Pour Rolls-Royce, l'avion à hydrogène n'est pas encore prêt à décoller

Pour Rolls-Royce, l'avion à hydrogène n'est pas encore prêt à décoller
Rolls-Royce, l’un des principaux motoristes aéronautiques, a annoncé que l'hydrogène ne trouverait pas sa place avant une vingtaine d’années. Pour son PDG, qui souhaite céder sa division dédiée aux avions électriques, l’avenir de la décarbonation aéronautique passe surtout par l’accroissement de l’efficacité des systèmes de propulsion et les carburant durables (SAF).
 
Deux salles, deux ambiances ! Alors qu’Airbus prévoir d’exploiter ses premiers avions hydrogène d’ici 2035, Tufan Erginbilgic (PDG de Rolls-Royce) a récemment déclaré à Bloomberg : « je ne crois pas que l'hydrogène jouera un rôle dans les 15 ou 20 prochaines années ».
 
Cette déclaration d'Erginbilgic intervient alors que la société, en pleine restructuration suite  à de grosses difficultés financières, a annoncé son intention d'abandonner sa division électrique chargée de développer des nouveaux systèmes de propulsion, notamment pour les taxis volants, afin de se consacrer prioritairement aux moteurs à combustion. Les projets de pile à combustible pour le secteur aéronautique sont désormais relégués au second plan (surprenant alors que la société avait fait des progrès notoires dans le domaine) ; et les efforts sont focalisés sur les moteurs à combustion… pas nécessairement à hydrogène.
 

Priorité aux SAF !

En effet, Rolls-Royce est convaincu que la technologie n’arrivera à maturité et ne débouchera commercialement que dans une vingtaine d’années. Le motoriste britannique va donc centrer ses efforts sur ce qui offre le plus de potentiel à court et moyen terme : l’exploitation des SAF (Sustainable Aviation Fuel). Ces carburants durables incluent, en plus des carburants de synthèse, certains biocarburants produits à partir de résidus divers. Ils présentent l’avantage d’être immédiatement disponibles et compatibles avec les technologies actuelles.
 
Et même si l'hydrogène pourrait bien jouer un rôle dans la production de SAF (certains producteurs utilisent du H2 supplémentaire dans la méthode de production Fischer-Tropsch), Tufan Erginbilgic souhaite que Rolls- Royce se centre, dans l’immédiat, sur les SAF et l’accroissement de l’efficacité de ses moteurs ; plutôt que d’explorer des voies qu’il juge trop incertaines.
 

La décarbonation de l’aéronautique passe d’abord par l’amélioration de l’efficacité des moteurs

Dans cette perspective, le motoriste accélère le développement d’un nouveau type de moteur ultra-efficace. Baptisé Ultrafan, il devrait être opérationnel d’ici quatre ans et contribuer aux efforts décarbonation par sa sobriété.
 
La nouvelle stratégie de Rolls-Royce, qui a besoin de résultats à très court terme, est confortée par le récent rapport de Bain & Co. Celui-ci soulignait que les mesures liées à l’amélioration de l’efficacité énergétique représenteraient 43 % de tous les efforts de réduction des émissions du secteur aéronautique d'ici à 2050, l'hydrogène et l'électricité à batterie n'en fournissant que 5 %.
 
Malgré ce recentrage, Rolls-Royce n’abandonne pas complètement le champ du moteur à hydrogène. Le projet de moteur à combustion d’hydrogène, développé conjointement avec Easyjet, est maintenu et reste dans les plans « long terme » du groupe.



Vous avez aimé cet article ? Ne manquez pas les suivants en vous abonnant à H2 Mobile sur Google News ou en nous suivant sur Linkedin.
Annonces