Mobilité hydrogène : un groupement de commandes pour amorcer le marché

Mobilité hydrogène : un groupement de commandes pour amorcer le marché
France Hydrogène et la PFA proposent la création d’un groupement solidaire dédié aux utilitaires et poids lourds à hydrogène. Objectif : combiner l’offre et la demande pour sécuriser et accélérer la production et, par effet d’échelle, parvenir à rendre les véhicules à piles à combustible plus compétitifs.

« Ne pas oublier la mobilité hydrogène ». Alors qu’une grosse partie des efforts est aujourd’hui concentrée sur les véhicules à batteries, France Hydrogène appelle à continuer à accompagner le développement de la mobilité routière à hydrogène. Rappelant la complémentarité de l’hydrogène avec l’électrique, l’association se mobilise à l’approche de la révision de la stratégie nationale hydrogène et propose la mise en place d'un « plan de déploiement de la mobilité routière hydrogène ».

Accélérer et accompagner la phase de montée en puissance

« Il est désormais crucial d’amorcer les commandes afin d’atteindre un seuil critique de véhicules déployés » souligne France Hydrogène dans une contribution publiée en marge des journées hydrogène organisées à Pau.

Ce que nous voulons, c’est reproduire ce qui avait été initié en 2010 pour les utilitaires électriques avec Jean-Paul Bailly » résume Philippe Boucly, le Président de France Hydrogène. Avec la PFA, l’association souhaite ainsi créer un « groupement solidaire », sorte de coalition réunissant toutes les parties prenantes, qu’elles soient publiques ou privées, afin d’amorcer la pompe et donner de la visibilité quant aux volumes engagés aux constructeurs et aux équipementiers.

« Ce qu’on ne voudrait pas, c’est que l’Etat se limite aux investissements dans les PIIEC (Projet important d'intérêt européen commun). Il est important d’avoir des gigafactories, mais s’il n’y a pas de marché, elles vont mettre longtemps à être rentables » avertit Valérie Bouillon-Delporte, 1ʳᵉ Vice-Présidente de France Hydrogène. « Avec le développement des ZFE, les flottes ont besoin de décarboner mais ne peuvent pas le faire avec la seule batterie » poursuit-elle.

Objectif : 50 000 utilitaires hydrogène dès 2027

S’appuyant sur l’investissement des constructeurs automobiles français – Stellantis et Renault via sa co-entreprise Hyvia – France Hydrogène et la PFA souhaitent engranger les commandes pour déployer 50 000 utilitaires à hydrogène d’ici à 2027. Un seuil « critique » qui permettra aux industriels d’adresser le marché sans intervention complémentaire de l’Etat.



Pour le secteur du poids lourd, l’objectif est d’atteindre 11 000 véhicules en circulation d’ici à 2030, dont 4250 poids lourds régionaux et 7450 poids lourds longue distance.

« Ce que nous voulons, c’est sécuriser la capacité de production, donner de la visibilité et aller plus vite dans la montée en puissance » résume la 1ère Vice-Présidente de France hydrogène. « Cette stratégie ne peut être que co-construite avec les pouvoirs publics » insiste-t-elle. 
 
Type de véhicule

Volume

Échéance

VUL hydrogène

50 000

2027

PL régionaux

4 250

2030

PL longue distance

7 450

2030

 
Un plan déjà lancé pour les bus
Pour France Hydrogène, ce plan s’inscrit dans la continuité d’une première initiative lancée en 2019 avec l’UGAP visant à déployer 1000 bus à hydrogène d’ici à 2024. « Aujourd’hui, on a 800 intentions d’achat émanant d’une quarantaine de collectivités » chiffre Valérie Bouillon-Delporte.
 

Le levier essentiel de la TIRUERT

Pour France Hydrogène, seul un ensemble de mesures permettra une montée en puissance rapide et efficace de la filière hydrogène dans les transports. En matière de fiscalité, la TIRUERT (Taxe Incitative Relative à l'Utilisation d'Energie Renouvelable dans les Transports) est présentée comme l’une des composantes essentielles d’un « plan mobilité » que l’association présente actuellement aux différents services de l’Etat.

Imposée à tous les distributeurs de carburants, la TIRUERT est présentée comme « incitative ». Comprenez que cette taxe ne s’appliquera que si les seuils imposés ne sont pas respectés. Dans le domaine du gazole, la TIRUERT impose aujourd’hui une part de 9 % de renouvelable. Si cette part n’est pas respectée, une taxe de 140 € par hectolitre manquant est appliquée. Une épée de Damoclès pour les distributeurs de carburants mais aussi et surtout un véritable accélérateur pour les nouvelles énergies.

D’abord pensée pour les biocarburants, la TIRUERT intègre depuis le 1er janvier 2022 l’électricité et depuis 2023 l’hydrogène renouvelable. En 2024 l’hydrogène bas-carbone, produit par électrolyse à partir de nucléaire, devrait aussi être intégré et, espérons-le, le bioGNV qui offre lui aussi un fort potentiel de décarbonation, notamment pour le transport lourd.

« Avec l’électricité et l’hydrogène, on fait basculer la TIRUERT dans un nouveau monde » souligne Simon Pujau, responsable des relations institutionnelles au sein de France hydrogène qui rappelle que cette taxe reste étroitement liée aux objectifs de la Directive européenne sur les énergies renouvelables qui, dans sa future révision (Red 3), prévoit un objectif de 29 % d’énergies renouvelables dans les transports d'ici à 2030.

Pour respecter les objectifs imposés, les distributeurs de carburants ont deux solutions : acquérir des certificats TIRUERT à des tiers où distribuer eux-mêmes ses énergies renouvelables en multipliant les points d’avitaillement, bornes de recharge et stations hydrogène. « L’idée est de faire supporter une partie de la transition du parc automobile par les pétroliers. C’est un levier extra-budgétaire indolore pour les finances publiques » résume Simon Pujau qui estime qu’un tel levier permettrait de proposer un hydrogène vert ou bas-carbone à un tarif équivalent à celui du diesel. « Cela ne suffira pas à compenser le surcout à l’achat des véhicules hydrogène mais viendra en compenser une partie » complète le représentant de France Hydrogène qui espère la mise en place d’une aide nationale basée sur le surcoût.

Besoin d’une visibilité à long terme  

Aujourd’hui, la TIRUERT est renouvelée année après année à chaque PLF (plan de loi de finances). « Ce n’est pas comme cela qu’on parviendra à faire émerger les nouveaux carburants » avertit Simon Pujau. 

« Ce que nous voulons, c’est une visibilité et signal prix à long terme pour permettre à la filière de passer à l’échelle » poursuit-il.
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