Réseaux
Avec HySoW, Teréga contribue à rendre l'hydrogène décarboné compétitif
A la suite de son baromètre « Les Français et l’hydrogène », Teréga a présenté le projet HySoW par lequel une infrastructure de transport de l’hydrogène décarboné se met en place dans le Sud-Ouest de la France. Elle ouvrira une connexion à l’hydrogénoduc H2Med auparavant connu sous le nom de BarMar.
Proposé par GRTgaz, Teréga, Enagas, et REN dans le cadre des projets d’intérêt commun PCI porté par la commission européenne, HySoW (Hydrogen South West) s’intègre dans le « système énergétique qu’appelle les Français », a souligné Dominique Mockly, PDG de Teréga, en se référant aux résultats de la troisième vague de son baromètre réalisé sur le terrain par Harris Interactive. « Cette molécule, qui est un vecteur énergétique, ne prendra tout son essor que si elle rentre dans un cadre stratégique », a-t-il ensuite précisé en effectuant un parallèle avec le lancement du nucléaire dans les années 1970.
Si l’opérateur du transport et du stockage du gaz implanté dans le Sud-Ouest communique désormais sur son programme HySoW, c’est en raison de la médiatisation autour de l’hydrogénoduc H2Med qui va « mettre en contact la France et le reste de l’Europe avec une capacité de production d’hydrogène dont les prix seront intéressants ». De quoi décider des industriels à « faire basculer un certain nombre de leurs process ».
Deux canalisations doivent être construites. Créditée d’une enveloppe d’environ 350 millions d’euros, la première, d’une longueur de 248 km entre Celorico da Beira et Zamora, permettra de connecter le Portugal à L’Espagne. Avec une pression de 84 bars, le pipeline d’un diamètre de 28 pouces transportera à l’année 0,75 mégatonne d’hydrogène. Le calendrier de mise en œuvre s’étend sur 48 mois, contre 56 mois pour la partie de 455 km reliant Barcelone à Marseille. D’un même diamètre, cette canalisation sera principalement immergée, à une profondeur maximale de 2 600 m. L’hydrogène circulera sur cette portion sous une pression bien plus importante de 210 bars. Le chantier connectant l’Espagne à la France dispose d’une enveloppe de l’ordre de 2,2 milliards d’euros.
Ce réseau est à voir comme « un bout de la dorsale hydrogène » mise en évidence par l’ensemble des opérateurs qui assureront le transport du produit. Une fois en service, il permettra de connecter les clusters de production ou de consommation. Parmi ces derniers : le Corridor de mobilité Occitanie, les régions de Toulouse et notamment le secteur aéronautique, Bordeaux avec un secteur portuaire et un secteur industriel en développement, Lacq (Industries) et Bayonne (Port).
Ce n’est pas tout, puisque cette connexion « permettra de rajouter sur l’ensemble du territoire des capacités de produire de l’électricité pour faire de l’équilibrage avec des systèmes d’hydrogène to power ». Pour une mise en service programmée en 2030, le réseau HySoW sera formé de 600 km de canalisations, dont 40 % provenant de la conversion de tuyaux auparavant exploités pour transporter le gaz naturel.
Des unités de stockage devront être conjointement développées. La région a une capacité importante en la matière, avec un potentiel de 500 GWh pour 2030 et 1 TWh à terme : « Aujourd’hui nous sommes en train d’étudier cette capacité de stockage, soit au travers de la transformation d’infrastructures existantes qui ont été utilisées ou sont encore utilisées pour le gaz naturel, soit en créant de nouvelles capacités dans la géologie saline prometteuse ». Le stockage permettra d’assurer la continuité en fourniture d’hydrogène pour les process industriels ainsi que pour équilibrer le réseau électrique, notamment lors des périodes de pointe de consommation. A noter que l’investissement prévu au titre du projet HySoW est de 1,222 milliards d’euros.
