type de produit qui sera utilisé pour faire avancer les 8 méga porte-conteneurs de Maersk, premier transporteur maritime mondial. Ce carburant est très intéressant pour l’avenir », estime-t-il. Vicat s’attend à produire annuellement 200 000 tonnes de méthanol, soit le quart de la consommation totale en France. « Chez Hynamics, nous ne souhaitons pas imposer l’hydrogène, mais seulement proposer cette solution pour les applications où les autres technologies ne suffisent pas », conclut notre interlocuteur.
Fondée en 2019, l’entreprise Hynamics est issue d’un projet intrapreneurial. A son berceau, une dizaine de salariés d’EDF qui ont également exploité les possibilités offertes par Pulse Croissance, la pépinière de startups du groupe.
« L’activité de Hynamics ne cesse de croître aujourd’hui, comme en témoignent ses effectifs d’une cinquantaine de personnes à ce jour. La branche allemande est orientée Industrie. En revanche, l’équipe que nous montons au Royaume-Uni est mixte, comme en France, s’intéressant aussi à la décarbonation de la mobilité lourde », commente Pierre de Raphélis-Soissan. Le directeur Business Development connaît bien la filière hydrogène. Avant de rejoindre l’aventure Hynamics, il a fait ses armes chez Air Liquide, où il a géré des projets de mobilité hydrogène à l’échelle européenne.
L’importance des petits projets
« Beaucoup de structures annoncent des projets d’électrolyseurs en gigawatts. Mais rien à ce jour de concret sur le terrain. Notre credo chez Hynamics, c’est déjà de nous concentrer sur ce qui est réalisable aujourd’hui. Une station d’avitaillement avec une capacité de production d’ hydrogène vert de 1 MW, comme celle que nous avons inaugurée dernièrement à Auxerre, c’est le bon dimensionnement actuellement », lance Pierre de Raphélis-Soissan.« Nous concevons nos stations de telle sorte à les faire évoluer par phase, en ajoutant des stacks de production d’hydrogène vert. Dans un premier temps, la capacité de l’électrolyseur est comprise entre 1 et 3 MW. Dans une seconde phase, elle pourra être portée jusqu’à 5 MW », détaille-t-il. « Au fur et à mesure du développement des besoins pour de nouveaux projets, les électrolyseurs monteront en capacité : 30-50 MW, puis plusieurs centaines de mégawatts, avant de franchir le seuil du gigawatt », complète-t-il.
Auxerre : un projet important
Equipée d’un électrolyseur d’une capacité de 1 MW, la station d’avitaillement des bus de la ville d’Auxerre a été baptisée AuxHYGen. Elle peut produire jusqu’à 400 kg d’hydrogène vert par jour. Les 5 premiers exemplaires de Businova H2 fournis par Safra sont déjà exploités par Transdev Auxerrois sur le réseau de transport urbain Leo.« Pour nous, Auxerre est un projet vraiment important. La station a été stratégiquement placée de telle sorte à pouvoir alimenter dans le futur les trains d’ Alstom qui vont parcourir la ligne non électrifiée entre Auxerre et Laroche-Migennes. Les rames ont été commandées en mars dernier », souligne Pierre de Raphélis-Soissan.
Partenariats
« Nous avons noué différents partenariats dans le cadre de notre activité. Ainsi celui, technique, avec Alstom. Il vise à optimiser la procédure d’avitaillement en hydrogène des trains. C’est un véritable enjeu pour le remplacements des rames diesel par des modèles hydrogène sur les lignes non électrifiées », présente notre interlocuteur.« Les simulations vont être effectuées dans notre centre de R&D des Renardières, au sud de l’Ile-de-France. Nous disposons de tous les équipements nécessaires sur ce site, notamment en matière d’électrolyseur et de compression de l’hydrogène », explique-t-il. « Nous devons déterminer la vitesse optimale de remplissage des réservoirs. Ce qui permettra de valider le scénario et les équipements », précise-t-il. « Hynamics bénéficie également d’un partenariat avec McPhy. L’entreprise dans laquelle EDF a pris une participation de 14 % en juin 2018 nous fournit des électrolyseurs. Nous nous sommes aussi rapprochés de Genvia dont l’activité se concentre sur les électrolyseurs à haute température », ajoute-t-il.
