Comment GRTgaz s'active à développer le transport de l'hydrogène

Mis à jour le 23.03.2023 à 11:53
Comment GRTgaz s'active à développer le transport de l'hydrogène
Avec l’objectif de contribuer à la décarbonation de la France et des pays voisins en développant le transport de l’hydrogène, GRTgaz participe à un nombre croissant de projets stratégiques. C’est ce que nous a expliqué Geoffroy Anger, responsable pour l’opérateur du pôle hydrogène.
 
Si GRTgaz s’est impliqué plus tôt dans le transport de l’hydrogène, la direction dédiée a été officialisée seulement en septembre 2021. « Depuis 2023, elle s’intéresse aussi au transport du CO2 », complète Geoffroy Anger en charge de la partie business development pour ces 2 produits. Plus particulièrement connue comme opérateur principal pour le transport du gaz naturel, l’entreprise veille dans l’Hexagone sur un réseau à haute pression de 32 000 km. Elle est aujourd’hui bien active dans le programme de dorsale hydrogène européenne (EHB = European Hydrogen Backbone) qui réunit 31 opérateurs de réseaux de transport représentant 28 pays.
 
« Nous souhaitons répondre aux besoins des clients. Nous les avons interrogés en 2021 sur leur future utilisation de l’hydrogène pour des exploitations dans l’industrie et la mobilité. Il en est ressorti des besoins de compétitivité et de sécurité d'approvisionnement », expose notre interlocuteur. « En connectant la consommation à de multiples sources dont les clients pourront comparer les offres, nous permettrons cette compétitivité. De la même manière, en connectant le réseau à différents sites de stockage, nous contribuerons à la sécurité de l’approvisionnement », complète-t-il.




 

Nouveau marché

Opérateur engagé, GRTgaz est ainsi présent sur le nouveau marché de l’hydrogène bas-carbone, proposant là aussi des services de transport : « GRTgaz se positionne comme un opérateur de réseau mutualisé au bénéfice d’un ensemble de producteurs et d’un ensemble de consommateurs ».
 
Il ne s’agit pas pour autant de développer le maillage sans une réflexion poussée : « Il est intéressant, en matière d'économie et de planification territoriale, de n’avoir qu’un seul réseau qui redispatche l’hydrogène auprès des différents destinataires plutôt que d’avoir plein de petits tuyaux ». L’entreprise compte, avec la molécule H2, répliquer l’exemple du gaz naturel : « Dans une approche transparente et non discriminatoire, nous expliquons aux clients potentiels les règles que nous voulons mettre en place pour tous. Sur une base équitable, tous les utilisateurs sont traités de la même façon ».
 

Développer les compétences techniques

« Grâce à la plateforme d’essai FenHYx basée à Alfortville, nous avons développé nos connaissances liées au transport de l’hydrogène », illustre Geoffroy Anger. Bénéficiant du soutien financier de la région Ile-de-France dans le cadre de l’AMI Innovation et structuration de la filière hydrogène, cette structure a été inaugurée fin novembre 2021, dans la foulée de la création du pôle H2, sur le site du Research and Innovation Center for Energy. A travers des tests d’injection dans les infrastructures gazières, il est possible d’étudier l’impact de la molécule d’hydrogène sur les matériaux, et d’observer la résistance mécanique des aciers ainsi que les phénomènes de corrosion.
 
« A Fos-sur-Mer, nous avons aussi le démonstrateur Jupiter 1 000 avec ses 2 électrolyseurs de chacun 500 kW et une unité de méthanation. Le tout nous permet de développer nos compétences techniques sur l’hydrogène et le méthane de synthèse », souligne le responsable du pôle.
 

Une approche en 2 phases

GRTgaz est déjà embarqué dans plusieurs projets majeurs concernant l’hydrogène. « Nous poursuivons une approche en 2 phases. Avec la première, nous travaillons sur le développement par hub ou bassin. Ce qui commence par une analyse au niveau de ces territoires de la production et de la consommation potentielles en hydrogène », explique Geoffroy Anger.
 
Quels sont ces bassins ? « Nous avons identifié 7 zones de projets concrets, dans d’importantes zones industrielles : Moselle, Sud Alsace, Fos-sur-Mer, Vallée de la chimie dans le secteur de Lyon, Vallée de la Seine avec Le Havre et Rouen, Dunkerque, et la zone de Montoir Saint-Nazaire ». Ces territoires se distinguent par une forte activité et des projets qui émergent en rapport avec l’hydrogène.


