Raréfaction de l'eau : voilà pourquoi l'hydrogène vert doit être privilégié

Présenté lors de la COP 28, le rapport de l'Agence internationale des énergies renouvelables (Irena), souligne la nécessité de donner la priorité à l’hydrogène vert plutôt que de poursuivre la production d’hydrogène bleu. En effet, extrêmement consommatrice d’eau, l’hydrogène produit à partir d’énergies fossiles se heurtera forcément, sous peu, à la raréfaction de l’eau.
 
L'hydrogène bleu, fabriqué à partir d’énergies fossiles avec des émissions de carbone captées et stockées (CSC), est souvent présenté comme une réponse incontournable à la nécessité de décarboner les activités humaines ; car il peut être produit à un coût moins élevé que l'hydrogène vert tout en ayant théoriquement zéro émission nette. Le rapport de l’Irena « Water for hydrogen production » bas en brèche cet argument, en prenant en compte une donnée clé, au regard de la situation climatique : la demande en eau de chacun des modes production d’hydrogène.
 

La consommation d’eau pour la production d’hydrogène triplera d'ici à 2040

Prise en compte absolument nécessaire car, comme le souligne l’Irena, la demande mondiale en eau pour la production d’hydrogène devait tripler d'ici à 2040 et être multipliée par six d'ici à 2050. Or l'hydrogène vert, dérivé de sources renouvelables, utilise près d'un tiers d'eau en moins par kilogramme produit que l'hydrogène bleu, qui utilise des énergies fossiles.
 
En effet, actuellement la solution pour réduire l’impact CO2 de la production amont d’hydrogène bleu (à partir de gaz naturel ou de charbon) passe par des dispositifs CSC, pour lesquels le besoin en eau est très fort et pourrait exploser avec l’accroissement de la demande en hydrogène dans les années à venir.
 

80 % de l'hydrogène chinois est fabriqué à partir du charbon

Or, ce que les spécialistes de l’Irena désignent sous le terme de stress hydrique est aujourd’hui acquis : l’eau est en passe de se raréfier dans les décennies qui viennent. Pourtant, nombre de projets de production d’hydrogène sont assis sur l’hydrogène bleu et les CSC. A titre d’exemple : 80 % de l'hydrogène chinois est fabriqué à partir du charbon. En Europe et en Inde, un nombre important d’initiatives s’appuient sur les énergies fossiles, alors que ces deux régions sont désignées par les climatologues comme potentiellement confrontées à un stress hydrique important dès 2040.
 
Au regard de ces éléments, l’IRENA conclut que cette nécessaire prise en compte de la dépendance à l’eau doit massivement orienter les développements à venir autour de l’hydrogène vert, au détriment de l’hydrogène bleu.