Rétrofit hydrogène : comment e-Néo compte se relancer avec Vensys

Reconnue comme un acteur pionnier et principal du rétrofit de poids lourds, l’entreprise vendéenne e-Néo est désormais intégrée à Vensys. Et c’est une excellente nouvelle pour le fondateur Jérémy Cantin, les clients historiques, l’économie du département et le groupe à l’histoire plus que centenaire.
 
« On y était presque » : C’est par cette phrase que Jérémy Cantin débutait il y a environ quatre mois son billet d’humeur à la suite de la mise en liquidation de son entreprise e-Néo, fondée en avril 2019. Courageux, intègre, visionnaire sont quelques-unes des qualités que l’on ne pourra pas enlever à cet acteur pionnier du rétrofit électrique à batterie et pile hydrogène. Acteur, et véritable pionnier, oui. Déjà en présentant dès 2017 son ElectroCox, une Volkswagen Coccinelle 1302 de 1971 parfaitement restaurée et convertie à l’électrique dans l’atelier de Brouzils Auto. Ce point de départ lui a permis de rencontrer des personnes clés dont l’influence dépasse les limites de l’Hexagone. Ainsi S.A.S. le Prince Albert II de Monaco qui soutient depuis le départ le salon Ever des énergies alternatives pour la mobilité. Puis Karima Delli, députée européenne et présidente de la commission des transports et du tourisme au parlement de l’UE.

En juin 2018, Jérémy Cantin a été reçu pour la première fois à la direction générale de l’Energie et du Climat (DGEC). Il a participé aux travaux qui ont débouché deux ans plus tard sur la définition du cadre légalisant le rétrofit électrique en France. Tout cela justifie que les efforts fournis dans le domaine par notre interlocuteur ne soient pas perdus ni gaspillés.


 

Réalisations symboliques

L’atelier de e-Néo, je l’avais personnellement visité en décembre 2019, à l’époque de la transformation de véhicules anciens pour les animations du parc du Puy du Fou. Il y avait aussi déjà sur place deux camions.

« Nous sommes vite venus aux poids lourds car ce sont des véhicules qui consomment habituellement pas mal de gazole et roulent quasiment tous les jours. Ils sont donc particulièrement pertinents à convertir à l’électrique à batterie ou à pile hydrogène. Avec les véhicules légers, c’est plus délicat, nécessitant souvent un pack spécifique de batterie », commente Jérémy Cantin.

L’entreprise e-Néo s’est donc spécialisée dans le rétrofit de véhicules industriels routiers et non routiers : « Pour Charier, nous avons rétrofité un tracteur agricole John Deere ». Nous avions d’ailleurs donné la parole à ce sujet en mars de l’année dernière à Arnault Peugniez, directeur Matériel et Achats pour l’entreprise de travaux publics cliente : « Les constructeurs ne peuvent aujourd’hui répondre à nos besoins en véhicules de travaux publics fonctionnant à l’hydrogène. Par le rétrofit, nous avons voulu montrer que nous sommes engagés et que nous avons des attentes fortes sur le sujet ».


 

Qu’est-ce qui a coincé ?

Une législation favorable, une activité novatrice qui tend à se développer, des aides pour soutenir les professionnels du rétrofit et motiver les clients, un carnet de commandes qui se remplit, etc. : qu’est-ce qui a coincé ?

« Nous avons connu un rythme de développement plus rapide que l’arrivée des subventions et les délais d’homologation. Ces derniers ne portaient pas seulement sur les véhicules. Pour réaliser nos transformations, nous avions aussi besoin de composants H2 qui n’étaient pas encore homologués. Les procédures sont un peu trop lentes à ce sujet ».

Ces scénarios ont abouti à la liquidation judiciaire de e-Néo : « Notre entreprise a été soumise à une procédure collective avec période d’observation. Durant celle-ci, les industriels intéressés avaient la possibilité de formuler des propositions de reprise. C’est ce qu’a fait Vensys. C’est son dossier qui a été choisi. Le groupe a repris les actifs de e-Néo et le fondateur que j’étais. Tous les autres salariés avaient déjà retrouvé une activité professionnelle ».
 

