Stratégie hydrogène : l'Allemagne affiche de nouvelles ambitions

Stratégie hydrogène : l'Allemagne affiche de nouvelles ambitions
Le gouvernement allemand vient de revoir à la hausse ses ambitions en termes de production d’hydrogène vert. D'ici à 2030, l’ Allemagne prévoit de doubler sa production, mais restera cependant très dépendante de ses importations. En effet, compte tenu de son objectif de neutralité carbone d'ici à 2045, celles-ci pourraient atteindre près de 70 % du besoin effectif.
 
« D'ici 2030, l'Allemagne sera le premier fournisseur de technologies de l'hydrogène, elles seront utilisées notamment dans les applications industrielles, dans les véhicules utilitaires lourds et de plus en plus dans l'aviation et le transport maritime. C’est aussi un moyen de contribuer à la sécurité énergétique via la production d’électricité : des centrales à gaz peuvent être converties à l’hydrogène et des électrolyseurs respectueux de l’environnement pourront fournir une nouvelle source de production d’électricité. Si dans le secteur du chauffage, aucune application large n'est prévue avant 2030, la conversion des réseaux de distribution de gaz à l'hydrogène et l'utilisation de chaudières H2 décentralisées devraient néanmoins devenir rapidement possibles ». La déclaration du gouvernement d’Outre-Rhin ne laisse aucun doute quant à ses ambitions à très court terme.


 

La capacité des électrolyseurs passe de 5 à 10 GW 

Les objectifs fixés dans sa feuille de route 2020 sont largement revus à la hausse. La production cible d' hydrogène vert passe, d'ici à 2030, de 5 GW à 10 GW. Les enveloppes financières mobilisées par l’État seront substantiellement accrues :  une aide devrait être approuvée pour environ 2,5 GW de projets d'électrolyse dès cette année et le gouvernement affectera 700 millions d'euros à la recherche sur l'hydrogène afin d'optimiser les méthodes de production. 
 
Le gouvernement allemand couvrira également financièrement les coûts supplémentaires pour les entreprises à fortement émettrices de CO2 qui s’engageront dans la conversion de leurs équipements à combustibles fossiles à l’hydrogène. Celui-ci n’a cependant pas précisé si ces flux financiers viendraient s’ajouter aux Carbon Contracts for Difference, mis en place par l’UE, dont le montant est évalué à 50 milliards d'euros.
 
En parallèle, les programmes de l’Union Européenne dans le domaine viendront soutenir les actions du gouvernement allemand. A titre d’exemple, les fonds pour le lancement d'un réseau d'hydrogène avec plus de 1.800 kilomètres de pipelines en Allemagne devraient être versés d'ici à 2027/2028 (par le biais du programme de financement des projets importants d'intérêt européen commun (IPCEI)) permettant leur mise en fonction courant 2030.
 
Quid de la mobilité ?

Concomitamment, « de nombreuses mesures importantes seront mises en place pour les transports, telles que le développement d'un réseau de base de stations-service à hydrogène, la promotion des carburants renouvelables et la création des conditions-cadres nécessaires » souligne le ministre des Transports Volker Wissing.




 

L’Allemagne devra importer 70 % de son hydrogène vert

Pourtant, malgré cet ensemble de mesures, l’Allemagne sera encore bien loin de l’autosuffisance pour son approvisionnement en hydrogène. En supposant que les 10 GW d'électrolyseurs, visés d’ici 2030, produisent environ un million de tonnes d'hydrogène vert par an, cela ne représentera que 26 à 35 % de la demande en hydrogène estimée (environ 33,33 TWh sur un total de 95 à 130 TWh).
 
Mais pour le gouvernement allemand, ce n’est pas un problème. Le document cadre qui décline ses nouvelles orientations pour 2030 précise qu’« une offre intérieure qui couvre entièrement la demande n'a pas de sens économique et ne sert pas les processus de transformation résultant de la transition énergétique dans son ensemble ». Un constat réaliste, puisque même en couvrant le territoire de centrales éolienne ou solaire, les Allemands ne seraient pas en mesure de subvenir à la totalité des besoins estimés : la densité de population du pays laisse trop peu d’espace pour lui permettre de se doter des équipements nécessaires.
 
Conséquence de cet état de fait, « au lieu de s'appuyer sur le potentiel national pour la production d'hydrogène vert, la stratégie du gouvernement fédéral vise principalement les importations par bateau » et amène donc l’Allemagne à intégrer dans sa nouvelle feuille de route H2 un renforcement de sa stratégie d’importation pour les sécuriser.
 
L'Allemagne a déjà signé plusieurs accords de coopération sur l'hydrogène avec des pays comme le Canada, la Norvège, les Émirats arabes unis et l'Australie. De plus, dans le cadre de son programme H2Global, elle a récemment conclu un nouvel appel d’offres pour de la fourniture d’hydrogène par bateau dont les lauréats n’ont pas encore été révélés.

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