Bennes à ordures hydrogène : un guide pour faciliter leur adoption

Mis à jour le 02.06.2023 à 11:00
Bennes à ordures hydrogène : un guide pour faciliter leur adoption
Si aujourd’hui rien n’oblige encore au niveau national à passer au zéro émission pour la collecte des ordures ménagères, France hydrogène mobilité invite les collectivités et opérateurs concernés à ne pas se laisser dépasser. Pourquoi ? Les réponses sont à retrouver dans un guide de 28 pages à télécharger gratuitement.
 
Le « Guide de la benne à ordures ménagères électriques à hydrogène pour la transition des flottes de collectivités » concentre un maximum d’informations pour bien négocier le virage de la mobilité durable avec la collecte des déchets domestiques. Entre celles qui ont déjà été mises en place et celles à venir, c’est bientôt une quarantaine de zones à faibles émissions qui émailleront l’Hexagone. Toutefois, les bennes à ordures ménagères bénéficient potentiellement d’une exception dans le cadre d’un service public assuré avec des véhicules automoteurs spécialisés, devant une offre qui commence seulement à s’étoffer.

Pourquoi attendre alors que tout un écosystème est en train de se mettre en place, nécessitant une rencontre suffisamment large entre l’offre et la demande pour asseoir son développement ? Parmi les points forts qui agglomèrent le présent document, on trouve en particulier plusieurs listes incontournables : raisons de passer à l’hydrogène pour les BOM, offres actuelles et en cours d’aboutissement, ce qu’il faut savoir pour faciliter la mise en place d’un projet.
 

Tour du parc

En introduction, les rédacteurs de ce guide pratique et de réflexion rappellent que le parc est actuellement estimé à 12 000 BOM, principalement composé de modèles 26 tonnes (55 %), mais aussi de nombreux véhicules 19 t (30 %), et d’engins plus modestes (15 %). Cet ensemble grille encore goulument du gazole, se faisant entendre des riverains parfois très tôt le matin.
 
Des collectivités et opérateurs ont déjà commencé à effectuer une bascule qui colle avec l’activité de valorisation des déchets. Ainsi, 2 400 BOM environ circulaient en août 2022 avec une alimentation GNV/bioGNV. Quelques exemplaires électriques à batterie effectuent déjà des tournées.
 
En France, la première unité à pile hydrogène a été reçue en 2021 par la Communauté de communes de Touraine Vallée de l’Indre. A la fin de la présente année 2023, la flotte de BOM H2 devrait compter douze camions supplémentaires.
 
Selon les chiffres communiqués par Element Energy pour étoffer ce guide, en comprenant les projets restés encore dans la confidentialité, 142 engins au minimum de ce type devraient tourner dans l’Hexagone d’ici à 2027. Ainsi à Angers (49), Cannes (06), Challans (85), Saint-Brieuc (22), Le Mans (72), Toulouse (31), Dijon (21), Mulhouse (68), Lille (59), etc.


 

Meilleur que l’électrique à batteries ?

Avant que des collectivités et opérateurs optent pour des BOM électriques à batterie, le guide invite à s’interroger sur les besoins du terrain. Dans de nombreux cas, les déclinaisons à pile H2 se montreront bien plus efficaces et sans stress à l’usage. Ainsi pour les tournées qui frisent ou dépassent les 100 km, les doubles collectes quotidiennes avec un temps intermédiaire réduit, les tracés à fortes déclivités, les services qui incluent une portion importante de route à effectuer à vitesse normale.
 
A ces cas s’ajoutent les territoires qui connaissent des hivers rigoureux au point de réduire fortement l’autonomie des électriques à batterie, en particulier quand les packs auront accumulé un nombre élevé de dizaines de milliers de kilomètres. En outre, sur les véhicules de ramassage les plus modestes, le poids pris par la batterie pour disposer d’un rayon d’action suffisant risque de réduire celui pour les déchets. Quand le dépôt ne permet pas d’obtenir la puissance électrique nécessaire pour la recharge des packs, la facilité d’effectuer le plein en hydrogène constitue un atout important.
 

Une offre qui s’étoffe

Les bennes à ordures ménagères méritent bien de figurer dans la catégorie des VASP (véhicules automoteurs spécialisés). Ce qui se traduit en particulier par un aménagement effectué sur ordre passé à des carrossiers qui reçoivent de la part des constructeurs des châssis nus.
 
