Energie
L'hydrogène bleu, un désastre écologique déguisé ?

Alors que l’Union européenne est en passe de revoir ses modes de calcul des rejets de gaz à effet de serre, un certain nombre de groupes de défense de l’environnement tirent le signal d’alarme : l’hydrogène bleu serait « un désastre climatique ». En cause, sa dépendance aux carburants fossiles, les fuites de méthane et l’efficacité partielle des dispositifs de captage et de stockage du CO2.
Le site de journalisme d’investigation DeSmog vient de publier une enquête très détaillée sur l’impact carbone de la production d’hydrogène bleu. Leur analyse est sans appel. Malgré les dispositifs de captage associés, la production d'hydrogène bleu pourrait rejeter près de 38 millions de tonnes de CO2 par an, dont une grande partie proviendrait des fuites de méthane associées à l’exploitation de gaz naturel. À cela s’ajoute le fait que les équipements de capture du carbone ne pourraient absorber qu'au maximum 60 % des émissions provenant du reformage du méthane à la vapeur. 40 % des émissions d'un site continueraient donc d'être rejetées dans l'atmosphère.
De nombreux organismes engagés dans la protection de l’environnement se sont saisis de ces données, pour renforcer leur argumentation auprès de l’UE qui est actuellement en pleine consultation autour de sa future méthodologie de calcul de la réduction des émissions de gaz à effet de serre des gaz à faible teneur en carbone. Si, pour certains, cela signifie que la future réglementation doit être draconienne, pour d’autres, plus radicaux, il est clair qu’opter pour l’hydrogène bleu conduirait à « un véritable désastre écologique ».
Si d’autres sont plus modérés dans leurs propos, ils en profitent cependant pour accentuer la pression sur l’Union Européenne. Ainsi, Yuanrong Zhou, chercheur au Conseil international pour les transports propres (ICCT), rappelle que « cette estimation des émissions montre la nécessité d’une politique solide pour garantir que l’hydrogène bleu aide le climat plutôt que de lui nuire ».
Il est rejoint dans cette analyse par Luisa Keßler, du lobby environnemental Bellona, qui , outre le rappel que « les décideurs politiques doivent adopter une comptabilité rigoureuse des gaz à effet de serre, en particulier pour les fuites de méthane en amont pour l’hydrogène bleu et les émissions d’énergie en amont pour l’hydrogène électrolytique » ; souligne que « étant donné la lenteur des projets d’électrolyseurs et la demande d’hydrogène propre pour les applications qui ne peuvent pas être directement électrifiées, les projets d’hydrogène bleu doivent veiller à minimiser les émissions de méthane et à maximiser les taux de capture du CO2 ».
Et c’est peut-être ça finalement le défi que doit relever l’Europe dans les années qui viennent. Le développement de la production d’hydrogène vert n’étant pas assez rapide, l’hydrogène bleu contribuera, sans nul doute, à accompagner la transition vers la décarbonation. Mais ce n’est pas une solution de long terme et sa mise en œuvre nécessite un encadrement strict des modes d’évaluation et des pratiques.
Le site de journalisme d’investigation DeSmog vient de publier une enquête très détaillée sur l’impact carbone de la production d’hydrogène bleu. Leur analyse est sans appel. Malgré les dispositifs de captage associés, la production d'hydrogène bleu pourrait rejeter près de 38 millions de tonnes de CO2 par an, dont une grande partie proviendrait des fuites de méthane associées à l’exploitation de gaz naturel. À cela s’ajoute le fait que les équipements de capture du carbone ne pourraient absorber qu'au maximum 60 % des émissions provenant du reformage du méthane à la vapeur. 40 % des émissions d'un site continueraient donc d'être rejetées dans l'atmosphère.
De nombreux organismes engagés dans la protection de l’environnement se sont saisis de ces données, pour renforcer leur argumentation auprès de l’UE qui est actuellement en pleine consultation autour de sa future méthodologie de calcul de la réduction des émissions de gaz à effet de serre des gaz à faible teneur en carbone. Si, pour certains, cela signifie que la future réglementation doit être draconienne, pour d’autres, plus radicaux, il est clair qu’opter pour l’hydrogène bleu conduirait à « un véritable désastre écologique ».
« Soutenir l’hydrogène bleu est destructeur pour le climat »À l’instar de Dominic Eagleton, responsable de la campagne sur les combustibles fossiles à Global Witness aux États-Unis et au Royaume-Uni, qui considère que « soutenir l’hydrogène bleu revient à enfermer l’Europe dans un avenir de gaz fossile destructeur pour le climat. Alors que la crise climatique s’aggrave et que le continent souffre de la géopolitique de sa dépendance au gaz fossile, il est plus clair que jamais que nous devons éliminer les combustibles fossiles de notre système énergétique plutôt que de chercher des moyens coûteux et chronophages de les reconditionner ». Il se félicite d’ailleurs de l'annulation récente par Equinor d'un projet de pipeline pour livrer de l'hydrogène bleu de la Norvège à l'Allemagne.
Si d’autres sont plus modérés dans leurs propos, ils en profitent cependant pour accentuer la pression sur l’Union Européenne. Ainsi, Yuanrong Zhou, chercheur au Conseil international pour les transports propres (ICCT), rappelle que « cette estimation des émissions montre la nécessité d’une politique solide pour garantir que l’hydrogène bleu aide le climat plutôt que de lui nuire ».
Il faut fixer des seuils d’émissions de méthane
Pour lui, « les émissions de méthane tout au long de la chaîne d’approvisionnement en hydrogène bleu et la quantité de carbone capturée et stockée sous terre doivent toutes deux être correctement mesurées et vérifiées ». Cela passe nécessairement par « la fixation de seuils, tels qu’un taux maximal d’émissions de méthane et un taux minimal de capture du carbone ».Il est rejoint dans cette analyse par Luisa Keßler, du lobby environnemental Bellona, qui , outre le rappel que « les décideurs politiques doivent adopter une comptabilité rigoureuse des gaz à effet de serre, en particulier pour les fuites de méthane en amont pour l’hydrogène bleu et les émissions d’énergie en amont pour l’hydrogène électrolytique » ; souligne que « étant donné la lenteur des projets d’électrolyseurs et la demande d’hydrogène propre pour les applications qui ne peuvent pas être directement électrifiées, les projets d’hydrogène bleu doivent veiller à minimiser les émissions de méthane et à maximiser les taux de capture du CO2 ».
Et c’est peut-être ça finalement le défi que doit relever l’Europe dans les années qui viennent. Le développement de la production d’hydrogène vert n’étant pas assez rapide, l’hydrogène bleu contribuera, sans nul doute, à accompagner la transition vers la décarbonation. Mais ce n’est pas une solution de long terme et sa mise en œuvre nécessite un encadrement strict des modes d’évaluation et des pratiques.
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