Hyzon ne construira plus de camions à hydrogène en Europe

Hyzon va fermer son usine de camions à pile à combustible en Europe.  Cette fermeture intervient, seulement dix mois après avoir racheté les parts de son partenaire dans l’usine de Winschoten (Pays-Bas), alors que le constructeur américain de camions hydrogène est en difficulté et cherche de nouveaux gains de rentabilité.
 
« Hyzon Motors a évalué et rationalisé ses opérations mondiales et a fait évoluer ses régions internationales vers le modèle d'assemblage par des tiers exploité aux États-Unis. Grâce à ces initiatives stratégiques, nous réorientons nos opérations européennes », a indiqué un porte-parole du constructeur à Hydrogen Insight.  Une façon sobre d’annoncer que la marque cherche à se débarrasser de son appareil industriel pour confier à d’autres l’assemblage de ses camions.
 
Ce programme de réduction des coûts, qui implique la suppression d'actifs et la sous-traitance de l'assemblage de ses camions à hydrogène, fait suite à la débâcle boursière qui avait failli coûter au constructeur sa cotation au Nasdaq (et donc la priver totalement de liquidités pour se financer). La société américaine et deux dirigeants ont été accusés d'avoir « induit en erreur » les investisseurs dans une affaire de fraude intentée par les régulateurs américains, qui a récemment été réglée pour 25 millions de dollars.
 
L'entreprise a déjà adopté cette approche aux États-Unis, où ses camions sont assemblés par Fontaine qui possède des usines réparties sur dix sites aux États-Unis. Néanmoins, l’annonce de la fermeture de l’unité de production de Winschoten, dans le nord des Pays-Bas a de quoi surprendre !


 

Hyzon ne veut plus supporter le coût de la production industrielle de ses camions

Hyzon venait tout juste d’en reprendre le contrôle total (en décembre 2022, éjectant son partenaire Holthausen Clean Technology Investments pour cause « d'inefficacité opérationnelle »). Inaugurée en 2021 et produisant 500 camions à pile à combustible par an, elle devait doubler sa production à très court terme.
 
Parmi les arguments déployés par les dirigeants pour justifier ce choix on trouve pêle-mêle « la simplification de la chaîne d'approvisionnement mondiale intégrée... en réduisant les dépenses et en améliorant les temps de cycle », « la volonté de travailler plus efficacement en éliminant le gaspillage dû à la duplication des efforts entre les régions » ou « la  monétisation des stocks excédentaires et obsolètes dans l'ensemble des opérations mondiales ». En bref, Hyzon a besoin de cash et ne veut plus supporter le coût en trésorerie de la mise en production industrielle de ses camions à hydrogène.
 
Si Hyzon conserve un pied en Europe, en transformant son usine de Winschoten en un centre de recherche et d'ingénierie, les observateurs connaisseurs du constructeur américain restent dubitatifs quant à sa pérennité. En effet, à la différence des États-Unis, ou Fontaine à pris en main l’assemblage des camions pour Hyzon, aucun partenaire ne s’est manifesté pour reprendre cette activité sur le sol européen.