Une prochaine station à Belfort
« Nous venons d’annoncer la signature d’un contrat avec la communauté d’agglomération du Grand Belfort. La collectivité souhaite migrer à l’hydrogène la moitié de sa flotte d’autobus. Ce qui représente 27 véhicules », rappelle Pierre de Raphélis-Soissan. « Là aussi le programme va se dérouler en 2 phases : 1 MW de capacité dès 2023 pour alimenter les 7 premiers exemplaires de bus H2 du réseau de transport urbain Optymo, puis 1 MW de plus en 2025 pour accompagner l’arrivée des 20 autres bus », chiffre-t-il.« Le site a été choisi pour sa proximité avec de nombreuses entreprises industrielles dont certaines ont besoin d’hydrogène. Actuellement, elles utilisent un produit d’origine fossile acheminé par camion sur plusieurs centaines de kilomètres. Avec notre site, elles bénéficieront d’hydrogène vert distribué en circuit court », illustre-t-il.
Une accélération des demandes
« Les stations d’avitaillement d’Auxerre et Belfort sont de beaux exemples qui témoignent du dynamisme de la région Bourgogne-Franche-Comté au sujet du développement de la production et de l’usage de l’hydrogène vert », met en avant le directeur Business Development de Hynamics. « Nous avons des projets pour Cannes, Dunkerque, et Châtenay-Malabry-Bagneux qui devraient se concrétiser en 2022. Dans leur première phase, la capacité d’électrolyse sera également comprise entre 1 et 3 MW », révèle-t-il.« Le rythme des concrétisations s’accélèrent : 1 signature en 2021, mais 4 pour 2022 », se réjouit-il. « Si les projets sur lesquels nous travaillons concernent l’avitaillement de flottes de bus, nous sommes également prêts pour les camions. C’est la même interface. Les véhicules ne sont simplement pas disponibles à un tarif satisfaisant. Mais nous nous y préparons. Ce n’est pas pour rien, par exemple, que la station de Belfort est localisée aussi bien à proximité du dépôt de bus que de l’autoroute », justifie-t-il.
De l’ammoniac et du méthanol pour les bateaux
« Concernant le fluvial, c’est de l’hydrogène comprimé qui pourra alimenter les bateaux, parce que les besoins en énergie sont faibles. Pour le secteur maritime, c’est différent. L’hydrogène gagne alors à être transporté dans l’ammoniac ou le méthanol. Notre rôle est aussi d’identifier comment la molécule peut être utilisée en fonction des applications », expose Pierre de Raphélis-Soissan.« Concernant l’Ammoniac, Hynamics a signé un protocole d’accord avec Borealis, dont un site de production d’engrais est localisé en Alsace à Ottmarsheim. Nous allons installer une station d’électrolyse de 30 MW », rapporte-t-il. Cette infrastructure a été dimensionnée pour obtenir annuellement 4 300 tonnes d’hydrogène bas carbone par an en exploitant le mix électrique français. Ce scénario permettra de produire 24 000 tonnes d’ammoniac bas carbone par an à horizon 2025-2026. D’abord pour l’élaboration des engrais, puis, en partie, pour la navigation.
« La station d’électrolyse 30 MW de Borealis est symbolique. Elle fait le lien entre nos sites de quelques mégawatts d’aujourd’hui pour l’avitaillement des bus, et ceux de demain, comme celui de plus de 300 MW que nous allons mettre en place à Montalieu avec le cimentier Vicat, en 2025 », met en perspective Pierre de Raphélis-Soissan. « Environ le tiers des émissions de CO2 de la cimenterie va être capté pour former du méthanol décarboné avec l’hydrogène. C’est ce type de produit qui sera utilisé pour faire avancer les 8 méga porte-conteneurs de Maersk, premier transporteur maritime mondial. Ce carburant est très intéressant pour l’avenir », estime-t-il. Vicat s’attend à produire annuellement 200 000 tonnes de méthanol, soit le quart de la consommation totale en France. « Chez Hynamics, nous ne souhaitons pas imposer l’hydrogène, mais seulement proposer cette solution pour les applications où les autres technologies ne suffisent pas », conclut notre interlocuteur.
H2 Mobile et moi-même remercions pour le temps pris à répondre à nos questions.
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