Le tracé du réseau HySoW n’est pas laissé au hasard. « C’est une infrastructure en coconstruction avec les régions qui soutiennent ce programme », pour faciliter les projets des territoires. « Il ne faut pas développer trop tard les infrastructures dans le dispositif, parce que les choix d’implantation qu’effectueront les industriels sont très liés à la capacité d’accès qu’ils auront à certaines matières premières dont l’hydrogène », a prévenu Dominique Mockly.
D’autres proviennent d’entreprises très diverses, de Lhyfe à Royal Canin, en passant par Lafarge et des sociétés du secteur de l’énergie. Ce n’est pas tout puisqu’un appel à manifestation d’intérêt plus officiel sera lancé dans le courant du mois de juin prochain. Il s’agit déjà ainsi de consolider autour de HySoW les projets de production et de consommation d’hydrogène. Mais également d’attirer de nouvelles entreprises qui pourraient s’implanter autour du réseau, aussi en raison des bassins intéressants d’emplois et des propositions d’accompagnement mis en place par les régions : « Nous participons pleinement à ce rôle d’attractivité dans les territoires ».
Avec une étape en 2030 pour 28 000 km de canalisations, le réseau devrait s’étendre à l’échéance sur 53 000 km - dont 1 000 km en zone Teréga - avec 60 % de lignes converties acheminant auparavant du gaz naturel. A ce jour, le coût du transport est estimé dans une fourchette de 0,11 à 0,21 euro pour 1 kilogramme d’hydrogène déplacé sur 1 000 km : « Ce qui ne va pas bousculer le coût de production d’hydrogène qui sera entre 2 et 3 euros le kilo ». Lors de sa présentation, Dominique Mockly a mis en avant l’étude PAN-EU réalisée par le consortium Gas for Climate. Et en particulier ces économies de 330 milliards d’euros qui serait réalisées sur la période 2030-2050 grâce à l’interconnexion des systèmes, par rapport à des clusters nationaux non reliés.
« Une partie importante de ces économies, c’est de l’Opex. La molécule d’hydrogène qui sera mise à disposition des consommateurs ira chercher l’endroit où elle est produite avec des coûts plus optimaux ». D’où « une homogénéisation et un lissage des prix qui sont bénéfiques pour le consommateur final ».
Ce n’est pas tout : « Les interconnexions permettent de simplifier les infrastructures dans chacun des pays. Et pas seulement pour l’hydrogène. Aussi pour le réseau électrique ». Pourquoi ce dernier en bénéficierait-il aussi ? Tout simplement parce qu’il transiterait entre les pays davantage d’énergie en s’appuyant sur le réseau hydrogène que par l’intermédiaire d’un réseau électrique interconnecté. Ce qui dote HySoW et tous les bouts de réseau de la dorsale européenne hydrogène d’un caractère stratégique à ne pas négliger.
Proposé par GRTgaz, Teréga, Enagas, et REN dans le cadre des projets d’intérêt commun PCI porté par la commission européenne, HySoW (Hydrogen South West) s’intègre dans le « système énergétique qu’appelle les Français », a souligné Dominique Mockly, PDG de Teréga, en se référant aux résultats de la troisième vague de son baromètre réalisé sur le terrain par Harris Interactive. « Cette molécule, qui est un vecteur énergétique, ne prendra tout son essor que si elle rentre dans un cadre stratégique », a-t-il ensuite précisé en effectuant un parallèle avec le lancement du nucléaire dans les années 1970.
Si l’opérateur du transport et du stockage du gaz implanté dans le Sud-Ouest communique désormais sur son programme HySoW, c’est en raison de la médiatisation autour de l’hydrogénoduc H2Med qui va « mettre en contact la France et le reste de l’Europe avec une capacité de production d’hydrogène dont les prix seront intéressants ». De quoi décider des industriels à « faire basculer un certain nombre de leurs process ».
