Un puits d'hydrogène naturel bientôt testé aux Etats-Unis

Mis à jour le 05.03.2024 à 13:41
Un puits d'hydrogène naturel bientôt testé aux Etats-Unis
On voudrait le cacher, le nier, ou minimiser la possibilité de l’exploiter : pourtant l’ hydrogène blanc existe bel et bien. Ceux qui en défendent la richesse n’ont rien d’illuminés. Comme tous partisans des nouvelles solutions en matière d’énergie décarbonée, ils passent de la réflexion aux études, puis à des essais sur le terrain, avant une espérée exploitation commerciale. C’est dans cet état d’esprit que se trouve la société australienne HyTerra Ltd, prête à tester l’exploitation d’un puits d’hydrogène géologique aux Etats-Unis.
 
Le public n’est pas toujours très accueillant, et parfois même très fermé, concernant le développement de l’hydrogène comme source majeure d’énergie. C’est bien pire encore pour l’hydrogène blanc qui rendrait presque infréquentables ceux qui osent en imaginer l’exploitation en prétendant que les réserves sont très importantes. Un peu comme un tabou.
 
En France, l’entreprise 45-8 Energy y croit fortement. Lors d’une présentation organisée par les clubs hydrogène de Bourgogne-Franche-Comté et du Grand Est en mars 2021, Nicolas Pelissier, Cofondateur et président de cette société implantée en Lorraine, n’hésitait pas à qualifier l’hydrogène naturel de « don de la terre ». Souvent combinées sous terre à un autres gaz comme l’hélium, les molécules H2 natives pourraient être récupérées de façon compétitive. « Il ne faut négliger aucune solution pour obtenir de l’hydrogène décarboné », avait insisté Nicolas Pelissier il y a presque 2 ans. Nous sommes bien d’accord !


 

Un partenaire distingué par Solar Impulse

En Australie, HyTerra Ltd y croit aussi à l’hydrogène naturel. « Hy », c’est pour « Hydrogène », et « Terra » pour la terre dans sa dimension mondiale. D’une certaine manière, l’entreprise prouve cette large ouverture en venant dans le Nebraska pour tester l’exploitation d’un puits dans le cadre d’un programme baptisé « Geneva ». Elle s’est entourée pour son expérimentation qui va débuter en février prochain de la société américaine Natural Hydrogen Energy LLC, distinguée en 2020 du label « Solution efficiente » de Solar Impulse pour son action globale.
 
Formée de chimistes et de scientifiques, son équipe a identifié d’importantes quantités d’hydrogène géologique qui « suintent de la croute terrestre ». Ainsi en Turquie dans un mélange gazeux riche à 12 % en molécules H2, Islande (24 %), Japon (52 %), Oman (82 %), et Etats-Unis (96 %). Fondée dans le Colorado, à Denver, en 2012, l’entreprise partenaire de HyTerra bénéficie déjà d’une expérience heureuse, avec un premier puits exploité avec succès dès février 2019 (https://youtu.be/Nu6ye8oY310). Le deuxième mois de l’année semble donc de bon augure pour démarrer la récupération du gaz dans le Nebraska, à partir du puits foré Hoarty NE3.
 

Mélange de gaz

Actuellement, la plateforme de forage et le matériel nécessaire à l’extraction du gaz sont en cours de préparation par les prestataires de service qui participent à cette aventure. Une électropompe submersible va être installée. Son rôle est d’assécher la base aquifère, supprimant ainsi la pression hydrostatique sur les gaz souterrains. Ces derniers pourront alors circuler librement dans 2 zones potentielles déjà identifiées.
 
S’étalant sur plusieurs mois, la phase de test qui va tout prochainement démarrer vise à mesurer le potentiel de production d’hydrogène, en tenant compte de la composition, de la pression et du débit du gaz recueilli. En se basant sur de précédents prélèvements réalisés sur le site, le mélange devrait contenir en assez forte proportion de l’hélium. Il est également évoqué « des hydrocarbures commercialement importants qui peuvent coexister dans le flux de gaz ».
 
Dans le cadre de leur accord de développement conjoint dans une structure où HyTerra pourra devenir majoritaire à 51 %, les partenaires disposent d’une concession d’une superficie d’environ 1 100 hectares au Nebraska, avec un accès à un gazoduc orienté vers une usine de synthétisation d’ammoniac. Les baux s’étendent en Caroline du Sud, pour un total de 1 575 ha sur les 2 Etats. La production commerciale d’hydrogène blanc est espérée pour le courant de l’année 2024.


 

Pourquoi aux Etats-Unis ?

HyTerra a indiqué qu’un de ses représentants resterait sur le site américain le temps de cette phase d’étude. La question peut se poser de l’intervention aux Etats-Unis d’une entreprise cotée sur le marché boursier australien.
 
Les dirigeants ont expliqué leurs motivations, en alignant les arguments. Ils ont en premier lieu évoqué des systèmes réglementaires, et des politiques qui soutiennent les recherches en matière d’énergie, avec une facilité pour signer des baux et démarrer les opérations. Il est question de subventions, crédits d’impôts et d’aides au financement. Huit milliards de dollars vont être consacrés au développement sur le territoire américain de hubs et réseaux de transport d’hydrogène.
 
Sur des parcelles déjà exploitées pour l’extraction, comme c’est le cas sur le secteur de la concession retenue, de nombreuses données sont déjà disponibles à la suite d’enquêtes précédemment réalisées, avec un historique détaillé. Les nouvelles opérations d’analyse et d’extraction sont relativement peu coûteuses, avec du matériel opérationnel et des prestataires spécialisés déjà sur place. Avec un accès à des infrastructures intermédiaires, des débouchés commerciaux à proximité existent déjà aujourd’hui.
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