Vélo, scooter, triporteur : Comment Pragma fait évoluer sa gamme de véhicules hydrogène

Vélo, scooter, triporteur : Comment Pragma fait évoluer sa gamme de véhicules hydrogène
Voici le deuxième volet de notre entretien avec Pierre Forté, dirigeant fondateur de Pragma Industries. Après avoir mis en avant la philosophie qui anime l’équipe en matière de mobilité hydrogène, nous vous proposons un petit point sur le tricycle utilitaire nouvellement lancé, la nouvelle génération du vélo Alpha, et le futur scooter qui serait décliné en 50 et 125 cc.
 
Au cours de notre entretien, Pierre Forté a particulièrement insisté sur sa vision de l’hydrogène comme vecteur énergétique à démocratiser. Ce qui passe pour lui par une mobilité accessible au plus grand nombre dans un monde où la population devient toujours davantage urbaine. Ce scénario légitime le développement des transports en commun, mais aussi la micromobilité.
 
Présenté comme concept en 2013, le vélo à assistance électrique Alpha à pile hydrogène a été commercialisé en 2017, et renouvelé 2 ans plus tard. « Sur 300 exemplaires produits auxquels s’ajoutent les 15 ou 20 de présérie, 200 roulent tous les jours aujourd’hui. Ce chiffre continue d’augmenter car nous en avons encore en stock », commente Pierre Forté. « Des collectivités l’ont adopté pour la mobilité de leur personnel. Des entreprises aussi, soit pour les trajets domicile-travail, soit pour des déplacements professionnels sur site et à l’extérieur. Des loueurs saisonniers, ainsi que des établissements hôteliers et d’hébergement le propose », poursuit-il.

Pierre Forté, dirigeant fondateur de Pragma Industries, aux côtés de la première génération du vélo à hydrogène Alpha 

Alpha Néo

Avec la troisième génération Alpha Néo, qui sera disponible en 2023, le vélo à pile à hydrogène de Pragma Industries se renouvelle complètement. Il perd déjà sa batterie au profit de supercapacités (supercondensateurs). Pas de lithium, pas de cobalt : il s’agit de réduire encore l’impact environnemental du vélo. Ce n’est certainement pas au détriment de l’autonomie qui peut grimper à plus de 160 km.
 
« Elle a augmenté d’environ 50 %, car le nouveau réservoir est plus gros. Un vélo électrique classique embarque une batterie de 400 à 850 Wh pour les modèles haut de gamme. L’Alpha Néo embarque 1 150 Wh pour une consommation de 7 Wh par kilomètre. Et nous espérons arriver par la suite à 2 000 Wh. Ce qui permettrait pour certains utilisateurs de ne procéder qu’à un seul plein d’hydrogène par mois », chiffre Pierre Forté.
 
« Il faut qu’on se serve de notre VAE sans forcément penser à chaque sortie qu’il va falloir le ravitailler en énergie. L’Alpha est un vélo différent. Nous avons fait le choix d’un modèle urbain : il a le même usage qu’un scooter. Il ne doit donc passer que de temps en temps à la station. Nous voulons pousser cette logique le plus loin possible », explique-t-il.
 
La gestion de l’énergie ne doit pas être une charge mentale
 
«  L’hydrogène doit servir à apporter plus d’autonomie que l’électrique à batterie. Ce n’est pas le cas avec les Hyundai Nexo et Toyota Mirai, par exemple, qui ne font pas mieux que des Tesla. Ce n’est pas très intéressant », est convaincu le fondateur de Pragma Industries. « La moitié des acheteurs de vélos électriques le font pour remplacer une voiture. Ils disposent donc d’un certain budget, recherchent un confort minimal d’utilisation, et plus il y a d’autonomie, plus ça les intéresse. Pour eux, la gestion de l’énergie ne doit pas être une charge mentale. Nous ferons encore mieux en 2025 », promet-il. « Nous avons de plus en plus de clients et projets éloignés, parfois de plusieurs milliers de kilomètres. Ils sont un peu partout en Europe, dans les îles, à Los Angeles, en Corée, en Slovaquie et ailleurs. C’est pourquoi nous avons regroupé dans une partie amovible toute ce qui est spécifique. Ce qui comprend le système électronique, la pile à combustible et le réservoir d’hydrogène », expose-t-il.
 
« Classique, toute la partie cycle peut être révisée, entretenue et réparée localement chez un spécialiste en deux-roues. Et s’il faut intervenir sur les éléments spécifiques à l’hydrogène, l’utilisateur n’a pas besoin d’envoyer le vélo complet, juste la partie amovible qui peut être remplacée en échange standard », justifie-t-il.


 

30 % moins cher

« Comme nous souhaitons démocratiser la mobilité hydrogène, nous nous efforçons de faire baisser le prix de notre Alpha. En raison de l’augmentation du tarif des éléments électroniques, et même de la partie cycle, nous n’avons pas pu atteindre notre objectif de prix de vente à 4 500 euros », pourrait se désoler Pierre Forté.
 
« Nous sommes à 5 690 euros HT réellement, avec une baisse de 30 % par rapport au modèle 2019. Nous allons continuer de travailler en ce sens, de concert avec la durabilité des éléments », assure-t-il.
 
