Stations hydrogène : en Vendée, des débuts prometteurs malgré un démarrage plus lent que prévu

Stations hydrogène : en Vendée, des débuts prometteurs malgré un démarrage plus lent que prévu
Bras armé du SYDEV pour orchestrer le déploiement de l’écosystème hydrogène du territoire, la SEM Vendée Energie opère aujourd’hui trois stations-service hydrogène. Un réseau dont le développement reste limité par la disponibilité commerciale des véhicules et la maturité globale du marché.

En matière d’énergies nouvelles, le département de la Vendée a toujours été à l’avant-garde. D’abord avec les bornes de recharge pour véhicules électriques, déployées dès les années 2010, puis sur la construction d’un réseau de stations bioGNV. Au cœur de cette stratégie, le syndicat d’énergie de la Vendée, le SYDEV, qui, avec l’appui de sa SEM Vendée Energie, a été parmi les premiers à déployer un réseau de stations hydrogène, initié en 2021 avec l’inauguration de la station de La Roche-sur-Yon. L’occasion d’un nouveau point d’étape avec les représentants du SYDEV et de la SEM. 

Une filière moins mature 

« Aujourd'hui, construire une station hydrogène reste plus complexe que de faire une station gaz » reconnait François Challet, chargé de mission hydrogène au sein du SYDEV. « Nous sommes confrontés à des retards de commercialisation sur les véhicules, l’ hydrogène vert n’existe quasiment pas, à part en Vendée avec Lhyfe, la réglementation n’est pas encore claire sur tous les aspects… tout est à créer ! ».

Pour autant et malgré les difficultés, la Vendée tire un bilan positif de son engagement pionnier. « Le retour que l’on a, c’est que cela fonctionne » souligne notre interlocuteur. « Le taux de disponibilité sur les véhicules et les stations est très encourageant et le retour d’expérience des usagers est bon. Cela reste une belle victoire et on se rend compte que, contrairement à d’autres projets beaucoup plus ambitieux, on a mis le curseur à peu près là où il fallait compte tenu de la réalité du marché et des usages »

La station hydrogène des Sables d'Olonne.
 

L’enjeu du volume 

La Roche-sur-Yon, Les Sables d’Olonne et Saint-Gilles Croix de Vie, où une petite station mobile a été inaugurée il y a quelques mois. Le SYDEV compte aujourd’hui trois stations en service sur lesquelles se ravitaille une trentaine de véhicules. « Il s’agit principalement de véhicules de collectivités. Il y a une dizaine de véhicules d'entreprises de type Toyota Mirai, Hyundai Nexo mais également des utilitaires comme des Renault Kangoo H2 de première génération ou des Peugeot e-Expert à hydrogène » liste François Challet. 

A préciser que la Vendée compte également une quatrième station hydrogène. Opérée par Brétéché sous l’enseigne Avia, celle-ci est installée sur le territoire de la commune de Maché. Elle est aujourd’hui principalement fréquentée par des véhicules légers. 

« L’hydrogène, c’est comme le GNV : tout se joue sur les volumes. Sur des stations de distribution comme les nôtres, ce sont surtout les véhicules lourds qui nous permettent d’avoir des notions de rentabilité » nous explique Laurent Sorin, responsable des mobilités décarbonées au sein de Vendée Energie. « Nous allons prochainement avoir deux autres BOM sur les Sables d'Olonne dans le cadre de la nouvelle délégation qui est en train d'être négociée. En parallèle, nous sommes en train de faire les premiers tours de roues du camion hydrogène Hyundai dans le cadre du contrat Perrenot - Lidl. C'est un véhicule qui a l'air de bien fonctionner et nous avons espoir que son usage pourra être dupliqué à d’autres activités » complète-t-il.  

