Hydrogène en Corée du Sud : « Il faut stimuler l'offre et la demande »

Président de l'Association des constructeurs automobiles coréens (KAMA), Kang Nam-Hoon est revenu sur le développement de la filière hydrogène en Corée du Sud lors d'une rencontre organisée avec un panel de journalistes, dont H2 Mobile, à H2 MEET 2024, le plus grand salon de la filière hydrogène en Corée du Sud. Face aux défis, il met avant l’importance d’un soutien gouvernemental accru pour accélérer le développement de la filière.

Du 25 au 27 septembre se déroulait l’édition 2024 de H2 MEET, le plus grand salon dédié à l’hydrogène du pays. L’évènement qui a accueilli cette année plus de 300 entreprises et quelque 4 000 visiteurs, a été l’occasion d’échanger sur les avancées de la filière hydrogène avec Kang Nam-Hoon, Président de l'association des constructeurs coréens (KAMA) et Président du comité d’organisation du salon.

Une technologie toujours trop coûteuse

Interpelé sur la question du prix des voitures à hydrogène, Kang Nam-Hoon a reconnu que leur coût élevé constitue un obstacle majeur à leur démocratisation. Une problématique déjà soulevée en 2023 où le dirigeant pointait la concurrence accrue des voitures électriques à batteries.

Actuellement, la Corée du Sud compte environ 35 000 véhicules fonctionnant à l’hydrogène et quelque 300 stations en service. Si le pays est récemment parvenu à franchir le cap des 1 000 bus à hydrogène en circulation, le volume d’immatriculations annuelles reste relativement faible. Pour le responsable de KAMA, il est essentiel d’élargir le marché et de développer l’infrastructure nécessaire, notamment un réseau de stations de recharge adéquat. « Il y a toujours ce problème de la poule et de l'œuf. En vérité, il nous faut les deux pour atteindre ce que l’on appelle le point de bascule », a-t-il expliqué.

Malgré une tendance de marché à la baisse sur le segment des voitures à hydrogène, le gouvernement coréen maintient son objectif ambitieux de 300 000 véhicules à pile à combustible d'ici à 2030. Alors que l’arrivée attendue de la nouvelle génération du Hyundai Nexo devrait offrir un nouveau souffle au segment des véhicules légers, les véhicules lourds, bus et camions, font désormais partie des axes de développement majeurs. « Comme ces véhicules consomment une plus grande quantité d'hydrogène, il y a aussi de meilleures opportunités pour les opérateurs de stations » souligne Kang Nam-Hoon.
 

Hydrogène vert : des quotas pour créer le marché

« En matière d’énergie, la solution optimale est l'hydrogène vert. Mais le problème est qu'il est aujourd’hui très coûteux » a rappelé Kang Nam-Hoon pour qui la problématique « énergie » est finalement similaire à celle de la mobilité : pour créer le marché, il faut à la fois stimuler l’offre et la demande. C’est la raison pour laquelle le gouvernement coréen prévoit l’instauration de quotas obligatoires d’utilisation d’ hydrogène vert pour certains secteurs.

Selon Kang Nam-Hoon, cette politique jouera un rôle crucial pour accélérer l'émergence du marché et répondre à des enjeux cruciaux de souveraineté énergétique. « En Corée et au Japon, nous n'avons pas de sources d'énergie fossiles » a-t-il rappelé, soulignant au passage le potentiel de l’hydrogène rose. « Avec 24 réacteurs nucléaires, la Corée pourrait utiliser cette source d’énergie pour produire de l’hydrogène bas-carbone à grande échelle ».