 

MosaHYc

« MosaHYc, qui signifie ‘Moselle Sarre HYdrogène Conversion’ est notre projet le plus avancé, notre projet fer de lance. Il s’agit d’interconnecter des entreprises dans une région frontalière, en collaboration avec l’opérateur allemand Creos. Sur 100 kilomètres de canalisations, 60 à 70 km seront obtenus d’anciennes canalisations converties, précédemment dédiées au transport du gaz naturel. Il s’agit d’alimenter en particulier un gros consommateur outre-Rhin », met en avant Geoffroy Anger. Pour ce projet, la mise en service est espérée en 2027 : « Nous avons réalisé l’étude de faisabilité technique. L’Ademe est intéressée par la méthodologie déployée pour MosaHYc afin de la dupliquer à d’autres programmes. Le projet est d’ailleurs lauréat de l’AAP ‘Briques technologiques’ lancé par l’agence ». Le responsable de GRTgaz précise : « Nous sommes dans la dernière ligne droite avant la décision d’investissement. Il y a un volet concernant la mobilité, avec des poids lourds et flottes captives ».
 

HYnframed

Ca bouge vraiment beaucoup à Fos-Sur-Mer : « C’est là que nous avons notre deuxième plus gros projet : HYnframed. Le bassin est très riche en industries de la sidérurgie, du raffinage, de la chimie et de la pétrochimie. Cette zone très émettrice en CO2 veut se décarboner pour tenir les objectifs de 2030. L’hydrogène est un des moyens pour y parvenir. Ici, de nombreux acteurs industriels ont compris l’intérêt de n’avoir qu’un seul réseau ».
 
GRTgaz travaille avec ce bassin depuis 2022 : « L’étude de faisabilité cofinancée porte sur un réseau de 150 km. Jusque 250 000 tonnes d’hydrogène pourraient être transportées par an. La mise en service est prévue pour fin 2028 ou début 2029. Sur place, il y a d’importantes capacités de stockage dans des cavités salines, dont une à Manosque ».
 
Les porteurs de projets liés à l’hydrogène ont été appelés à se faire connaître : « Nous avons lancé un appel à manifestation d’intérêt, ce que nous appelons ‘Open Season’. Il devrait nous permettre de proposer des contrats de transport fin 2024 ou début 2025 ».
 
Le site de Fos-Sur-Mer est aussi concerné par le premier hydrogénoduc offshore en Europe : « Le projet BarMar (également appelé H2Med ndlr) doit permettre de relier l’Espagne à la France, avec un atterrage à Fos-sur-Mer ».


 

DHune et autres projets

Dans le Nord, deux projets sont également actifs autour de l’hydrogène : « Il y a Dhune à Dunkerque où se trouve une importante zone industrielle et portuaire. Nous avons lancé fin 2022 notre appel à intérêt et avons pu identifier là aussi des besoins importants en hydrogène. Ainsi pour ArcelorMittal, par exemple. Nous avons lancé une étude de faisabilité. Sur ce programme, nous sommes dans une logique de co-construction afin de satisfaire les nécessités de tous ».
 
Le second projet concerne le secteur de Valenciennes : « Là aussi, nous avons lancé un Open Season, dans le cadre d’une coopération avec l’opérateur belge Fluxys. Il s’agit de réaliser une interconnexion d’environ 40 km entre Valenciennes et Mons en Belgique. Ce qui permettrait d’échanger des volumes pour satisfaire les 2 bassins, gérer les équilibres, et connecter l’offre et la demande. Il y a un véritable intérêt à développer cette liaison ».
 
Et pour les autres projets ? « Concernant les bassins Sud Alsace, Vallée de la Chimie et Vallée de la Seine, nous en sommes encore au stade de la structuration de l'écosystème ».
 

Interconnexion européenne

A quoi correspond la deuxième phase de l’approche GRTgaz pour développer le transport de l’hydrogène ? « Il s’agit de créer un marché interconnecté, d’interconnecter les hubs entre eux et avec les pays adjacents. Ce qui évitera les déséquilibres et constituera une opportunité pour les acteurs des bassins d’augmenter leur zone d’influence  ».
 
L’hydrogénoduc BarMar, que nous avons déjà cité, et dont le nom évoque l’interconnexion entre les villes de Barcelone et Marseille, est le plus important de tous : « Ce sont 450 km de canalisations dans lesquelles transiteront de l’ordre de 2 millions de tonnes d’hydrogène par an, soit 10 % de l’objectif à 2030 du plan REPowerEU. L’Espagne présente un potentiel énorme de production d’hydrogène ».
 
Renommé H2Med, le projet embarque différents gestionnaires européens de transport du gaz : « GRTgaz et Teréga pour la France travaillent avec le Portugais REN, et Enagás pour l’Espagne. En collaboration avec nos homologues, nous sommes à la recherche de financements pour effectuer une première étude et réaliser l’étude technique ».
 
Une autre interconnexion est envisagée, « entre la France et l’Allemagne, souhaitée par notre président Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ».
 
 
H2 Mobile et moi-même remercions beaucoup Geoffroy Anger pour le temps consacré à présenter les projets hydrogène dans lesquels GRTgaz est impliqué. Un grand merci également à Chafia Baci qui a organisé l’entretien
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