H2Med
« H2Med est un projet qui permettra de transporter entre la péninsule ibérique et la France, puis le nord de l’Europe, de l’ordre de 10 % de la consommation d’hydrogène qui est prévue en Europe entre 2030 et 2035 », a présenté Dominique Mockly. L’hydrogénoduc ferait ainsi passer « 2 mégatonnes d’hydrogène par an ». H2Med se place comme « une brique essentielle du programme REPowerEU qui a été proposé par l’Union européenne pour répondre au stress énergétique créée par la crise ukrainienne et au stress créé aussi par tout ce qui est transition énergétique et réchauffement climatique ».Deux canalisations doivent être construites. Créditée d’une enveloppe d’environ 350 millions d’euros, la première, d’une longueur de 248 km entre Celorico da Beira et Zamora, permettra de connecter le Portugal à L’Espagne. Avec une pression de 84 bars, le pipeline d’un diamètre de 28 pouces transportera à l’année 0,75 mégatonne d’hydrogène. Le calendrier de mise en œuvre s’étend sur 48 mois, contre 56 mois pour la partie de 455 km reliant Barcelone à Marseille. D’un même diamètre, cette canalisation sera principalement immergée, à une profondeur maximale de 2 600 m. L’hydrogène circulera sur cette portion sous une pression bien plus importante de 210 bars. Le chantier connectant l’Espagne à la France dispose d’une enveloppe de l’ordre de 2,2 milliards d’euros.
La brique HySoW
« A partir du moment où vous avez 2 mégatonnes potentiellement qui passent par une infrastructure alimentant la France, comment en fait-on bénéficier aux projets qui sont eux-mêmes dimensionnant dans les territoires ? », a interrogé Dominique Mockly. Par exemple avec le programme HySoW « qui répond complètement à cette question pour la partie sud-ouest ».Ce réseau est à voir comme « un bout de la dorsale hydrogène » mise en évidence par l’ensemble des opérateurs qui assureront le transport du produit. Une fois en service, il permettra de connecter les clusters de production ou de consommation. Parmi ces derniers : le Corridor de mobilité Occitanie, les régions de Toulouse et notamment le secteur aéronautique, Bordeaux avec un secteur portuaire et un secteur industriel en développement, Lacq (Industries) et Bayonne (Port).
Ce n’est pas tout, puisque cette connexion « permettra de rajouter sur l’ensemble du territoire des capacités de produire de l’électricité pour faire de l’équilibrage avec des systèmes d’hydrogène to power ». Pour une mise en service programmée en 2030, le réseau HySoW sera formé de 600 km de canalisations, dont 40 % provenant de la conversion de tuyaux auparavant exploités pour transporter le gaz naturel.
Dynamique locale
Quelle capacité pour HySoW au regard des 2 mégatonnes annuelles du projet H2Med ? Elle s’élèverait « à 0,5 MT par an d’hydrogène qui sera produit localement ou dans le sud de l’Europe et alimentera les territoires ». Les productions locales seront ainsi connectées « à un marché de l’hydrogène qui permettra aux Français de se projeter dans cette économie nouvelle nécessaire pour décarboner une partie de notre industrie ».Des unités de stockage devront être conjointement développées. La région a une capacité importante en la matière, avec un potentiel de 500 GWh pour 2030 et 1 TWh à terme : « Aujourd’hui nous sommes en train d’étudier cette capacité de stockage, soit au travers de la transformation d’infrastructures existantes qui ont été utilisées ou sont encore utilisées pour le gaz naturel, soit en créant de nouvelles capacités dans la géologie saline prometteuse ». Le stockage permettra d’assurer la continuité en fourniture d’hydrogène pour les process industriels ainsi que pour équilibrer le réseau électrique, notamment lors des périodes de pointe de consommation. A noter que l’investissement prévu au titre du projet HySoW est de 1,222 milliards d’euros.
