Stellantis prêt à ralentir sur l'utilitaire à hydrogène ?

Stellantis prêt à ralentir sur l'utilitaire à hydrogène ?
L'Opel Movano à hydrogène, commercialisé sous la marque Vauxhall au Royaume-Uni
Pointant le manque de subventions et d’infrastructures, Stellantis va ralentir son offensive sur l’utilitaire hydrogène au Royaume-Uni. Une décision qui pourrait s'étendre à d'autres marchés européens.
 
C’est un nouveau coup de tonnerre dans l’écosystème hydrogène. Alors que Daimler Truck annonçait il y a quelques jours le report de la commercialisation de son camion hydrogène, le groupe Stellantis semble également reculer sur le segment de l’utilitaire. Dans un entretien accordé à Fleet News, Fedele Ragusa, chef de produit chez Stellantis, a annoncé un gel partiel des projets hydrogène du groupe sur le marché britannique. « Ce n’est pas le bon moment pour pousser l’hydrogène. Il n’y a pas d’investissements dans les subventions ni dans l’infrastructure, donc nous ne poursuivons pas le déploiement commercial », a-t-il expliqué.
 
Si le groupe n’a pas précisé si l’offre serait retirée ou simplement mise en pause, le message est clair : sans écosystème structuré, le lancement des utilitaires à pile à combustible n’est pas jugé viable.
 
Le groupe avait pourtant lancé une vaste offensive sur le segment, mobilisant ses sites industriels de Hordain (France) et de Gliwice (Pologne), pour développer une véritable gamme de véhicules sur les segments moyens et lourds en s’appuyant sur les différentes marques de la galaxie Stellantis. Au total, pas moins de 8 véhicules avaient été annoncés. Au Royaume-Uni, c’est Vauxhall qui était jusqu’ici fer de lance de l’offre hydrogène du constructeur.
 

Une stratégie ajustée au niveau européen

Contacté par Hydrogen Insight, Stellantis a laissé entendre que ce réalignement stratégique pourrait ne pas se limiter au seul marché britannique. Selon le constructeur, le manque de progrès des États membres dans le déploiement de l’infrastructure pèse sur les perspectives du marché européen. L’absence d’application concrète du règlement européen sur les carburants alternatifs (AFIR) est notamment soulignée.
 
En France, le lancement de l’appel à projets de l’ADEME sur les utilitaires H2 pourrait inciter le groupe à continuer d’investir. Les équipes de Stellantis étaient d’ailleurs présentes lors d’un webinaire dédié à l’AAP organisé par France Hydrogène au début du mois de juin.
 
Cette inflexion stratégique intervient dans un contexte de réorganisation du groupe. Le départ de Carlos Tavares, fin 2024, marque une nouvelle phase où la rationalisation budgétaire et le pragmatisme sont mis en avant. Encore couteux et pénalisé par le manque d’infrastructures, l’hydrogène semble aujourd’hui être reléguée au second plan par rapport à d’autres technologies comme l’électrique à batteries, jugées plus matures. Des pistes comme l’hybride rechargeable ou le range-extender semblent également à l’étude pour l’utilitaire. « Nous pensons que l'hybridation est une bonne option » a pointé Fedele Ragusa.
 

Quelles conséquences pour Symbio ?

S’il venait à se confirmer, ce ralentissement de Stellantis ne serait pas sans conséquence pour certains équipementiers, dont Symbio. Détenu à parts égales par Stellantis, Forvia et Michelin, le fabricant français de piles à combustible avait inauguré fin 2023 une gigafactory à Saint-Fons, près de Lyon.
 
Prévue pour une capacité annuelle de 50 000 systèmes d’ici 2026, l’usine devait notamment fournir les systèmes pour les utilitaires à hydrogène du groupe Stellantis. Si ce dernier réduit ses ambitions, Symbio devra réévaluer ses débouchés ou diversifier ses clients pour sécuriser l’activité du site. Une situation qui explique, peut-être, la récente nomination de Jean-Baptiste Lucas à la tête de l’entreprise. La situation serait également catastrophique pour la filière hydrogène, qui a déjà perdu Hyvia, la joint-venture de Renault et Plug dont la liquidation a été prononcée en début d'année


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