Ce scénario perdure pour les BOM neuves électriques à pile H2. Notamment avec le groupe Semat qui a fourni en Touraine la première benne hydrogène de France. En fonction des besoins, le donneur d’ordre choisi l’architecture technique (capacité énergétique de la batterie lithium-ion, puissance de la pile à combustible, réservoirs, etc.). Des offres concurrentes sont à rechercher chez E-Trucks Europe, Geesinknorba en collaboration avec Hyson, et prochainement auprès de H2X.
 

Le rétrofit en alternative de l’achat neuf

Le retrofit de véhicules diesel est une solution qui a l’avantage de faire baisser les coûts de construction du véhicule et crée des boucles vertueuses.
 
France hydrogène mobilité cite tout particulièrement e-Néo dont nous avons toujours salué l’implication pour développer cette possibilité. Cependant nous avons appris avec regret la cessation de l’activité de cette entreprise vendéenne novatrice. Ce qui montre bien que l’écosystème reste encore fragile et nécessite aussi une mobilisation des collectivités et opérateurs de la collecte publique des déchets.
 
GCK reste présent, proposant de convertir des camions d’origine Renault Trucks de 19 et 26 tonnes. Les premiers modèles pour la France devraient être livrables à partir de la seconde moitié de 2024, avec un tarif dégressif à l’unité depuis 295 000 euros pour 1 exemplaire jusque 250 000 dès 20 bennes commandées.
 

Emissions et TCO : différents points de comparaison

Ce guide ne serait pas complet s’il faisait l’impasse sur quelques comparaisons entre les énergies d’alimentation, notamment sur les volets environnementaux et financiers.
 
Concernant l’empreinte carbone par exemple, selon une étude de l’Ademe, et en calculant du puits à la roue, le B100 apporte un gain de 61 % par rapport au gazole, le GNV de 5 % et le bioGNV de 80 %. Les meilleurs scores sont obtenus par l’électrique à batterie : -94 et -98 %, selon l’origine de l’électricité pour les recharges - mix énergétique actuel français, ou entièrement de sources renouvelables.
 
Toutefois, quand la solution à pile H2 apparaît préférable, on peut également compter sur une baisse importante des émissions : 74 % avec de l’hydrogène issu du mix français, et 84 % avec un mélange d’origine renouvelable. Concernant le GNV/bioGNV, France hydrogène mobilité souligne des incertitudes au sujet des particules ultrafines.


 
Au niveau du coût total de possession, on sait bien que ça pique un peu aujourd’hui avec l’hydrogène décarboné : +166 % par rapport à un modèle diesel de BOM 26 tonnes exploitée 8 ans à raison de 25 000 km par an. Avec le mix actuel, c’est moins lourd : +114 %. En comprenant des subventions, c’est encore mieux. Les rédacteurs indiquent pour 2022 des surcoûts qui tomberaient respectivement à 129 et 77 %.


 

Hector en Touraine : une première française

Les rédacteurs du guide ont effectué un petit focus sur la première BOM H2 mise en service en France. Elle est le fruit d’un dossier déposé par la Communauté de communes de Touraine Vallée de l’Indre dans le cadre du projet Hector financé par le European Regional Developement Fund.
 
Sept exemplaires vont être ainsi déployés en Europe. Les 6 autres vont rejoindre les villes européennes de Groningue et Arnhem aux Pays-Bas, Duisbourg et Herten en Allemagne, Aberdeen en Ecosse, et Bruxelles en Belgique.


 
Lorsque la collectivité française a reçu les clés de sa BOM H2 en 2021, son prix hors taxe était de 685 000 euros, dont 60 % pris en charge par le fonds européen. S’y ajoutaient en coûts prévisionnels à l’année 25 000 euros au titre de la maintenance et 38 220 euros d’hydrogène.
 
Le document rapporte un retour d’expérience très positif, y compris au niveau de l’équipe qui assure la collecte des déchets avec cette benne. A tel point que 9 exemplaires supplémentaires vont être mis en service sur la métropole de Tours d’ici à la fin de l’année 2024.
 

Une série de préconisations

L’expérience de la Communauté de communes de Touraine Vallée de l’Indre a permis aux rédacteurs du guide de dégager quelques conseils à suivre, notamment avant de s’équiper de BOM H2.
 
Ils confirment qu’il est important de s’y prendre à l’avance. Par exemple pour définir un cahier des charges qui colle avec les réalités du terrain. Il permettra ainsi de s’assurer que cette solution est bien adaptée au service à effectuer.
 
Autre point majeur : « Il est important de prévoir comment les véhicules seront alimentés en carburant bien avant la livraison ». Pas seulement pour construite une station. Aussi pour trouver un contrat de fourniture intéressant, et évaluer les travaux de mise aux normes du dépôt. La formation du personnel, y compris des conducteurs, est également à prévoir.

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