Occitanie et Nouvelle Aquitaine
Le réseau HySoW a pour mission de soutenir aussi dans les territoires l’évolution de la mobilité. L’Occitanie finance ainsi à hauteur de 150 millions d’euros cette bascule, par exemple en accompagnant la conversion à l’hydrogène des flottes d’autobus. En Nouvelle Aquitaine, une dynamique similaire est en route, avec ses propres particularités. Ainsi avec la production de carburants de synthèse, notamment pour les avions : « Ces e-fuels pour décarboner le secteur de l’aéronautique vont avoir besoin d’hydrogène et de CO2 et seront réalisés dans des zones typiquement industrielles, du côté de Lacq, dans la zone de Bordeaux qui pourrait avoir des clusters de production ».Le tracé du réseau HySoW n’est pas laissé au hasard. « C’est une infrastructure en coconstruction avec les régions qui soutiennent ce programme », pour faciliter les projets des territoires. « Il ne faut pas développer trop tard les infrastructures dans le dispositif, parce que les choix d’implantation qu’effectueront les industriels sont très liés à la capacité d’accès qu’ils auront à certaines matières premières dont l’hydrogène », a prévenu Dominique Mockly.
Rôle d’attractivité
Si le programme HySoW semble si bien engagé, c’est aussi en raison du soutien qu’il a reçu, formalisé en particulier au moyen de 37 lettres. Certaines sont signées par des structures publiques ou assimilables, tels le ministère de la Transition énergétique, les 2 régions, leurs chambres de commerce et de l’industrie, l’agence régionale Energie-Climat d’Occitanie, etc.D’autres proviennent d’entreprises très diverses, de Lhyfe à Royal Canin, en passant par Lafarge et des sociétés du secteur de l’énergie. Ce n’est pas tout puisqu’un appel à manifestation d’intérêt plus officiel sera lancé dans le courant du mois de juin prochain. Il s’agit déjà ainsi de consolider autour de HySoW les projets de production et de consommation d’hydrogène. Mais également d’attirer de nouvelles entreprises qui pourraient s’implanter autour du réseau, aussi en raison des bassins intéressants d’emplois et des propositions d’accompagnement mis en place par les régions : « Nous participons pleinement à ce rôle d’attractivité dans les territoires ».
Dorsale européenne de l’hydrogène
A son échelle, HySoW est un maillon de la dorsale européenne de l’hydrogène qui devrait être constituée d'ici à 2040 : « D’autres interconnexions pourront se dégager entre la France et l’Espagne en fonction des productions, des besoins et de l’insertion de cette molécule dans le paysage européen et de l’industrie au sens large ».Avec une étape en 2030 pour 28 000 km de canalisations, le réseau devrait s’étendre à l’échéance sur 53 000 km - dont 1 000 km en zone Teréga - avec 60 % de lignes converties acheminant auparavant du gaz naturel. A ce jour, le coût du transport est estimé dans une fourchette de 0,11 à 0,21 euro pour 1 kilogramme d’hydrogène déplacé sur 1 000 km : « Ce qui ne va pas bousculer le coût de production d’hydrogène qui sera entre 2 et 3 euros le kilo ». Lors de sa présentation, Dominique Mockly a mis en avant l’étude PAN-EU réalisée par le consortium Gas for Climate. Et en particulier ces économies de 330 milliards d’euros qui serait réalisées sur la période 2030-2050 grâce à l’interconnexion des systèmes, par rapport à des clusters nationaux non reliés.
« Une partie importante de ces économies, c’est de l’Opex. La molécule d’hydrogène qui sera mise à disposition des consommateurs ira chercher l’endroit où elle est produite avec des coûts plus optimaux ». D’où « une homogénéisation et un lissage des prix qui sont bénéfiques pour le consommateur final ».
Ce n’est pas tout : « Les interconnexions permettent de simplifier les infrastructures dans chacun des pays. Et pas seulement pour l’hydrogène. Aussi pour le réseau électrique ». Pourquoi ce dernier en bénéficierait-il aussi ? Tout simplement parce qu’il transiterait entre les pays davantage d’énergie en s’appuyant sur le réseau hydrogène que par l’intermédiaire d’un réseau électrique interconnecté. Ce qui dote HySoW et tous les bouts de réseau de la dorsale européenne hydrogène d’un caractère stratégique à ne pas négliger.
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