HYmpulsion : « Nous voulons créer un écosystème hydrogène »

HYmpulsion : « Nous voulons créer un écosystème hydrogène »
Bras armé de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, HYmpulsion mise sur le développement d’un écosystème complet pour faire émerger la mobilité hydrogène sur le territoire. Une démarche pionnière que nous explique Jean-Christian Beaumont, directeur général de l’entreprise.
 
Qui des véhicules ou des stations doit émerger le premier ? Face à la question éternelle de la poule et de l’œuf, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a décidé de prendre le problème à bras-le-corps en organisant son propre réseau de stations en s’appuyant sur HYmpulsion. Bien plus qu’un simple opérateur, l’entreprise s’attelle lancer la filière avec l’ensemble des acteurs. À l’occasion du salon Hyvolution à Paris, nous avons pu rencontrer son directeur général, Jean-Christian Beaumont.
 
Qu’est-ce qu’HYmpulsion ? Quels sont ces objectifs ?
 
Jean-Christian Beaumont : HYmpulsion est une SAS de droit privé qui compte cinq actionnaires principaux : la région Auvergne-Rhône-Alpes, Engie, Michelin 22, la CDC et le Crédit Agricole. L'idée d’Hympulsion, c'est de créer au sein de la région Auvergne-Rhône-Alpes un écosystème comprenant la molécule d'hydrogène, les stations de distribution et les véhicules.
 
Combien de stations comptez-vous déployer ? Combien sont opérationnelles à ce jour ?

Notre objectif initial, ce sont 20 stations qui auraient une capacité entre 40 et 200 kg/jour.  On a mis en service le 14 février 2020 notre première station à Chambéry (Savoie). En 40 kilos, elle était vraiment dédiée à mobilité légère.
 
Nous avons ensuite mis en service Moutiers avec une capacité de 200 kilos (juin 2022, ndlr) puis Lyon Saint-Priest et Clermont-Ferrand. On lance actuellement Vénissieux et Saint-Egrève, du côté de Grenoble. C'est-à-dire que nous aurons sous peu six unités en service, ce qui permettra à un véhicule hydrogène de parcourir la région d'Est en Ouest.
 
Nous allons aussi démarrer les travaux sur six stations complémentaires pour compléter l'axe Nord Sud avec notamment Annecy, Salaise, Valence, Aubenas et Cournon. Il en restera encore deux ou trois autres. Sur Saint-Etienne, nous avons déposé un dossier pour avoir des subventions au niveau de l'Europe. On espère l'obtenir et démarrer les travaux au second semestre 2024.



Illustration : Station HYmpulsion de Moutiers, en Savoie
 
HYmpulsion arrive sur un marché encore balbutiant. Les stations sont-elles rentables ?
 
Les actionnaires ont pris le parti de lancer un écosystème pour faire émerger un écosystème de la mobilité. On sait que pendant deux ou trois ans, on ne sera pas rentable. L'idée, c'était aussi de faire venir des constructeurs. HYVIA a annoncé 50 véhicules avant la fin de l'année. On espère qu'il y en aura 50 de plus l'année prochaine. On travaille aussi avec Stellantis, et des partenaires comme HysetCo qui essaient de venir sur le territoire.
 
On échange aussi avec les chargeurs et les transporteurs pour faire venir les camions. On travaille avec des acteurs comme Iveco ou Hyundai pour qu'ils mettent des centres de maintenance sur Annecy, Lyon et la Vallée du Rhône.



 
On le disait en introduction, HYmpulsion est finalement bien plus qu'un opérateur de station ?
 
Initialement, notre mission était plutôt simplement l'infrastructure. Nous sommes désormais orientés sur la construction d'un écosystème. Pour cela, il nous faut tous les maillons : une production hydrogène, des stations, des clients, des véhicules et des unités maintenance.
 
En plus de tout cela, il y a des enjeux financiers. Tant qu’on ne sera pas en phase industrielle, l'hydrogène restera plus cher que le diesel. Entre un véhicule diesel et un VUL hydrogène, il y a aujourd’hui un facteur entre cinq et six. La molécule d'hydrogène n'est pas non plus compétitive. Il faut que tout le monde s'industrialise. C'est pour cela que l'on joue aussi sur la recherche de subventions.

 
Justement, à quel prix est vendu l'hydrogène sur les stations du réseau HYmpulsion ?
 
Nous avons aujourd'hui deux bases tarifaires. La première pour les véhicules utilitaires est plutôt à 15 €/kg. La seconde est pour les cars et les camions, et nous sommes plutôt à 12 €/kg.
 
Mais cela, c'est avant la Tiruert (qui intègre désormais l’hydrogène et permettrait de réduire en partie le coût de l’hydrogène en station ndlr). Si on arrive à obtenir l'ensemble de la Tiruert avec un électron vert pour produire l'hydrogène, on peut espérer une aide allant jusqu'à 4,80 €/kg. On vise entre 8 et 10 €/kg sur une échéance 2026-2027.

 
L'équilibre sera alors atteint ?

Sur les véhicules utilitaires, on peut rapidement l'atteindre. Si vous comptez à peu près 6 l/100 km sur un diesel et sachant qu'un utilitaire hydrogène consomme environ 1 kg/100 km, on n'est déjà pas loin de l'équilibre.

Pour les camions, il faut être entre 5 et 7 €/kg. Il y a un gap à passer, mais le diesel va aussi augmenter. À quel moment les courbes vont se croiser ? C'est tout l'enjeu de cette industrialisation sur laquelle on travaille actuellement.

 
Badge ou CB... Comment accède-t-on aux stations du réseau Hympulsion ?

Comme nous visons pour l'instant le marché du B2B, nous sommes sur un système de badge. Nous nous sommes toutefois aperçus que les véhicules ne s'arrêtent pas aux frontières d'un territoire administratif. On essaie de travailler interopérabilité avec un badge qui fonctionnerait à Lyon et Paris et qui s'étendrait à d'autres territoires, notamment l'Occitanie.

On ne s'interdit pas le paiement par carte bancaire, mais, pour l'instant, la transaction n'est pas forcément intéressante. Dès qu'on attaquera le B2C, on réétudiera sans doute la solution.  


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Dans cette logique d’écosystème, HYmpulsion déploie aussi des unités de production ?

Effectivement. Depuis décembre, on a une unité de production de 2 MW et 800 kg/jour sur Gravanches, à côté de Clermont-Ferrand, qui commence déjà à alimenter nos différentes stations de distribution. On a signé un partenariat avec Lhyfe pour mettre en place une unité de 5 MW à Le Cheylas, entre Grenoble et Chambéry, qui va plutôt alimenter les Alpes. Nous sommes également en train de travailler avec des partenaires pour mettre une troisième unité dans la vallée du Rhône.
 
Sur la production, je précise qu’on ne parle que d' hydrogène vert renouvelable, c'est-à-dire à dire avec un électron produit sur le territoire Auvergne-Rhône-Alpes issu soit des barrages, soit de l'éolien, soit du photovoltaïque.

 
Aujourd'hui combien de véhicules à hydrogène se ravitaillent sur les stations HYmpulsion ? Quelles sont les perspectives d’ici 2024-2025 ?
 
Pour l'instant, il y a à peu près une quarantaine de véhicules qui tournent. C'est un peu logique puisqu'on reste dans une phase de démarrage. On prévoit entre 150 à 200 véhicules d'ici à fin 2024. Après, c'est une montée plus ou moins exponentielle.
 

 



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