Un savoir-faire vendéen

Aujourd’hui, Jérémy Cantin se sent à la fois rassuré et confiant. « Tout ce que j’ai développé a du sens, et pas seulement à mes yeux. Avec Vensys Group, nous sommes dans le vrai au sujet de la transition énergétique. Le travail accompli jusque-là n’est pas vain et ma détermination reste intacte ». Le nom « e-Néo », c’est « e » pour « énergétique » et « Néo » pour « Renouveau ». On peut décortiquer de même « Vensys » : « Ven » pour « Vendée » et « sys » pour « systèmes ». L’ancrage territorial est ainsi encore plus fort pour la jeune société d’abord implantée tout au nord du département avant de s’installer dans l’ancienne usine Michelin de La Roche-sur-Yon : « C’est un vrai soulagement pour moi que l’entreprise reste localisée en Vendée et que son savoir-faire ne soit pas rapatrié ailleurs, en particulier à l’étranger. Nous sommes dans de bonnes conditions pour continuer l’aventure ». Sur le territoire, Vensys a une histoire plus que centenaire à raconter : « Depuis la forge de Hyacinthe Audureau en 1890, cinq générations se sont succédées dans les entreprises du groupe familial ».
 

Une proximité quasiment incroyable

L’entreprise e-Néo a démarré aux Brouzils. Aujourd’hui, l’activité de rétrofit de e-Néo a intégré le site de la Ribotière à une vingtaine de kilomètres de là. Ce qui amuse Jérémy Cantin : « Je suis à quelques centaines de mètres de l’usine Michelin où j’étais auparavant ».

Intégrer e-Néo, ce n’est pas vraiment créer une nouvelle branche : « Quand je suis arrivé dans le groupe, il y avait déjà une activité de rétrofit, avec des machines au point et en cours de test. Il y avait donc sur place avant moi une compétence en rétrofit électrique à batterie pour des engins off-road fonctionnels. Vensys avançait sur le sujet avec discrétion. Les compétences vont se renforcer à ce niveau ». Le groupe est comme une fleur dont chacun des pétales représente une activité : « Il dispose de compétences en robotique, en étude d’intégration, en fabrication mécanique, d’une expérience reconnue en hydraulique, etc. Le cumul de toutes les compétences du groupe va permettre de répondre plus facilement aux attentes des clients en matière de décarbonation ».
 

Situation des clients historiques

Premier effet intéressant de la reprise de e-Néo par Vensys Group : « Les clients historiques sont contents que je sois de retour et que l’aventure se poursuive. Les projets initiés ne tombent pas à l’eau : c’est une volonté forte du groupe déjà bien engagé dans la décarbonation avec un intérêt pour l’hydrogène. Sa position est très claire : Ne pas laisser au bord de la route les clients historiques pour, au contraire, les accompagner jusqu’à l’aboutissement dans leurs projets de rétrofit déjà démarrés ». Jérémy Cantin se concentre actuellement à cela : « Je suis de nouveau en contact avec cette clientèle depuis juillet dernier ».
 

Et ensuite ?

Chez Vensys Group, le rôle de Jérémy Cantin est expert en solutions de décarbonation : « La fonction est encore à construire. Je vais beaucoup m’occuper de ce qui est réglementaire, de l’évolution de la législation concernant le rétrofit électrique à batterie et à pile hydrogène, de interprétation des textes dans les prochains projets du groupe. Je vais aussi être chargé des relations avec les écoles et organismes qui vont former les futurs techniciens pour ces machines, par exemple, concernant leur maintenance ».

Notre interlocuteur voit tout ce que e-Néo peut apporter à Vensys : « Le groupe est déjà bien engagé en matière de solutions de décarbonation, e-Néo va permettre une accélération sur la feuille de route initiale. Sans nul doute faudra-t-il compter à l’avenir sur Vensys en matière de décarbonation ». En plus d’être présent aux abords du Vendée Energie Tour, Jérémy Cantin participera à une table ronde sur le rétrofit le 27 septembre prochain dans le cadre de Le Mans Hydrogène.
 
H2 Mobile et moi-même remercions beaucoup Jérémy Cantin pour sa disponibilité, sa confiance, son amitié, et sa fidélité.