Carlos Tavares : "La technologie hydrogène ne sera gagnante que si nous réussissons à la rendre abordable"

Carlos Tavares :
Illustration : Stellantis
Leader européen du véhicule utilitaire avec 30 % de parts de marché, Stellantis mise sur l’hydrogène pour accélérer la décarbonation de son offre. Un pari qui ne pourra être tenu sans aides conséquentes pour accompagner les premiers utilisateurs avertit Carlos Tavares.
 
Plus que jamais, la filière industrielle française se met en ordre de bataille pour faire de l’hydrogène une réalité dans la mobilité. Alors que Symbio inaugurait ce mardi 5 décembre sa nouvelle usine de fabrication de piles à combustible à Saint-Fons, au sud de Lyon, Carlos Tavares a multiplié les déclarations. Le patron de Stellantis, qui détient désormais un tiers du capital de Symbio aux côtés de Michelin et Forvia, a notamment insisté sur la nécessité de poursuivre les mécanismes d’aides à l’achat de véhicules propres, qu’ils soient électriques ou hydrogène.
 
Ce mardi 5 décembre, Carlos Tavares est intervenu aux côtés des dirigeants de Symbio, Michelin et Forvia. 
 
« Sur l’hydrogène, nous avons devant nous différents défis » a rappelé le dirigeant lors d’une session plénière réunissant de nombreux politiques, dont les Ministres Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique) et Roland Lescure (Industrie). « Nous avons le défi l'industrialisation pour fabriquer à haut niveau de qualité et nous avons évidemment le défi de soutenir la montée en puissance de cette technologique qui a ses avantages : le temps de chargement, l'autonomie et la charge utile. Sur ces trois dimensions, l'hydrogène est une technologie gagnante si et seulement si nous réussissons à la rendre abordable » a-t-il averti.
 
« Si nous pensons avoir gagné la bataille trop tôt, nous allons évidemment la perdre ! »
 
« Aujourd'hui, la question du véhicule abordable est essentielle. Il y a un piège que nous devons collectivement éviter et qui nous est montré par ce que nous voyons sur le véhicule électrique. Partout dans le monde, et en particulier en Europe, dès l'instant où nous enlevons les aides à l'achat pour le client final, on constate que la demande s'effondre. Si nous pensons avoir gagné la bataille trop tôt, nous allons évidemment la perdre ! » a alerté Carlos Tavares. « Ne pas soutenir l'achat des véhicules propres, qu'ils soient électriques ou hydrogène, serait une grave erreur puisque ça ferait évidemment tanker la demande et ralentir tous les développements » a-t-il argumenté.


 

Au moins 30 000 € d’aides par véhicule pour la phase de démarrage

« Les clients ne vont pas acheter des utilitaires hydrogènes à quatre fois le prix du diesel et trois fois le prix de l'électrique s’ils ne sont pas subventionnés. Nous, on va faire notre travail puisque nous allons passer l'année prochaine à Hordain à une phase industrielle de fabrication de ces véhicules qui va nous apporter beaucoup sur la réduction des coûts. Mais on voit bien que les subsides à l'achat des véhicules hydrogènes ne peuvent pas être inférieurs à 30 000 € dans la phase de démarrage. En dessous, le client aura du mal à trouver un TCO qui lui soit abordable » avertit le patron de Stellantis qui appelle les décideurs à ne pas se faire une « piqûre de bonheur » en pensant, à tort, que le marché était lancé.

« S'il y a des hésitations, les industriels vont aussi avoir des hésitations sur les investissements. Et c'est tout le système qui commence quelque part à ralentir et à poser un véritable problème » a-t-il insisté.

Arriver à iso-coût avec la batterie

« Pour 2030, le bon objectif pour nous tous, c'est d'arriver à avoir un coût identique du système hydrogène complet par rapport au pack batterie » a souligné Patrick Koller, PDG de Forvia, lors d’une séquence de questions-réponses organisées en marge de l’événement. « Le pack batterie évolue lui aussi. C'est donc une cible mouvante qu'il nous faut rattraper et dépasser » a complété le patron de Stellantis.


 
Quid de la voiture particulière ?
 
Si les utilitaires et les pickups à hydrogène font bien partie de l’actuel plan stratégique du groupe (Dare Forward 2030), la voiture particulière n’est pour l’heure pas évoquée. H2 Mobile s’est permis d’interpeller le patron de Stellantis sur le sujet en marge de la conférence de presse. « C’est un usage possible dès lors que l’on maitrise la masse et l’encombrement » nous a répondu Carlos Tavares.
On comprend donc que le développement de systèmes plus compacts permettrait d’envisager une intégration dans les futures plateformes multi-énergies du constructeur. Mais attention, ce ne sera sans doute pas avant la fin de la décennie.
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