Pour le SYDEV, cet effet volume est également considéré comme un levier pour réduire le prix de l’hydrogène à la pompe. « Aujourd’hui, nous sommes à 15 € HT/kg. C'est un prix qui est encore très loin d'être compétitif avec les autres énergies » reconnait François Challet. « Par contre, quand on projette les business model, on s’aperçoit que l’on peut atteindre des prix beaucoup plus intéressants dès lors où on aura des stations capables de sortir une à deux tonnes/jour, voire plus. Aujourd'hui, nos stations ont une capacité de 200 kilos/jour et cela correspond à ce qu'on avait envie d'en faire. Sur la Roche-sur-Yon, nous sommes aujourd’hui à 60 kg/jour, soit environ un quart de la capacité. On espère qu’en 2027-2028, on pourra la remplacer par une station de plus grande taille » complète-t-il. 

A Saint-Gilles Croix de Vie, une petite station permet d'alimenter une trentaine de véhicules

Un écosystème à construire 

Si la disponibilité commerciale des véhicules est essentielle pour les représentants de Vendée Energie, la construction de l’écosystème hydrogène passe également par la montée en puissance des acteurs, notamment sur le volet maintenance et après-vente. C’est ainsi le cas pour les bus.

« Entre La Roche-sur-Yon et les Sables d’Olonne, nous avons aujourd’hui 4 bus à hydrogène Caetano en fonctionnement. Ce sont des bus sur lesquels nous n’avons pas rencontré de problèmes de fiabilité liés à l'utilisation d'hydrogène. Par contre, nous avons rencontré des problèmes mineurs de jeunesse ou des bris de glace. Cela devient compliqué quand c'est un véhicule qui n'est pas diffusé et sans véritable réseau SAV en France. L'approvisionnement de la pièce et le remplacement de la pièce prennent beaucoup plus de temps » souligne François Challet qui compte sur la structuration de la marque sur les prochains mois, mais aussi sur l’arrivée d’Iveco dont le réseau SAV est beaucoup plus présent en France. 

Au-delà des constructeurs, les opérateurs doivent aussi s’adapter. « La condition pour faire rentrer plus de véhicules hydrogène, c'est de pouvoir avoir un taux de disponibilité qui se rapproche de celui des véhicules diesel classiques » résume François Challet. « Dans le cadre de la nouvelle délégation qui a démarré en janvier, RATP Dev a prévu de construire un nouveau dépôt avec un atelier qui sera en mesure de recevoir les véhicules hydrogènes, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Surtout, le groupe a identifié La Roche-sur-Yon comme étant le futur centre de formation hydrogène pour le groupe » souligne-t-il. 

D’ici à 2033, l’opérateur a prévu d’opérer sur le réseau Impulsyon de la Roche-sur-Yon un mix énergétique composé à 70 % de bioGNV, à 20 % d’hydrogène et à 10 % sur les autres énergies, dont l’électrique à batteries. 

La station de Challans en attente d’un contexte plus favorable 

Résultat d’un démarrage plus long que prévu, le SYDEV a choisi de décaler la construction de sa quatrième station hydrogène, prévue sur le territoire de Challans.

« L'expérience nous montre que les usages tardent à arriver et qu'une station hydrogène coûte cher à exploiter » explique François Challet, qui pointe également les problématiques liées à la hausse du prix de l’énergie. « Par rapport au premier business model que nous avions réalisé il y a trois ans, les coûts d'électricité ont fortement augmenté. Sur une station où il nous faut compresser l'hydrogène à 900 bars, c'est très impactant ! » détaille-t-il. 

« On essaie de décaler cette ouverture au maximum. Car plus on retarde, plus on aura une maturité d'offre commerciale de véhicules et une possibilité à de faire tourner cette station correctement. Aujourd’hui, nos efforts sont plutôt pour essayer de massifier les usages autour des stations existantes. D'autant qu'à Challans, il n’y a pas le même le potentiel qu'à la Roche-sur-Yon » complète Laurent Sorin. 

Un décalage qui n’empêche pas pour autant le SYDEV d’anticiper l’avenir en préparant l’arrivée de futures stations. « Aujourd’hui, tout nouveau projet anticipe le mix-énergétique. On peut décider de démarrer par une énergie, puis faire fonctionner les autres après, mais systématiquement, le foncier est prévu pour installer une station multi-énergie ».
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