Afin de rendre l’Alpha Néo plus abordable, Pragma Industries propose une mise à disposition sous la forme d’une location. Homologué, il embarque une PAC H2 de type PEMFC d’une puissance de 480 W. Elle est alimentée par un réservoir 300 bars en fibre de carbone époxy. Sous 36 V, le moteur répond à la législation sur les VAE avec sa puissance de 250 W en continu (350 W en crête) qui s’inhibe autour des 25 km/h. Son poids : 30 kg.
 
Connecté, l’Alpha Néo peut communiquer avec le SAV, l’opérateur de flotte s’il y en a un, et les stations d’avitaillement. Conçu pour durer 40 000 km et 15 ans avant d’être éventuellement rafraîchi pour une nouvelle vie ou recyclé, ses performances sont constantes, en été comme en hiver.


 

Un premier triporteur à l’essai

Nouveauté de l’année 2022, le triporteur de Pragma Industries. « On nous dit que c’est notre triporteur. Alors non, pour lui nous sommes juste l’équipementier qui fournit le système hydrogène. Et c’est ce que nous voulons être et pas un constructeur. Nous avons tenu ce rôle pour montrer ce que l’on peut faire avec notre techno et essuyer nous-mêmes les pots cassés », rectifie le dirigeant de l’entreprise.
 
« Notre technologie se fiabilise au fil du temps. Pour le tricycle, c’est l’entreprise française VUF qui le fabrique. Avec lui, nous apprenons notre métier d’équipementier. Par exemple pour le SAV, qui s’en occupe : eux ou nous ? En 2024, nous comptons proposer notre solution hydrogène à d’autres fabricants de vélos », révèle-t-il.
 
Quelques exemplaires du triporteur H2 sont déjà en service : 2 dans un parc près de La Rochelle, 4 à Issy-les-Moulineaux dans le cadre d’une expérimentation avec des commerçants, et 2 chez GRDF. On devrait en compter 15 en Ile-de-France l’année prochaine, soit la moitié de la flotte qui devrait être en circulation en 2023.


 
« Le triporteur exploite le même système hydrogène que celui de l’Alpha Néo », souligne Pierre Forté. Très modulaire, l’engin à système pendulaire se déclinera en 2 châssis réalisés en acier Chromoly : Compact pour 100 kg de charge maximale, et XXL (150 kg). Avec une bouteille installée sur le cadre sous le guidon et pouvant contenir 2 à 3 litres d’hydrogène, l’autonomie est de l’ordre de 75 km, été comme hiver. C’est plus que les 25-60 km des modèles classiques à batterie lithium-ion aussi au catalogue de VUF.
 
Au-dessus de la roue avant, un boîtier abrite la pile à combustible et les supercondensateurs. Le pédalier masque le moteur électrique qui bénéficie d’une double transmission. Cinq niveaux d’assistance sont à disposition : 35, 50, 65, 90 et 100 %. Afin d’assurer des missions de livraison mais aussi pour les artisans, industriels, professionnels de la restauration, le transport de personnes, et d’autres usages, VUF a prévu pour ce triporteur à assistance électrique différentes configurations à partir du plateau arrière conçu à la base pour recevoir une palette.
 

Un premier scooter à hydrogène en développement

En 2024, la gamme des véhicules emportés par les systèmes développés par Pragma Industrie s’étoffera d’un scooter. « Serons-nous en série ou présérie en 2024 ? Combien d’exemplaires seront construits, ça, nous ne le savons pas encore », avoue Pierre Forté. « Savez-vous que la fabrication d’un scooter électrique coûte moins cher que celle d’un vélo ? Déjà parce que sur les scooters, ce sont souvent des moteurs de machine à laver qui sont employés. Les composants sont très différents », s’amuserait-il presque.
 
« Pour nous, le scooter est une étape très importante car il élargira la gamme de notre micromobilité. Mais c’est aussi un très gros challenge. En équivalent 50 cc, il va falloir une pile de 3 kW de puissance », estime-t-il. « En 2016, nous avons projeté une déclinaison 125 cc. Alors nous aurons un catalogue de systèmes hydrogène d’une puissance comprise entre 500 W et 11 kW, susceptibles de répondre à 95 % des usages de la mobilité urbaine », entrevoit-il.
 

Stations de recharge

« Le scooter va justifier nos systèmes de recharge. Nous allons d’ailleurs présenter en février prochain au salon HyVolution notre solution de station de production et de distribution d’hydrogène adaptée au milieu urbain », dévoile notre interlocuteur. « Quand les 40 000 scooters qui circulent à Paris seront électriques, d’ici 5 ans environ, comment ça va se passer pour la recharge des batteries ? Avec notre modèle à hydrogène qui se ravitaillent en 2 minutes, il n’y aura pas besoin d’un nombre aussi important de points de recharge », conclut-il.
 
H2 Mobile et moi-même remercions vivement pour sa disponibilité et le temps pris à détailler les projets de son entreprise. Un grand merci également à Emlyne Tessari-Rossi qui a organisé la rencontre et fourni les visuels d’illustration du présent article.
A la recherche de partenaires pour vos projets hydrogène ?
Bureaux d'étude, motoristes, opérateurs, fabricants, organismes de formation... retrouvez tous les acteurs de l'hydrogène dans notre marketplace.
Découvrir la marketplace

Vous avez aimé cet article ? Ne manquez pas les suivants en vous abonnant à H2 Mobile sur Google News ou en nous suivant sur Linkedin.
Annonces